En bref

[06/09/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Beirut Art Fair

La Beirut Art Fair donne sa 4ème édition au Beirut International Exhibition Leisure Center (BIEL, du 19 au 22 septembre 2013). Créée sous l’impulsion de Laure d’Hauteville, Pascal Odille et Jean-Marc Decrop, ce salon se positionne fortement sur les artistes émergents de la région ME.NA.SA (Middle East, North Africa, South & Southeast Asia), et se veut un reflet du bouillonnement artistique de la région avec 57 % des exposants issus du Moyen-Orient, mais pas seulement. Le comité de direction ouvre le dialogue avec d’autres cultures : 14 pays sont ainsi représentés pour cette édition, avec près de 50 galeries et un focus sur l’Asie du Sud-Est (9 galeries de la région du Sud-Est asiatique sont mises à l’honneur dans un pavillon curaté par Richard Koh).

Illustrant cette volonté d’ouverture, le Libanais Jean Marc NAHAS et le Français Fabien VERSCHAERE joueront un duo performatif pictural pour inaugurer la foire.
Jean Marc Nahas, artiste du cru, né à Beyrouth en 1963 est reconnu au Liban et trois de ses oeuvres ont déjà été présentées aux enchères et vendues chez Ayyam Gallery Dubai, Beyrouth. Ces adjudications concernent deux toiles et une installation, des oeuvres cédées dans une fourchette de prix comprise entre 6 000 $ et 8 000 $ hors frais (vente du 28 janvier 2010 et du 1er juillet 2010). Les œuvres les plus importantes (en dimensions ou en lots de dessins) de Fabien Verschaere peuvent aussi atteindre ces niveaux de prix en salles de ventes. Mais ni l’un ni l’autre n’ont encore véritablement percé sur d’autres marchés que les leurs. L’un des attraits de Beirut Art Fair est ainsi d’offrir des artistes bien positionnés mais abordables, de privilégier l’esprit de découverte à la surenchère des grands noms.

Rudolf Stingel au Palazzo Grassi

Une exposition d’envergure, la plus grande qu’on ait vue en Europe, consiste en l’invasion de tout l’espace intérieur du Palazzo Grassi. L’œuvre totale de Rudolf STINGEL tapisse les quelque 7 500 m2 du repère vénitien du milieu du XVIIIème siècle de François Pinault, jusqu’au 31 décembre 2013, soit pendant toute la durée de la 55ème Biennale de Venise. Des tapis, aux motifs inspirés par un ancestral kilim d’Azerbaïdjan, recouvrent les sols et les murs et absorbent l’espace. Cette œuvre complexe, qui engage tapis, peintures, photographies et architecture constitue un environnement hypnotique ou se télescopent les références et les expériences : l’art et l’artisanat, l’Est et l’Ouest, l’original et la copie, la grande histoire et l’histoire personnelle.

Rudolf Stingel est un artiste italien né dans le sud du Tyrol italien en 1956. Habitué aux grands rendez-vous vénitiens, il a participé aux Biennales de Venise en 1993 et 2003 et exposait une première fois au Palazzo Grassi en 2011 pour Le Monde vous appartient. Sa cote commence à grimper après sa deuxième participation à la Biennale. Avant cela, ses toiles s’échangeaient entre 5 000 $ et 10 000 $ en moyenne sur le marché des enchères. Puis un premier coup de marteau de 38 000 $ (45 600 $ frais inclus) donne le nouveau ton chez Phillips de Pury & Company en 2005 (Untitled [vers 1999], 13 mai, New York). Aujourd’hui, Rudolf Stingel clôt le Top 20 des artistes contemporains dans le monde (artistes nés après 1945 et classés par produit de ventes, période juillet 2012 – juin 2013) et cinq coups de marteau millionnaires ont résonné depuis 2007 pour ses meilleures toiles.

Ruth Asawa

La sculptrice américano-japonaise Ruth ASAWA s’est éteinte cet été (6 août 2013) à San Francisco.
Elle est connue pour ses sculptures délicates, légères et oniriques faites de fils métalliques et inspirées des vanniers mexicains. Après une formation au Black Mountain College auprès de Josef Albers (entre 1946 et 1949), elle apprend les techniques de tissage auprès des villageois de Toluca au Mexique. Ses oeuvres commencent à être exposées dans les années 1950 notamment au Whitney Museum of American Art et à la biennale de Sao Paulo. Elles font aujourd’hui partie des collections des plus grands musées, dont le Guggenheim. Pourtant, Ruth Asawa est restée une artiste discrète sur un marché des enchères alimenté d’une cinquantaine d’oeuvres seulement depuis les années 1990. A l’époque, certaines pièces importantes étaient accessibles pour moins de 10 000 $ et il faut attendre 2007 pour voir sa cote décoller. Une sculpture suspendue, sorte de Janus abstrait jetant ses ramifications dans l’espace, double alors généreusement son estimation haute chez Bonhams & Butterfields pour un coup de marteau à 50 000 $ (Untitled [vers 1960], 19 novembre 2007, Los Angeles). Les prix grimpent, jusqu’à sa consécration par le marché le 15 mai 2013 et une première enchère millionnaire, trois mois avant son décès (Untitled (S.108 Hanging, Six-Lobed, Multi-Layered Continuous Form Within a form) [vers 1960], adjugée 1,2 m$ contre une estimation de 250 000 $ – 350 000 $, Christie’s New York). Tout l’oeuvre n’est pas inabordable pour autant avec quelques dessins accessibles entre 1 000 $ et 5 000 $. Les sculptures cependant sont si rares et prisées quelles enterrent allégrement leurs estimations.