En Bref

[27/12/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Ouverture du musée Soulages

Pierre SOULAGES, artiste vivant français le plus apprécié, s’est imposé par une œuvre majestueuse et rigoureuse, par plus de 70 ans de création où le noir s’affirme comme catalyseur de lumière. Au cours de cette année 2013, Soulages a passé de nouveaux seuils, signé de nouveaux records, dont un qui le porte à près de 6,7 m$ frais inclus, pour une toile dynamique de 1959, vendue chez Sotheby’s Londres (Peinture, 21 Novembre 1959, adjugée 3,8 m£, soit 5,86 m$, le 26 juin 2013). La cote de Soulages affiche 490 % de hausse sur la décennie, essentiellement grâce au marché français (63 % des recettes). Ses toiles anciennes, des années 50 à 70, sont les plus prisées et les plus chères. Elles marquent une véritable rupture picturale dans la création européenne du milieu du XXème siècle et l’artiste a justement choisi de faire don à son musée éponyme de toiles recouvrant cette période.
Le musée Soulages de Rodez, ville natale du peintre, accueillera les 500 pièces de la donation effectuée par Pierre Soulages d’une valeur de près de 70 m$. L’inauguration est prévue le 23 mai 2014 dans un bâtiment pensé comme un véritable écrin, un complice architectural de l’oeuvre. Celui-ci est une prouesse des architectes catalans RCR arquitects, nommés membres honorifiques du « Royal Institute of British Architects ». Il offre des façades en acier Corten, lequel a pour spécificité de se patiner en surface et rappelle l’apparence du Brou de noix cher à l’artiste.

Gaitonde : nouveau champion de l’art indien

La première vente de Christie’s à Bombay, qui se tenait le 19 décembre 2013, s’est ouverte avec un nouveau record, et non des moindres, puisqu’il s’agit du record mondial jamais enregistré pour un artiste indien. Ce nouveau sommet est du fait de Vasudeo. S. GAITONDE, grâce à une toile de 1979 estimée 1,04 -1,3 m$, et finalement cédée 3 792 400 $ frais inclus (Untitled (1979)).
Ce record témoigne d’un rattrapage de cote qui s’opère depuis quelques années sur les grands artistes modernes indiens, rattrapage qui se voit consolidé par l’adoubement de Gaitonde par les grand prescripteurs internationaux de l’histoire de l’art. L’annonce de sa rétrospective au Guggenheim de New York (du 24 octobre 2014 au 11 février 2015) est en effet d’une importance capitale dans la voie de la reconnaissance internationale de l’art indien. Le musée Guggenheim entame par ailleurs un travail de sensibilisation important concernant la création indienne puisque la rétrospective consacrée à Gaitonde intervient peu après l’exposition de Zarina Hashimi au sein du même musée (25 janvier – 21avril 2013). Sur le plan international, Gaitonde avait déjà gagné ses lettres de noblesses avant l’évènement au Guggenheim, via de nombreuses expositions et son entrée dans les collections permanentes d’institutions de premier plan telles que le Musée d’Art Moderne de New York. Cette rétrospective n’en reste pas moins remarquable, d’autant qu’elle constituerait l’étape d’une exposition itinérante bien plus étendue, qui serait en tournée dans d’autres institutions telles que le Musée d’art contemporain de Los Angeles, la Galerie Nationale d’Art Moderne de New Delhi et le Guggenheim Abu Dhabi, qui devrait ouvrir ses portes en 2017.

Artiste discret, Gaitonde a donné peu d’interviews et n’a produit que cinq ou six tableaux par an. Sa vie personnelle reste assez mystérieuse. On connait mieux ses chocs artistiques, notamment l’impact qu’eurent sur lui les expressionnistes abstraits américains. Gaitonde passa en effet quelques années à New York, grâce à une bourse de la Fondation Rockefeller reçue en 1964. Avant la vacation de Christie’s Bombay, son record était new-yorkais mais le marché commence à se consolider en Inde, un atout de plus pour la cote de ce grand moderne indien.

Lee Ufan à Versailles

Ufan LEE est l’artiste le plus coté du groupe Mono Ha (“l’école des choses”), un courant artistique essentiel dans l’art contemporain japonais dont il fut le théoricien. Pour autant, Lee Ufan n’est pas d’origine japonaise mais sud-coréenne. Ecrivain et philosophe, son langage plastique s’est épanoui dans un vocabulaire minimaliste pour ses sculptures comme pour ses toiles. Ces dernières sont les mieux connues d’un public d’initiés fréquentant les grandes foires d’art contemporain. Ses toiles blanches, souvent scandées d’une ou de deux formes oblongues de peinture grise, sont de plus en plus fréquentes sur les stands. Et cette présence devrait se fortifier encore, sur le premier comme sur le second marché, portée par une actualité prestigieuse pour 2014 : celle de son exposition prochaine au château de Versailles. Lee Ufan succède en effet à l’Italien Giuseppe PENONE dont les sculptures ont été présentées en 2013 dans les jardins du château.
L’émergence de Lee Ufan sur le marché est à l’image de nombreuses grandes percées d’artistes asiatiques : son arrivée sur le marché international est aussi récente (première introduction aux enchères sans succès en 2002) que fulgurante. Une première œuvre se vend 140 000 $ en 2006, au double de l’estimation haute, et les premiers résultats millionnaires tombent l’année suivante. Aujourd’hui, Lee Ufan compte sept adjudications millionnaires à son palmarès. De petites toiles sont encore accessibles entre 15 000 et 20 000 $ et quelques dessins au fusain pour moins de 3 000 $. Pour se porter acquéreur, l’amateur doit surveiller tant les ventes new-yorkaises que celle de Hong Kong et de Séoul car l’offre comme la demande sont aujourd’hui véritablement internationales.