En bref : Bacon – Warhol – Ai Weiwei
[18/04/2014]
Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres : Bacon, Ai Weiwei, Warhol
Bacon, six mois après le record mondial
Six mois après le record mondial pour une œuvre d’art aux enchères, record que décrochait Francis BACON à 127 m$, Christie’s soumet un autre triptyque de l’artiste pour sa prochaine grande vente d’art contemporain de mai 2014. Deux triptyques faisant surface en six mois… l’émergence d’œuvres de cette qualité et de ce niveau de prix témoigne encore de la santé extraordinaire du marché haut de gamme et de l’optimisme sans faille qui règne actuellement. Rappelons que le record mondial aux enchères est tenu par Three Studies of Lucian Freud, une pièce majeure de 1969 composée de trois huiles sur toile, mesurant chacune 198 x 147,5 cm, et vendue 142,4 m$ frais inclus chez Christie’s New York, le 12 novembre 2013. Cette fois, Christie’s offre 3 Studies for a Portrait of John Edwards, un ensemble de trois toiles estimé autour de 80 m$. Exécuté en 1984, Three Studies for a Portrait of John Edwards fut la pièce maîtresse de la rétrospective Bacon à la Tate Gallery de Londres en 1985-1986. C’est aussi une œuvre que l’artiste lui-même considérait parmi ses meilleures. Christie’s vendait déjà cet ensemble aux enchères en 2001. Il atteignait alors une adjudication équivalente à 4 m$. Aujourd’hui, son estimation est multipliée par 20.
Warhol et la photographie de presse
Le 13 mai 2014 à New York, Christie’s met aux enchères Race riotune œuvre emblématique de 1964 d’Andy WARHOL issue de la collection Mapplethorpe. Elle représente une même image répétée à quatre reprises : conservée dans ses couleurs d’origine en haut à gauche (noir & blanc d’une photographie issue d’un reportage de l’époque), passée au bleu clair dans l’image adjacente, puis soumise à un rouge sang à deux reprises dans la partie basse de l’œuvre. Cette sérigraphie sur toile détourne une photographie prise lors des émeutes raciales de Birmingham. En 1992, cette œuvre cotait 570 000 $ (vente Christie’s New York, 18 novembre 1992), elle pourrait flirter avec les 50 m$ aujourd’hui, c’est à dire devenir l’une des cinq œuvres de Warhol les plus chères du marché. Ses trois meilleures enchères sont d’ailleurs le fait d’œuvres réalisées au début des années 60, dont les sujets sont issus de photographies de presse.
Evidence d’Ai Weiwei
Preuve encore qu’AI Weiwei est sous contrainte des autorités chinoises, son exposition au musée Martin Gropius de Berlin fut inaugurée sans lui. Intitulée Evidence (Preuve, jusqu’au 7 juillet 2014), cette exposition est la plus importante qui lui ait été consacrée (18 salles sur 3 000 mètres carrés). Elle met en scène la « preuve » des abus des autorités chinoises en 34 installations, dont une reconstitution grandeur nature de la cellule dans laquelle il a été interné. Arrété par la police chinoise le 3 avril 2011 sous prétexte de crimes économiques et de pornographie, puis libéré sous caution le 22 juin 2011 après avoir passé 81 jours en prison, l’artiste est toujours privé de passeport depuis. Contestaire, irrévérencieux et en quête perpétuelle de liberté, Ai Weiwei pointe du doigt les violations des droits de l’Homme, les conflits politiques, la corruption, l’histoire et l’esthétique de la Chine où il est interdit d’exposition. Ce muselage impacte bien sûr son marché car bien qu’installé à pékin, l’artiste n’a vendu que quatre œuvres aux enchères sur place. Le cœur de son marché bat du côté de l’Occident où de Hong Kong. Il vient d’ailleurs d’atteindre pour la première fois le million de dollars lors de la vente Sotheby’s Hong Kong du 5 avril 2014. L’œuvre la plus chère d’Ai Weiwei est désormais une installation intitulée Map of China , constituée de matériaux issus de temples de la dynastie Qing (1644 – 1911). L’œuvre s’est vendue dans sa fourchette d’estimation à 7,5 mHKD, près de 967 000 $ au marteau et plus de 1,1 m$ frais inclus.