En bref!

[11/01/2013]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Les fantômes d’Enki Bilal au Louvre

Depuis le mois de décembre 2012, le Musée du Louvre confronte ses collections aux œuvres de l’artiste contemporain et auteur à succès de bandes dessinées Enki BILAL. Appareil photo en main, Bilal a parcouru le Louvre en long et en large, s’est imprégné de ce lieu historique unique, emprunt d’une atmosphère sans pareil. Nombre de légendes y sont nées, à l’image de celle du fantôme de Belphégore, mais le grand narrateur Enki Bilal a choisi de créer les siennes. Dans la salle des Sept-Cheminées, il expose ses propres histoires de fantômes en prenant soin de faire échos aux lieux, aux œuvres et à leurs créateurs. Le nom d’Enki Bilal n’est pas étranger au monde des enchères. Dans la catégorie “bande dessinée”, il est même l’artiste contemporain le mieux coté. L’appétit des amateurs est tel que la maison de ventes Artcurial lui dédiait intégralement sa vente du 29 octobre 2012. Lors de cette vacation, l’acrylique sur toile La folle du roi a presque doublé son estimation haute en trouvant preneur à plus de 181 000 $. Elle a ainsi convolé non loin de son record enregistré en 2007 grâce aux 235 000 $ de Bleu sang (Eux) (Artcurial, le 24 mars).

La plus grande sculpture du monde

CHRISTO et Jeanne-Claude (décédée en 2009) ont toujours fait preuve de patience et de pugnacité pour parvenir à leurs fins. Leurs projets colossaux d’empaquetage ont souvent nécessité des années d’âpres négociations avec les administrations. Si 24 ans furent nécessaires avant de pouvoir emballer le Reichstag de Berlin, leur plus grande œuvre et la seule destinée à être pérenne, aura demandé près de 40 ans de patience…Il s’agit du Mastaba d’Abu Dhabi, un projet initié en 1977 par le couple et dont la fin des travaux est enfin annoncée pour 2015. Abandonnée pendant la guerre Iran-Irak en 1980, relancée dans les années 2000 en sollicitant des ingénieurs du monde entier pour trouver ceux capables d’ériger cette œuvre pharaonique de 150 mètres de haut (plus haut que la pyramide de Gizeh) et 300 mètres de large, elle sera érigée à l’aide de 410 000 barils de pétrole repeints en une mosaïque rouge et jaune, aux couleurs du désert et du soleil. Le Mastaba sera situé sur le site d’Al Gharbia, à 150 kilomètres d’Abu Dhabi qui poursuit sa mutation en capitale culturelle.Comme pour les précédents projets in situ de Christo et Jeanne-Claude, le Mastaba – dont les coûts de construction seraient de l’ordre de 340 m$ – verra le jour grâce à des financements indépendants dont une participation de l’artiste lui-même. On n’achète pas les chefs-d’œuvre par nature éphémères de Christo. Ce sont des expérience à voir et à vivre. Sur ce point, l’artiste a échappé aux standards du marché et pour financer ses projets, il vend des dessins préparatoires (record de 400 000 $ pour un dessin du projet The Gates (Project for Central Park, New York City) vendu chez Christie’s New York le 10 mai 2006), des estampes, des photo (entre 150 $ et 5 000 $ en moyenne). Grâce au Mastaba, son second marché est amené à s’épanouir dans les Émirats Arabes Unis. Sa première œuvre vendue à Dubaï fut d’ailleurs un dessin de 1979 projetant celle qui sera la plus grande sculpture du monde. Le 24 mai 2006, l’œuvre (The Masatba of Abu Dhabi) se vendait 38 000 $ au marteau de Christie’s.

Manet : Portraying Life à la Royal Academy of Arts

Après avoir été présentée au Toledo Museum of Art (Ohio, USA), l’exposition Portraying Life s’installe du 26 janvier au 14 avril 2013 à la Royal Academy of Arts (Londres). Consacrée exclusivement aux portraits de Édouard MANET, cette exposition retrace la carrière de l’artiste au travers d’une cinquantaine d’œuvres issues de collections européennes, américaines ou encore asiatiques. On découvre les visages de son épouse, Suzanne Leenhoff, ou encore de ses amis et des intellectuels de l’époque comme Marcel Proust et Emile Zola. Manet avait une façon particulière de portraiturer faisant du sujet l’acteur du tableau, au travers de scènes de la vie quotidienne, dans le Paris du milieu du XIXème. Emblème de l’art moderne, il signe sans surprise sa plus belle adjudication avec un autoportrait : Portrait de Manet par lui-même, en buste (Manet à la palette), huile sur toile datée de 1878-1879, fut cédée pour près de 30 m$ le 22 juin 2010 chez Sotheby’s Londres. Bien que le Royaume-Uni ne totalise que 13 % de ses adjudications depuis 2000, 42 % de son chiffre d’affaires y a été réalisé sur cette période, juste après les Etats-Unis qui représentent 50 % de son marché (pour 38 % des transactions sur la même période).

Auguste Renoir conquiert les salles obscures

Sélectionné pour le festival de Cannes 2013, le long métrage de Gilles Bourdos décrit la rencontre entre Pierre-Auguste RENOIR et sa dernière muse, Andrée Heuschling. Alors âgé de 74 ans, le maître souffrant d’arthrite peint avec difficulté la jeune femme. Néanmoins, de nombreuses huiles sur toiles naissent de cette rencontre. Femme à la rose, Andrée (1919) fut par exemple adjugée plus de 1,1 m$ en 1989 (le 12 novembre 1989 chez Habsburg-Feldman New-York). La jeune femme a également posé en Espagnole dans Femme à la mandoline (Andrée en espagnole avec un turban jaune et une mandoline), une toile ravalée à New York en 2008, certainement victime d’un contexte morose et d’une estimation très ambitieuse (estimation 2,5 m$ – 3,5 m$ chez Christie’s le 5 novembre 2008). Rares en salles des ventes, ses toiles des années 1870 sont les plus prisées et atteignent des records : Au Moulin de la Galette, huile sur toile de 1876, reste la plus belle adjudication de l’impressionniste avec 71 m$ frappés il y a plus de vingt ans chez Sotheby’s (le 17 mai 1990).