En bref !

[01/07/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Anish Kapoor à Berlin

Anish KAPOOR est à Berlin. Il expose au Martin-Gropius-Bau jusqu’au 24 novembre 2013 des installations gigantesques qui interagissent avec l’espace environnant et forcément, avec les spectateurs. Cette exposition est un tour de force, où on trouve à la fois des jeux spectaculaires de textures et de couleurs et des œuvres bien connues, souvent croisées dans les grandes foires d’art contemporain telles que ses sculptures-miroirs qui piègent et déforment la réalité. Ces dernières pièces, qui font vaciller les repères, sont collectionnées dans le monde entier, tant elles sont efficaces et tant la notoriété de Kapoor est grande à travers le monde (l’artiste est notamment Membre de la Royal Academy depuis 1999 et Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique depuis 2003). L’une de ses sculptures-miroirs a même décroché 2,1 m$ sous le marteau de Sotheby’s en 2011 (soit 2,43 m$ frais inclus, Turning the world upside Down #4, 1998, le 10 mai 2011 à New York). Les Berlinois ne sont pas accoutumés à voir des pièces si conséquentes de l’artiste, contrairement aux Anglais et aux Américains, et le second marché s’en ressent. S’il est principalement anglo-saxon, avec 53,6 % des recettes à Londres et plus de 44 % aux États-Unis, les rares œuvres proposées sur le marché allemand (0,7 % du produit de ventes pour 2,6 % des transactions) sont uniquement des multiples et de trop rares dessins qui restent néanmoins des pièces abordables entre 1 000 $ et 8 000 $ en moyenne. Un ticket d’entrée intéressant pour acquérir l’une des signatures contemporaines les plus cotées, dont le produit de ventes annuel aux enchères oscille entre 5 m$ et 13,5 m$ (période 2006-2012).

Philip-Lorca DiCorcia à Francfort

La plus importante exposition jamais réalisée en Europe du photographe américain Philip-Lorca DICORCIA se trouve à Francfort (Allemagne) au Schirn Kunsthalle, jusqu’au 8 septembre 2013. Voilà 20 ans déjà que son œuvre est saluée par la critique, depuis la première exposition monographique majeure qui eut lieu au Museum of Modern Art de New York en 1993.

Les compositions savamment orchestrées, l’éclairage maîtrisé, la fabrication cinématographique de l’image et de la fiction documentaire, ont imposé une signature visuelle faisant de DiCorcia l’un des photographes les plus prisés de sa génération, et ce à des niveaux de prix qui n’ont rien à voir avec les enchères à six ou sept chiffres décrochés par Andreas Gursky, Cindy Sherman ou Richard Prince. Sa plus belle enchère culmine en effet à 65 000 $ (soit 80 500 $ avec frais) avec Eddie Anderson, 21, Houston, TX, $20, un cliché important dans son œuvre, que l’on retrouve d’ailleurs dans les collections du MoMA et du MET à New York, du LACMA à Los Angeles (vente Phillips de Pury & Company NY, le 4 avril 2012, photographie éditée à 20 exemplaires).
Bien que son marché soit d’abord américain, l’artiste a conquis les collectionneurs européens depuis le début des années 2000 (notamment grâce à sa présentation chez Almine Rech Paris en 2005). En effet, malgré un marché qui reste chiche, c’est du côté de l’Allemagne ou de la France qu’il faut surveiller les œuvres qui passent en salles. La demande étant plus rare qu’à New York, les œuvres sont souvent adjugées sous leurs estimations. En général, il ne s’agit pas de pièces maîtresses mais de clichés abordables entre 1 000 $ et 15 000 $ en moyenne.

Art Brut et le marché

Ces dernières années, le visiteur de la Fiac (Paris) croisait de façon sporadique, les œuvres encore confidentielles d’Aloise CORBAZ, d’Adolf WÖLFLI ou de Henry J. DARGER : des dessins discrets d’art brut accrochés à quelques pas des exubérantes pièces de Takashi MURAKAMI ou de Paul MCCARTHY. Pour découvrir ces artistes « outsider », une alternative se dessinait pendant l’édition 2012 de la Fiac où on pouvait prendre une bouffée d’invention pure dépouillée des poncifs culturels avec l’escale du Museum of Everything boulevard Raspail (500 œuvres d’artistes autodidactes et visionnaires). Cette année, pendant la Fiac, un pas de plus sera franchi avec la première édition de l’Outsider Art Fair du 24 au 27 octobre (foire américaine organisée par Wide Open Arts à New York).
L’Outsider Art Fair offre des opportunités d’acquisition qu’on ne trouvent pas sur le marché des enchères, tant l’offre est pauvre. La cote de ces artistes est pourtant explosive, comme le prouvent les récents records de Séraphine DE SENLIS (Pommier, cédé l’équivalent de 263 000 $, 30 mai 2012 Artcurial Paris) ou de Henry J. Darger (At angeline junction and strangled,160 212 $, 28 mars 2013 chez Cornette de Saint Cyr), records illustrant aussi combien le marché parisien est sensible à ces créations en marge.