En bref

[08/03/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Eileen Gray au Centre Pompidou

Jusqu’au 20 mai 2013, le Centre Pompidou met à l’honneur Eileen GRAY avec une rétrospective inédite. La créatrice irlandaise, décédée en 1976, aura laissé derrière elle une œuvre aux facettes multiples, ayant profondément marqué le design du XXème siècle. Reconnue tant pour son œuvre Art déco que pour son architecture moderniste avec la villa E1027, elle s’est appliquée tout au long de sa vie à « comprendre le sens de chaque chose » à travers des techniques variées. Peinture, laque, dessin, décoration intérieure, architecture ou encore photographie, la rétrospective du Centre Pompidou envisage le travail de l’artiste dans « toute sa continuité ».
C’est en 2009, lors de ce que les journalistes ont baptisé « la vente du siècle » qu’Eileen Gray a connu son plus grand succès en salles des ventes. Pièce de la collection Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, le Fauteuils aux dragons (bois laqué et cuir, 1917-1919) estimé entre 2 m$ et 3 m$ (2,5 m$ et 3,8 m$), s’est arraché pour 25 m$ ! Cette adjudication, également prix le plus élevé pour un meuble du XXème siècle a largement bénéficié de sa prestigieuse provenance. Des objets emblématiques de son œuvre comme les paravents en bois laqué ou les fauteuils Bibendum effectuent cependant régulièrement des adjudications millionnaires. Pour exemple, Six-panel Screen (c. 1922-1925) s’est notamment adjugé plus de 1,6 m$ chez Christie’s New York il y a quelques mois (12 décembre 2012).

L’Ange du Bizarre s’installe au Musée d’Orsay

Après avoir hanté le Städel Museum (Francfort) jusqu’au 20 janvier dernier, l’exposition L’Ange du Bizarre s’installe au Musée d’Orsay (Paris) jusqu’au 9 juin 2013. Tirant son nom d’une nouvelle satirique d’Egdar Allan Poe publiée en 1844, l’exposition s’attache à renouer avec le romantisme noir ayant teinté l’œuvre de nombreux artistes entre 1770 et 1940. De Francisco José DE GOYA Y LUCIENTES à Max ERNST, en passant par Caspar David FRIEDRICH et Eugène DELACROIX, 200 œuvres (tableaux, sculptures, œuvres cinématographiques) confrontent le visiteur aux croyances occultes et à « l’étrangeté angoissante du quotidien ».
Ce sentiment d’étrangeté est aussi prisé en salles des ventes. Les collectionneurs se disputent ainsi les rares encres de Goya, à l’instar de Repentance adjugée 1,6 m$ en 2008 (Christie’s Londres, 8 juillet 2008). Les meilleures enchères de Max Ernst témoignent elles aussi d’un goût prononcé pour le mystère, comme le portrait fantasmé de sa maîtresse, Leonora in the morning light (huile sur toile, 1940) qui doublait son estimation basse en 2012 avec 7 m$ frappés  ors d’une vente du soir chez Sotheby’s New York (2 mai 2012).

Erwin Wurm en pleine forme

Une belle actualité entoure l’œuvre fantasque de l’artiste d’origine autrichienne Erwin WURM. Depuis le 14 février dernier, une édition de ses fameuses Fat Car mise en vente par Christie’s Londres a rafraîchi son record en salles. C’est au double de son estimation haute, avec près de 125 000 $, que la sculpture aux formes molles détrône la gonflée The Artist Who Swallowed the World qui s’était envolé à plus de 94 000 $ un an auparavant (Sotheby’s Londres, 16 février 2012). Les résultats de ventes de l’année 2012 prouvent le dynamisme de son marché avec deux autres œuvres frappées au-dessus de 70 000 $ : 77 000 $ pour Anger Bump (Dorotheum, Vienne, 29 novembre) et 75 000 $ pour une sculpture sans titre (Christie’s Londres, 15 février). Les adjudications enregistrées pour ses Fat Car sont aussi un bel indicateur de l’envolée de sa cote puisqu’une version blanche(2001)avait trouvé preneur pour 67 000 $ en 2009 (Dorotheum, Vienne, 25 novembre), soit un résultat presque deux fois inférieur à son nouveau record.
Les excentricités d’Erwin Wurm ont le vent en poupe et ce n’est pas Thaddaeus Ropac qui nous dira le contraire ! Ce dernier vient en effet d’inaugurer, dans son espace à Pantin, une exposition/performance présentant le travail de l’artiste. Autour de sculptures-moulages de maisons en argile, Grammaire Wittgenstenienne de la culture physique met en scène une figure récurrente dans l’œuvre d’Erwin Wurm : la maison, symbolisant aussi bien le repli sur soi que la convivialité. Architectures célèbres et anonymes, les sculptures-moulages sont devenus des formes saccagées après que l’artiste les ait volontairement défigurés lors d’une performance inaugurale.