En bref
[28/11/2013]
Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.
Richard Serra : sculpteur en galerie à défaut d’enchère
La galerie Gagosian New York expose le sculpteur Richard SERRA (25 octobre 2013- 25 janvier 2014). Monstre sacré de la sculpture contemporaine, ses oeuvres ont fait le tour du monde, célébrées avec deux rétrospectives au Musée d’Art Moderne à vingt ans d’intervalle (Richard Serra / Sculpture en 1986 et Richard Serra Sculpture : Forty Years en 2007). Paris, Bilbao, New York, San Franciso, Houston, ont accueilli de grands expositions ces dernières années… un adoubement institutionnel qui va de paire avec celui advenu en salles de ventes.
Ces dix dernières années en effet, sa cote a explosé de +114 %, grâce à des ventes scandées par huit adjudications millionnaires. En mai 2013, Christie’s New York établissait d’ailleurs un nouveau record avec un géant d’acier de 1986, L.A. Cone, adjugé 3,7 m$ contre une fourchette d’estimation comprise entre 1,5 et 2 m$ (L.A. Cone, 4 267 750 $ frais inclus, le 15 mai 2013, 441,9 cm x 518,1 cm x 8,8 cm). Depuis, les amateurs de son œuvre en trois dimensions n’ont rien trouvé en salle. La galerie Gagosian semble tenir le monopole des sculptures sur le marché avec son exposition en cours. Quelques dessins et estampes ont certes été mises à l’encan, mais aucune sculpture sur le second semestre 2013. Une sélection de sérigraphies proposées lors des ventes de fin d’année devraient se vendre entre 3 000 et 15 000 $ chacune. Aucun record n’est attendu dans le genre bien que la cote de certaines épreuves s’agitent considérablement depuis quelques mois, notamment pour l’eau-forte T.E. Sparrows Point (1999), une grande feuille limitée à 10 exemplaires qui a atteint à deux reprises le seuil des 30 000 $ en un an (adjudication record de 32 000 $ le 31 octobre 2012 chez Phillips de Pury & Company, New York puis de 30 000 $ le 30 octobre 2013 chez Christie’s New York).
Un Van Gogh à Paris
La place de marché parisienne n’avait pas eu l’occasion de présenter de toile de Vincent VAN GOGH depuis 1996 (avec Petite Ferme, vendue l’équivalent de 234 000 $ chez Laurin-Guilloux-Buffetaud Paris). Ces denrées rares partent généralement se vendre à Londres ou New York… et font souvent de belles surprises tant le maître est mythique. Le 5 novembre 2013 par exemple, Bonhams proposait une huile sur papier contrecollée sur panneau de 1882 et de 31 cm de hauteur. Partant d’une estimation timide et attractive de 200 000 $, le petit Two women in a wood (1882) a grimpé jusqu’à 570 000 $, soit 689 000 $ frais inclus.
L’oeuvre proposée par l’étude Millon & Associés, Paris est une nature morte de deux ans plus tardive mais réalisée dans la même gamme chromatique terreuse. Plus grande (32 cm x 41,3 cm) et plus aboutie, l’étude Millon & Associés pouvait en attendre entre 678 000 $ et 813 600 $ le 27 novembre, comme le suggérait l’estimation. Cette Nature morte aux bouteilles, ornements de cheminée, coquillage (1884/85) n’a pas atteint son estimation basse… elle est malheureusement ravalée.
Sophie Calle : histoires d’oeuvres volées entre Boston & New York
L’artiste française Sophie CALLE bénéficie actuellement de deux expositions américaines : la première dans un musée de Boston et la seconde au sein de la fraichement inaugurée Galerie Perrotin de New York. Deux expositions autour d’une enquête clef menée par l’artiste : celles des oeuvres volées et de leur mémoire.La première se tient au Gardner Museum, un musée de Boston, Massachusetts consacré à l’art européen et américain. Ouverte depuis la fin du mois d’octobre 2013, elle court jusqu’au 3 mars 2013 sous le titre Last seen(« vu pour la dernière fois »). Last seen rassemble deux séries photographiques et textuelles (Last seen de 1991 et sa réactivation en 2012 sous le titre What Do You See?). C’est l’un des travail les mieux connu de Sophie Calle, exposé l’année même de sa création au Carnegie International à Pittsburgh (1991), il n’a cessé de voyager depuis, notamment à la galerie Leo Castelli de New York, au Museum of Modern Art de New York, au Hood Museum de Dartmouth College de Hanover, New Hampshire, au Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, etc.
Aux enchères, quatre oeuvres de cette série ont été proposées jusqu’à présent. Elles sont d’autant plus rares que chaque œuvre existe en deux exemplaires seulement et leurs prix oscillent entre 23 000 et 56 000 $. Le record pour une œuvre issue de cette série date de décembre 2012 avec un coup de marteau équivalent à 54 902 $ chez Sotheby’s Paris (42 000 € et près de 67 000 $ avec les frais, Last Seen… (Rembrandt, The Storm In The Sea of Galilée, 1991, édition 2/2).
En marge de cette exposition au Gardner Museum, Emmanuel Perrotin a ouvert son exposition new-yorkaise intitulée Dérobés (du 13 novembre 2013 au 11 janvier 2014). Sophie Calle explique son processus de travail sur cette série réalisée entre 1994 et 2013 : « A la suite des vols d’un tableau de Lucian Freud et de deux Turners qui appartenaient à la Tate Gallery de Londres, d’un Picasso, dérobé dans la galerie Richard Gray à Chicago et d’un Titien, chez le marquis de Bath à Longleat House, j’ai demandé aux conservateurs, gardiens et autres permanents des musées, galerie ou collection, de me décrire les œuvres disparues. »
L’actualité américaine de l’artiste est de bon augure pour ses résultats à venir en salle. Ses plus belles oeuvres ont déjà tendance à être proposées dans des ventes new-yorkaises, comme The Sleepers (Les dormeurs) (1979), installation de 199 tirages réalisés en 1979 et vendue au prix record de 180 000 $ le 8 novembre 2011 chez Christie’s (218 500 $ frais inclus).