En Bref : Banksy au quart du milliard – L’ascension de Flora Yukhnovich – Retour de Christie’s Londres

[22/10/2021]

Le record attendu (mais inattendu) de Banksy

Ultra-populaire et star du marché de l’art, BANKSY pèse 15% du produit de ventes au Royaume-Uni et 7% du produit des ventes mondial sur le segment de l’art contemporain

Le Street artist a encore rapporté gros à Londres, alors que Sotheby’s dispersait, le 14 octobre dernier, l’une des œuvres les plus attendues de la saison : Love is in the Bin.

Septième lot de la vente d’art contemporain de prestige, Love is in the Bin a déclenché une “vague d’enchères féroce”, la pièce emblématique étant finalement cédée pour 25,4m$, après une course de dix minutes entre neuf enchérisseurs. Sotheby’s décrit l’oeuvre comme étant la première de l’histoire à avoir été créée en direct lors d’une vente aux enchères. C’est effectivement cette même toile qui fut partiellement autodétruite il y a trois ans face à un public médusé, après avoir été adjugée plus d’un million de dollars par la même maison de ventes. C’était en octobre 2018. Le happening avait été orchestré à distance par Banksy lui-même, qui avait piégé le tableau en dissimulant un broyeur dans son cadre.

Cette fois, Love is in the Bin a triplé les 8,2 millions de dollars de son estimation haute. Surtout, la valeur de l’œuvre n’a plus rien de commun à ce qu’elle était avant le happening que lui infligeait l’artiste. Son prix a en effet été multiplié par 18 comparé à sa cote avant destruction. Will Gompertz de la BBC considérait que ce coup de théâtre savamment orchestré par Banksy marquait un moment si crucial dans l’histoire des enchères que l’œuvre devenait de facto « l’une des plus importantes du début du 21e siècle ». Cette considération est désormais confirmée par le prix obtenu. Les 25,4m$ payés renouvellent au passage le record personnel de l’artiste, deuxième contemporain favori du marché après Basquiat, et cinquième toutes périodes confondues, après Claude Monet. Un Banksy, absolument incontournable…

Artistes classés par produit des ventes aux enchères (S1 2021)

1. Pablo PICASSO (Art Moderne): 352,1m$

2. Jean-Michel BASQUIAT (Art Contemporain): 303,5m$

3. Andy WARHOL (Après-Guerre): 149,98m$

4. Claude MONET (XIXème siècle): 131,6m$

5. BANKSY (Art Contemporain): 123,3m$

L’ascension fulgurante de Flora Yukhnovich

Vendue pour 3m$ contre une estimation haute de 109 000 $? C’est arrivé le 14 octobre dernier pour une toile de Flora YUKHNOVICH (1990) après huit minutes d’enchères sous haute tension chez Sotheby’s Londres. En juin dernier, cette artiste de 31 ans faisait déjà flamber les enchères chez Philips avec Pretty Little Thing (2019), une toile de 2019 vendue pour près de 1,2m$, plus de 12 fois son estimation initiale.

Nous assistons à une véritable ruée des grands collectionneurs-investisseurs sur cette peinture au langage rococo, à travers laquelle l’artiste ré-imagine des œuvres d’artistes du XVIIIe siècle tels que Giovanni Battista Tiepolo, François Boucher, Nicolas Lancret et Jean-Antoine Watteau tout en y ajoutant des références.

Depuis l’obtention de sa maîtrise à la City & Guilds of London Art School en 2017, Flora Yukhnovich a exposé à la galerie Parafin (Londres), chez GASK, en République tchèque, à la Jerwood Gallery Hastings, la Blenheim Walk Gallery et a, surtout, rejoint la galerie Victoria Miro en janvier 2021. Pour Victoria Miro, « Flora est l’une des peintres les plus passionnantes de sa génération. Son approche dynamique se traduit par un travail qui fait référence à l’histoire de l’art tout en étant frais et pertinent aujourd’hui. Sa résidence en 2019 à la galerie de Venise afin d’étudier des peintres tels que Tiepolo a produit une œuvre exceptionnelle que nous avons exposée l’année dernière (en 2020).” La galerie va consacrer une exposition personnelle à ce “maître contemporain en devenir” – telle qu’elle est qualifiée dans le catalogue de Sotheby’s – en 2022. Mais Flora Yukhnovich impose déjà son style rococo entre abstraction et figuration sur le second marché, avant ce solo show au sein de la galerie Victoria Miro à Londres. Le marché anticipe sur l’affolement de la demande pour cette nouvelle signature brûlante, d’où la montée en flèche des prix.

Faisant suite au prix exceptionnel de 3m$ obtenu le 14 octobre (I’ll Have What She’s Having), une œuvre proposée chez Phillips le lendemain a décuplé son estimation (Tondo (2018), 728 000 $). Une autre, plus fraîche encore compte tenu du fait que le dernier coup de pinceau ait été porté il y a seulement quelques mois, a multiplié par 30 les prévisions hautes de Christie’s le 16 octobre (1,2m$, Untitled, 85,5 x 75 cm), ajoutant un score millionnaire à cette nouvelle star du marché de la peinture contemporaine.

Christie’s confirme les artistes contemporains les plus brûlants du moment

La semaine dernière, 36 œuvres choisies composaient la courte (mais intense) vente d’art des 20e et 21e siècle de Christie’s. Si l’extraordinaire record à plus de 10 millions de dollars démarque, plus que tout autre, l’afro-américain Hurvin ANDERSON de cette session londonienne, d’autres artistes ont fait exploser les prévisions. Retour en bref et en chiffres sur les résultats les plus “étonnants” de cette vente de prestige du 15 octobre 2021.

Hurvin ANDERSON (1965)

Audition (1998)

Estimation : 1,3 à 2m$

Prix avec frais : 10,1m$

Le record personnel de l’artiste bondit de 6,7m$. C’est un moment crucial dans l’évolution de sa cote.

Nicolas PARTY (1980)

Back with Gloves (2017)

Estimation: 413 000$ – 688 000$

Prix avec frais : 1,1m$

Il s’agit de son quatrième résultat millionnaire en 12 mois.

Shara HUGHES (1981)

Me Me Me (2009)