En bref !

[19/04/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Ron Mueck à Paris

Du 16 avril au 29 septembre 2013, la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain invite le sculpteur australien Ron MUECK. Né en 1958 à Melbourne, Ron Mueck travaille en Grande-Bretagne, et ces œuvres hyper-réalistes font sensation à coup sûr. Les corps humains qu’il réalise, avec un souci du détail presque effrayant, déclenche ce sentiment d’inquiétante étrangeté par les changements d’échelle qu’il fait subir à ses sujets. Découvert dans les années 1990 par le grand marchand et collectionneur Charles Saatchi, ses oeuvres ont depuis fait le tour du monde et le succès s’est accéléré avec la présentation, à la Biennale de Venise de 2001, de son “garçon” plus vrai que nature malgré ses 5 mètres de haut.
Dix ans après Venise, l’artiste signe sa première enchère millionnaire en salle de ventes et devient le premier artiste australien contemporain à recevoir une adjudication si élevée (28 juin 2011, Big Baby vendue 1 117 200 $ chez Christie’s Londres). Trop rare sur le marché des enchères (seules douze œuvres ont été proposées entre 1998 et 2012), il faut guetter les occasions, car certaines oeuvres sont encore abordables pour moins de 50 000 $.

L’aventure de Christie’s et Sotheby’s en Chine continentale

Christie’s s’installe à Shanghai, et pourra frapper le marteau sur place à partir de l’automne 2013. Cette institution fondée à Londres en 1766, a fait preuve de patience car son bureau shanghaïen est ouvert depuis 1994. À la grande différence de Sotheby’s lors de son installation à Pékin en 2012, Christie’s fait ici cavalier seul.
Le marché s’ouvre donc depuis peu en Chine continentale malgré des lois qui restent protectionnistes vis-à-vis des sociétés étrangères et des taxes très élevées. En 2012, la Cultural Free Trade Zone a permis à Sotheby’s d’entrer sur le marché chinois. La maison de ventes a ensuite conclu un accord de joint-venture avec Beijing Gehua Cultural Development Group en septembre 2012 et a fondé Sotheby’s (Pékin) Auction Co. Ltd. Le 27 septembre 2012, Sotheby’s organisait sa première vente aux enchères à Pékin après 17 années de tentatives infructueuses.
La Chine est un marché difficile (53,9 % d’invendus sur l’année 2012 et de lourds problèmes d’impayés) mais essentiel pour ces mastodontes du marché de l’art.

Photographie et ré-édition : le cas Eggleston

En avril 2012, le collectionneur Jonathan Sobel intentait un procès contre le photographe William EGGLESTON, suite à la mise en vente par ce dernier d’agrandissements numériques de certaines oeuvres antérieures, notamment issues de la série Mississippi Delta. Jonathan Sobel, en possession de 190 tirages du photographe, craignait que cette tendance à faire du neuf avec de l’ancien ait un effet néfaste sur la cote des oeuvres originelles. Car en photographie comme dans toute œuvre produite en édition limitée, le critère de rareté est à la fois un point de repère pour le collectionneur et un critère de valorisation important.
Il semble toutefois que la médiatisation autour de ce procès ait eu un effet levier sur la cote, puisque le 5 avril 2013, Christie’s vendait un célèbre tirage de la série Memphis (cliché pris en 1971 puis tiré en 10 exemplaires en 1999 selon la technique du dye-transfer) pour 230 000 $, soit au double de son estimation et presque de sa valeur d’adjudication de 2008 (cédé 120 000 $ le 13 octobre 2008, Christie’s New York).
La cour a tranché en faveur de William Eggleston le 28 mars dernier, considérant les nouveaux tirages « nettement différents », puisqu’il démontrent une technique et des dimensions autres que celles de la première édition. L’artiste propose en effet des formats plus spectaculaires (112 cm x 152 cm) et une édition très limitée (2 exemplaires seulement). La mise en vente de ces nouveaux tirages en mars 2012 avait généré de très bons résultats, dont un sommet de 480 000 $ (Untitled (1970)) contre une estimation basse de 200 000 $. Cette vente offrait par ailleurs à l’artiste les cinq meilleures enchères de sa carrière pour un tirage unique. Le verdict des enchères est clair : sa cote n’est pas mise en danger, bien au contraire !