En bref

[17/05/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Michelangelo Pistoletto et le Louvre

Michelangelo PISTOLETTO est à Paris cette semaine. Il donne en effet ce vendredi 17 mai 2013 une « conversation » avec Nicola Setari dans le cadre de son exposition en cours au Louvre intitulée Année un. Le paradis sur terre. L’exposition comme l’œuvre se concentrent sur la réconciliation totale et nécessaire entre nature et culture, seule voie vers l’émergence d’un paradis sur terre. Sculptures, installations, discours et performances ponctuent le Louvre afin que le visiteur ait toutes les cartes en main pour opérer la synthèse la plus dense possible d’un demi-siècle de travail. La reprise de sa performance historique Anno Uno – d’où le titre de l’exposition – est notamment donnée à l’auditorium du Louvre. Cette performance, qui fut initialement créée au Teatro Quirino de Rome en 1981, est le fruit d’une expérience collaborative menée par Michelangelo Pistoletto avec 21 habitants d’un village de Ligurie. Le texte écrit par l’artiste ouvre une méditation sur l’état de la société et de ses éventuelles projections dans l’avenir.

C’est une belle occasion de découvrir ce pan vivant de la création connue seulement des initiés et littéralement absente du marché. Le public et les collectionneurs connaissent par contre bien les tableaux-miroirs, surfaces réfléchissantes sur lesquelles sont collées des représentations d’hommes et de femmes à échelle 1 et dont nous devenons protagonistes en déambulant face à eux. Ces pièges tendus au spectateur rencontrent un succès de plus en plus fort en salles. La première enchère millionnaire de l’artiste était d’ailleurs remportée en février 2013 avec un autoportrait de 1962 : un résultat fort de 1,1 m£ hors frais à Londres, avoisinant les 2 m$ si l’on inclus les frais d’acheteurs (Autoritratto del 62 (Self-Portrait of 62), 13 février 2013, Christie’s Londres). L’effet Louvre devrait encore emballer les résultats de ventes cette année, pour peu que les pièces proposées soient à la hauteur. En moins de six mois, ces résultats de 2013 équivalent déjà au deux tiers du produit de ventes 2012 de Pistoletto.

Soutine : une année en un coup de marteau

Soutine vient de décrocher un nouveau record d’enchère lors des grandes ventes impressionnistes et modernes new-yorkaises. Le petit pâtissier peint par l’artiste vers 1927 s’est en effet envolé à 16 m$ (son estimation basse) le 8 mai 2013 chez Christie’s. Ce résultat dépasse à lui seul les œuvres vendues aux enchères sur l’ensemble de l’année 2012 (résultat hors frais équivalent à 14,8 m$). Pourquoi cette toile a-t-elle décroché un tel score ?

Il est vrai tout d’abord que les toiles abouties de Soutine sont une denrée rare en salles de ventes et que les collectionneurs sont aussi nombreux qu’internationaux (l’œuvre a par ailleurs été acquise par un collectionneur chinois). De plus, la qualité mélancolique du sujet en fait une œuvre phare de l’art moderne européen.

Le petit pâtissier proposé ici est la sixième et dernière toile consacrée par Soutine à ce sujet. Considérée comme la plus aboutie du genre, son pedigree à rallonge et sa qualité ont amené Christie’s à s’engager fortement sur le succès de sa vente en amont, en contractant une garantie avec le vendeur de ce petit chef-d’œuvre. Le dernier « pâtissier » déjà proposé par Christie’s remonte à 2005 et se vendait alors 2 fois moins cher (Le pâtissier de Cagnes, 4,5 m£, 7 février 2005, Christie’s Londres). Si cette dernière repassait en vente cette année, elle pourrait gagner quelques millions au passage.

Biennale de Venise : ouverture imminente

L’exposition internationale d’art contemporain de la Biennale de Venise, l’une des plus prestigieuses manifestations d’art contemporain du monde, ouvre ses portes le 1er juin 2013. Les plus grands artistes contemporains sont passés par la sérénissime :Jasper JOHNS, Anish KAPOOR, Gerhard RICHTER, Shirin NESHAT, Thomas SCHÜTTE, Richard SERRA, parmi tant d’autres.
Pour la 55ème édition, les noms phares sont ceux de AI Weiwei (pavillon Allemagne) et de Joana VASCONCELOS (pavillon Portugal), dont le marché est déjà brûlant en salles. L’artiste Anri SALA, représentant de la France, est plus habitué de ce type de rendez-vous que des enchères : il avait tout juste 17 ans lorsqu’il se voyait honoré du Prix du jeune artiste de la 49ème Biennale de Venise (2001) avec son film Uomoduomo.
Douze ans plus tard, son curriculum vitae a pris du poids, ne serait-ce que par son passage en 2012 au Centre Pompidou de Paris et à la Palazzo Grassi – François Pinault Foundation. L’adoubement par le second marché sera certainement la prochaine étape.

L’évènement n’est pas ouvert que le verdict du Lion d’or est déjà tombé : l’autrichienne Maria LASSNIG l’emporte en même temps que l’italienne Marisa MERZ.Les deux artistes recevront leurs récompenses le 1er juin, jour de l’ouverture de la manifestation qui se tiendra jusqu’au 24 novembre. Maria Lassnig, née en 1919, n’est pas une novice en salles où ses meilleures toiles s’échangent déjà entre 100 000 $ et 350 000 $. Marisa Merz, née en 1931, est quant à elle inconnue du monde des enchères. Ce prix prestigieux pourrait bien agiter son marché dans les prochains mois.