En bref !
[05/04/2013]
Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.
Giuseppe Penone à Versailles
Giuseppe PENONE est le sixième grand artiste contemporain à se mesurer à Versailles. Il prend la suite d’un dialogue entre art baroque et art contemporain, initié en 2009 avec Jeff KOONS puis Xavier VEILHAN, et poursuivi avec Takashi MURAKAMI en 2010, Bernar VENET en 2011 et Joana VASCONCELOS en 2012. Quatre millions de visiteurs ont découvert les précédentes éditions. Autant dire que l’enjeu est de taille pour l’artiste italien, qui investit le parc et quelques salles du Château du 11 juin au 30 octobre 2013 sur invitation de Catherine Pégard. Ses œuvres réparties entre le Château et le Parc selon l’axe de la Grande Perspective, viennent rythmer le jardin de Le Nôtre, des terrasses au parterre de Latone, du tapis vert au grand canal. Une vingtaine de sculptures vont se poser dans l’allée royale qui mène, en une longue perspective, du Château au Grand Canal, ou encore investir le Bosquet de l’Etoile.
Les ponctuations sculpturales de Penone promettent un parcours sensible et élégant, tant son œuvre est emprunte du sentiment de nature. Interrogé sur la relève d’un tel challenge, l’artiste confie : « avoir la possibilité de faire dialoguer mon travail avec celui de Le Nôtre à Versailles est un grand privilège. Le jardin est un lieu emblématique, qui synthétise la pensée occidentale sur le rapport homme – nature. »
A l’instar du Louvre, Versailles est paré d’une auréole de prestige et le fait d’y exposer a tendance à réveiller le marché de l’artiste concerné. Les galeristes et collectionneurs de Penone sont cependant peu enclins à se séparer de leurs pièces : moins de 130 lots mis aux enchères depuis 1990 pour un artiste de l’envergure de Penone, c’est peu… D’autant qu’on compte seulement 28 sculptures parmi eux. L’effet d’annonce de son invitation à Versailles aura néanmoins fait sortir du bois une très belle œuvre en bronze de 2005, qui signait d’ailleurs un record d’enchère quatre mois avant l’ouverture de l’exposition versaillaise (Pelle Di Foglie (Occhi Al Cielo, Mano a Terra) vendue 240 000 £, près de 378 000 $, Sotheby’s Londres le 2 février 2013).
Richter : un record après l’autre ?
Qu’attendre d’un artiste vivant qui a signé neuf records d’enchères multimillionnaires en deux ans ? Réponse de Sotheby’s : d’autres records multimillionnaires. En octobre 2012, la société de ventes réalisait en effet un coup d’éclat en adjugeant une œuvre abstraite de Gerhard RICHTER pour plus de 30 m$ (Abstraktes Bild, 19 m£, le 12 octobre à Londres). Ce record spectaculaire lui conférait le titre d’artiste vivant le plus cher du moment. L’artiste avait certes le vent en poupe depuis quelques mois, mais les acteurs du monde de l’art ne s’attendaient tout de même pas à voir tomber le marteau 10 m£ au-delà de l’estimation basse. Le pedigree de cette Abstraktes Bild a contribué à l’émulation, son précédent propriétaire n’étant autre qu’ Éric Clapton, qui en fit l’acquisition en 2001 au 10ème du prix d’adjudication de 2012.
Sur l’année 2012, les œuvres de Richter vendues en salles ont généré plus d’argent qu’une année entière d’enchères en Allemagne. Tant que la demande se maintient et que la cote flambe (progression de plus de 250 % entre 2006 et fin 2012), les maisons de ventes se battent pour obtenir des toiles majeures auxquelles elles ajustent des estimations de plus en plus fortes. Le prochain exemple en date est la dispersion annoncée par Sotheby’s de Domplatz, Mailand, une peinture de grande envergure datée de 1968 (275 cm x 290 cm).
C’est avec cette toile que Sotheby’s espère encore repousser le record de prix de Richter, avec une fourchette d’estimation comprise entre 30 m$ et 40 m$ (vente du 14 mai 2013 à New York). Sotheby’s a déjà vendu cette œuvre en 1998, pour 3,3 m$, un record pour l’époque (2 m£, le 9 décembre 1998 à Londres).
Vlad Mamyshev Monroe (1969-2013)
L’artiste russe, Vladislav MAMYSHEV-MONROE, mieux connu sous le nom de Vlad Monroe, devait être l’invité d’honneur de l’édition d’Art Paris Art Fair qui s’est achevée le 1er avril 2013. L’annonce de son décès brutal, le 16 mars à Bali à l’âge de 43 ans, fut un choc pour ses amis, galeristes (notamment pour la galerie Rabouan Moussion qui devait l’accueillir) ainsi que pour les collectionneurs qui s’étaient donnés rendez-vous sur la foire parisienne dédiant une véritable tribune à la scène contemporaine russe.
Vlad Monroe se grimait en idoles de notre époque : travestissant tour à tour ses traits en ceux de Marylin Monroe, Dalí, Jésus Christ, Vladimir Poutine ou Ben Laden, au cours de performances dont il reste des photographies et des vidéos. Pour le Grand Palais, il prévoyait d’évoluer sous les traits de Gérard Depardieu, le soir du vernissage de la Art Paris Art Fair.
Ses autoportraits, sur lesquels il apparaissait grimé en quelqu’un d’autre, rejouent les postures post-moderne que l’on croise chez Cindy SHERMAN ou Yasumasa MORIMURA, avec un investissement social et politique autrement contestataire. Cet artiste phare de la scène russe a participé à des grandes expositions comme Russia ! (Guggenheim New York & Bilbao, 2005-06) et Sots Art (La Maison Rouge, Paris, 2008). Plus récemment, le Moscow Museum of Modern Art exposait ses oeuvres inspirées de la pièce Polonius (jusqu’au 5 avril 2013). Malgré un succès institutionnel, son marché public est quasiment atone, avec de rares photographies proposées de Londres à Paris. Le dernier lot vendu en 2009, dans lequel l’artiste apparaît travesti en Pierre le Grand et Catherine I, se vendait 3 000 £, seulement 5 000 $, au marteau de Sotheby’s (Peter the Great/Catherine the Great, lot de deux photographies, édition 1/5, 59,5 x 49 cm, le 9 juin 2009). Le marché contemporain étant particulièrement ténu en Russie aujourd’hui, les galeries éduquent les amateurs sur place et font, parallèlement, voyager leurs œuvres en Europe. L’aura de l’artiste contemporain russe passe une nouvelle fois par la scène internationale, davantage que par la reconnaissance nationale.