En bref

[04/10/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Zaha Hadid & la Serpentine Sackler

La galerie Serpentine Sackler de Londres, bâtiment flambant neuf de Zaha Hadid est désormais ouvert au public. L’architecte anglaise, d’origine irakienne, s’est ici adaptée aux contraintes historiques d’une ancienne poudrière du début du XIXème siècle, avec une construction tout en douceur aux lignes tendues et aux courbes typiques de son style. Première femme à obtenir le prix Pritzker en 2004, honorée d’une rétrospective de son œuvre au Guggenheim Museum de New York en 2006, Zaha HADID est l’une des architectes les plus convoitées de la planète. La Chine compte notamment quelques-unes de ses réalisations les plus spectaculaires, parmi lesquelles l’opéra de Canton (70 000 m2) et un gigantesque complexe commercial à Pékin, Galaxy Soho (332 857 m2) qui lui a valu le premier prix du Royal Institute of British Architects (RIBA). Véritable star à l’est du planisphère, certains objets a priori commun parviennent à s’arracher plusieurs dizaines de milliers de dollars, à l’instar d’un prototype de robinet d’une fluidité sans pareil, payé tout de même plus de 54 000 $ frais compris à Pékin (Robinet [2012], estimation 16 000 $ – 24 000 $, Poly International Auction, Pékin, 3 juin 2012).

Entre 2005 et 2008, Zaha Hadid a enregistré quatre coups de marteau à plus de 100 000 $ pour ses créations de design… ces années-là étaient particulièrement fastes pour les designers stars comme Marc Newson et Ron Arad. En 2007, au sommet du marché, Zaha passe même les 632 000 $ frais inclus pour un banc en béton noir intitulé Urban Nebula (2007, adjudication de 260 000 £, plus de 528 000 $, Phillips de Pury & Company, Londres, 13 octobre 2007). Depuis cette période, les prix de créations phares sont retombés de 30 % à 40 %… c’est donc le bon moment pour acheter quelques créations rares, prototypes ou éditions très limitées. Par ailleurs, les dessins paraissent très abordables au regard de la cote des objets puisque les quelques feuilles mises à l’encan ces dernières années se sont vendues entre 1 000 $ et 3 000 $ en moyenne.

Rétrospective Pierre Huyghe à Beaubourg

Pierre Huyghe, artiste français qui vit aujourd’hui à New York, inaugurait il y a quelques jours sa première rétrospective au Centre Pompidou de Paris (25 septembre 2013 – 6 janvier 2014). Créateur de mondes flottants, métaphoriques et poétiques, amateur des frottements entre fiction et réalité, Pierre HUYGHE a pensé son exposition comme une invitation au voyage à travers divers écosystèmes, un parcours à vivre par le biais d’œuvres évolutives. Les ingrédients sont souvent vivants, incluant insectes et animaux (chien, abeilles, tortue, fourmis, bernard-l’ermite), lumière, musique et mouvement.

La carrière de Pierre Huyghe décolle lorsqu’il représente la France à la Biennale de Venise en 2001 et qu’il y obtient le prix spécial du jury. L’année suivante, New York le consacre via l’attribution du prix Hugo Boss. Puis, il reçoit le prix du meilleur artiste français (Art Awards 2005 de Beaux Arts magazine) et surtout celui de l’artiste contemporain de l’année 2010, une récompense décernée par le Smithsonian American Art Museum à Washington D.C.

Représenté par la galerie Marian Goodman à Paris et New York, Pierre Huyghe fonctionne mieux en galerie qu’en salles de ventes où son marché s’avère particulièrement chiche, si ce n’est quasi inexistant : depuis ses deux petites peintures cédées moins de 200 $ pièce en 2000, sa cote a bien sûr considérablement grimpé (jusqu’à atteindre une enchère de près de 40 000 $ et 47 600 $ frais inclus, au triple de l’estimation, pour Rue Longvic, Dijon, le 26 avril 2006 chez Christie’s, Paris) mais neuf lots seulement ont été vus en salle en cinq ans. Le dernier en date fut une bonne affaire pour son acquéreur : l’épreuve de Club (2003), issue d’une édition de 6, a été cédée 3 500 $, contre une estimation basse de 6 000 $ (4 375 $ frais inclus, Sotheby’s, New York, 7 juin 2013). Le second marché est certes pauvre, il n’en reste pas moins à surveiller de près.

Vienna Art fair

Capitale de l’Autriche, Vienne est aussi la 19ème place de marché pour la vente d’art contemporain aux enchères dans le monde, juste derrière Berlin. Non seulement la demande est forte sur place, mais Vienne bénéficie de surcroît d’une situation géographique stratégique, à un peu plus de 1 000 km de Paris ou de Bruxelles, 650 km de Berlin et 400 km de Prague. Du 10 au 13 octobre 2013 se joue la neuvième édition de sa foire d’art contemporain avec quelque 110 galeries, dont certaines viennent de Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, République tchèque, Hongrie, Slovénie, Russie, Roumanie, Bulgarie et Albanie. La foire est donc une occasion unique pour découvrir la création d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est, généralement mal représentée sur les autres salons de ce type. Parmi les artistes neufs, les découvertes se trouvent du côté de la ZONE 1, réservée au solo show et aux jeunes talents. Les artistes participants se nomment Albert Bernard (Galerie Lisi Hämmerle, Bregenz), Sofia Goscinski (Galerie Zimmermann Kratochwill, Graz), Jochen Höller (Mario Mauroner Art contemporain, Salzbourg / Vienne) et Peter Fritzenwallner (Galerie Altnöder, Salzbourg), et sont encore étrangers à l’univers des enchères.

Parmi les confirmés dont la cote est déjà établie en salles, seront présents Thomas STIMM (sculptures accessibles entre 2 000 $ et 10 000 $ en moyenne), Gunter DAMISCH (peintures cotées entre 5 000 $ et 33 000 $), Gerwald ROCKENSCHAUB (sculptures entre 3 000 $ et 8 000$, peintures entre 5 000 $ et 35 000 $ aux enchères) ou encore le géant Erwin WURM (sculptures entre 10 000 $ et 125 000 $ en moyenne).

Les deux directeurs artistiques Christina Steinbrecher-Pfandt et Vita Zaman tiennent à enrichir la foire et multiplient les contenus. Avec un programme dense de lectures et de conférences, l’implication de nombreux conservateurs et institutions, cette 9ème édition s’ouvre notamment à la création vidéo, avec une remise de prix à la clef (“Happiness Award”).