En Bref !

[18/05/2012]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Alexander Seton fait son show

Lorsque les grands salons d’art contemporain se prêtent au jeu du One Man Show, les meilleures surprises sont au rendez-vous. La foire Art Hong Kong 2012 (17-20 mai) a réservé la section ASIA One à des expositions personnelles, avec une sélection d’une petite cinquantaine de galeries dont la galerie Malingue, la Kaikai Kiki Gallery, Tristian Koening ou China Art Project. Parmi les artistes présentés, le jeune artiste australien Alexander Seton, défendu par la galerie Sullivan+Strumpf Fine Art (Sydney), fait déjà des émules. L’artiste a fait du marbre blanc son matériau d’élection, une matière noble revenue en force sur la scène de la création contemporaine depuis les détournements de l’artiste britannique Marc Quinn (dont la sculpture en marbre Myth Venus culmine d’ailleurs à 1 m$).
Si le jeune Alexander Seton renoue lui aussi avec la plasticité du marbre et joue avec la charge historique et symbolique qui lui est inhérente, son propos artistique est bien différent. Ses sculptures particulièrement poussées dans le détail sont si surprenantes de réalisme qu’elles déroutent irrémédiablement. La finesse du détail convoque le toucher et le spectateur réalise la supercherie dans cette rencontre avec l’oeuvre : pris au piège de sa perception, sa main trouve la froideur et la dureté du marbre là ou il imaginait la souplesse d’un tissu. Une sculpture que l’on expérimente, pour déconstruire en somme son piège conceptuel !
Cette œuvre est pleine de promesse et son marché, balbutiant aux enchères, est à surveiller de très près !

David Hockney, A Bigger Picture au Guggenheim Museum de Bilbao

Les paysages de David Hockney sont mis à l’honneur au Guggenheim Museum de Bilbao, jusqu’au 30 septembre 2012. Organisée par la Royal Academy of Arts, en collaboration avec le Guggenheim Museum et le musée Ludwig de Cologne, cette exposition propose une vision plus large de l’œuvre de l’artiste britannique. Près de 190 œuvres sont rassemblées, pour la plupart réalisées ces huit dernières années : huiles, fusains et esquisses côtoient vidéos numériques et autres dessins sur iPad.
Originaire du Royaume-Uni, l’artiste aime à peindre les paysages de sa région natale, le Yorkshire, puis ceux de Californie lorsqu’il s’y installe dans les années 1960. L’œuvre de David Hockney s’imprègne de la lumière californienne et investit le pays qui sera plus tard son premier marché : 42% des transactions représentant 57% de son chiffre d’affaires ont été réalisées aux États-Unis ces quinze dernières années.
C’est d’ailleurs à New York qu’une œuvre « californienne » a généré sa plus belle adjudication : Beverly Hills Housewives (1966-1967), une acrylique sur toile adjugée 7 m$ chez Christie’s NY le 13 mai 2009. Pour autant, on peut noter que 90 % des adjudications ne dépassent pas 27 000 $, car les toiles sont rares sur un marché des enchères constitué à 84 % d’estampes. Les peintures de David Hockney demeurent rares en salles (moins de 3 % des transactions) : pas une ne fut proposée aux enchères dans les grandes ventes de Londres et New York depuis le début de l’année 2012.

Pluie d’expositions à Hong Kong

Place incontournable du marché de l’art, Hong Kong est actuellement au centre des attentions. Tandis que la Foire Internationale Art Hong Kong (désormais sous la houlette d’Art Basel) ouvre ses portes, de nombreux événements d’envergure viennent rythmer et compléter une des foire les plus attendues de l’année. Ici pas de demi-mesure, les poids lourds du marché ce sont tous donné rendez-vous. Voici quelques exemples.
L’auteur du record mondial à 3,8 m $ pour une photographie (Rhein II, Chritie’s New York, le 8 novembre 2011), Andreas Gursky, présente sa première exposition asiatique à la Galerie Gagosian. De son côté, la White Cube, qui a ouvert une antenne à Hong Kong au mois de mars dernier, expose l’immense artiste Anselm Kiefer dont les enchères ont généré plus de 16 m$ de chiffre d’affaire en 2011. L’artiste Sherrie Levine, qui a fraîchement signé un record à 800 000 $ pour sa Fountain (After Marcel Duchamp) chez Christie’s New York le 8 mai 2012 est aussi au rendez-vous à la Galerie Simon Lee. Quant à l’incontournable Yayoi Kusama, elle est largement représentée avec deux expositions : une à l’Opera Gallery et une chez Sotheby’s. La maison de ventes profite de l’effervescence occasionnée par Art Hong Kong pour inaugurer un espace d’exposition qui proposera des ventes privées. En choisissant d’inviter Yayoi Kusama, dont les transactions sont pour 60% réalisées en Asie, Sotheby’s s’assure de beaux résultats. Rappelons que sa meilleure enchère 2012 a été adjugée à Tokyo pour 1,4 m $ (INFINITY-NETS WHXOTLO, SBI Art Auction, le 25 février 2012). Même s’il s’agit d’une immense œuvre de 2 mètres sur 10 et que Kusama n’avait pas signé d’enchère millionnaire depuis 2010, elle connait un grand succès sur la place de marché. A la 141ème place des artistes ayant réalisé les meilleurs chiffres d’affaires en 2011, elle est aussi l’auteur depuis 2008 d’un record à 5,1 m $ (No.2, Christie’s New York, le 12 novembre) et de la plus belle enchère réalisée pour une œuvre d’artiste féminine vivante.

The Littoral Zone : Marc QUINN bouscule Monaco (du 12 mai au 15 octobre)

9 mètres de long pour 6 tonnes : Planet, bébé géant immaculé de Marc Quinn, flotte devant le musée océanographique de la principauté (jusqu’au 15 octobre) pour l’exposition The Littoral Zone. Entièrement consacrée à l’un des plus célèbres des « Young British Artists », l’exposition commence donc par ce bébé magistral que l’on jurerait en apesanteur. A l’intérieur, c’est une soixantaine d’œuvres de l’artiste, dont la moitié font leur première apparition en public, le tout animé par « l’obsession de la vie, de la mort et du monde de l’eau » dixit l’artiste. Après Damien Hirst en 2010, le musée semble confirmer son attrait pour cette génération d’artistes anglais.
Marc Quinn signe une belle année 2011 marquée par les ventes record de Myth Venus (2006) et de Microcosmos (SIREN), frappées respectivement 1 m$ et 750,000$. Ces résultats, combinés aux 14 belles adjudications obtenues pour ses peintures florales, ont largement contribué à l’explosion de son chiffre d’affaires. De 1,9 m$ en 2010, son produit de ventes s’est hissé à 4,9 m$ l’année suivante, soit plus du double ! Avec un marché en plein essor, l’année 2012 pourrait réserver de belles surprises. Pourquoi pas l’apparition sur le second marché d’une des rares œuvres de la série Têtes de sang, constituées de têtes modelées avec son propre sang. L’un de ces moulages, Self, fait déjà sensation à Monaco…