En bref !

[28/12/2012]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Gagosian 2012 : cinq étoiles filent

La galerie Larry Gagosian est malheureusement passée de l’ordre faste au désordre fastidieux en 2012. Sur les six premiers mois de l’année, elle perdait deux immenses artistes : Mike KELLEY décédé en février à Los Angeles et Franz WEST, en juillet à Vienne.
Puis, sur la fin de l’année, la presse spécialisée faisait choux gras des infidélités de Damien HIRST, Jeff KOONS puis Yayoi KUSAMA au galeriste le plus puissant de la planète.
L’artiste britannique Damien Hirst a d’abord quitté Larry Gagosian, après une collaboration de dix-sept ans dont le point culminant fut, cette année même, la rétrospective Complete Spot Painting 1986-2011, une exposition planétaire présentée dans onze des douzegaleries du marchand. Damien Hirst mène sa barque comme il l’entend, vend beaucoup sur le premier marché et continue à collaborer avec la White Cube tandis que ses enchères s’essoufflent : quatre enchères millionnaires ont scandé l’année 2012 contre neuf en 2011.
L’autre infidélité de cette fin d’année est celle annoncée par Jeff Koons, qui prépare une exposition pour le mois de mai avec David Zwirner, grand rival de Gagosian. L’enjeu est de taille pour les galeristes car Jeff Koons est l’un des artistes les plus demandés et le lauréat de la sculpture la plus chère aux enchères de l’année. Sa monumentale Tulips a en effet été adjugée 30 m$ chez Christie’s New York le 14 novembre 2012… pour donner un ordre de grandeur, cette adjudication de 30 m$ fait mieux que son produit de ventes sur toute l’année 2009 ! Il n’empêche qu’avant son exposition chez Zwirner, Jeff Koons entame l’année 2013 chez le fidèle Gagosian, dans sa galerie de Beverly Hills (exposition ouverte jusqu’au 14 février 2013), où l’artiste côtoyait les œuvres de Yayoi Kusama, (exposition Gagosian Beverly Hills, 7 – 22 décembre 2012), qui envisagerait elle-aussi de quitter le grand marchand…

Le phénomène BD

Phénomène culturel et phénomène marchand, la BD est dans l’air du temps et Paris s’impose avec Bruxelles comme la capitale du 9ème art pour tout bédéphile qui se respecte.
Précurseur dans le secteur, la société de ventes Artcurial annonce près de 12 m€ de chiffre d’affaires pour ses ventes de bandes dessinées en 2012, soit une hausse spectaculaire de 82 % par rapport à l’an passé. Artcurial a vendu cette année l’œuvre de bande dessinée la plus chère au monde, à savoir la couverture de l’album Tintin en Amérique d’HERGÉ (1932). Les grands de la BD atteignent les prix de nos grands artistes modernes et contemporains car ce travail d’Hergé partait pour 1,108 m€ (1,37 m$) le 2 juin 2012, gagnant près de 500 000 € par rapport à sa précédente adjudication quatre ans plus tôt. A la même période, l’antenne parisienne de Sotheby’s se lançait sur ce marché fructueux en orchestrant sa première vente de BD (juillet 2012).
Dernièrement, c’est Millon qui a confirmé l’essor de ce marché en vendant le 9 décembre 255 dessins ou planches originales en duplex entre Paris et Bruxelles (taux d’invendus de 19,5 %). Il était possible de se faire plaisir pour quelques centaines d’euros (dessins originaux de Dany, Dupa, Francis, Funcken, Greg, Kox, Peyo, etc.) lorsque d’autres lots s’envolaient à l’instar du Lone Solane de Philippe DRUILLET, parti au décuple de son estimation à 12 000 €, du dessin érotique Le stanze del desiderio de Milo MANARA cédé 34 000 € (14 000 € au-dessus de l’estimation haute) ou encore de la planche 32 de La Grande Traversée d’Astérix par Albert UDERZO vendue au prix record de 110 000 €, 20 % au-delà de son estimation haute. Les acheteurs se sont manifestés d’Europe et des États-Unis mais aussi de Hong Kong avec un fonds d’investissement s’intéressant de près à ce secteur.

Keith Haring : The Political Line au MaM (Paris)

Du 19 avril au 18 août 2013, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (MaM) proposera une rétrospective consacrée à Keith HARING. L’exposition reviendra sur la carrière d’un artiste américain engagé : à grand renfort de symboles, l’icône du Pop art n’a eu de cesse de dénoncer le racisme, les excès du capitalisme ou encore l’épidémie du sida qui l’emporta en 1990. Ainsi, près de 250 œuvres seront dévoilées au MaM, accompagnées d’une quinzaine de grands formats présentés au Centquatre dont Les Dix Commandements (1985) composée de dix panneaux de 7 mètres de haut.
Conscient de l’engouement qu’il suscitait, Keith Haring ouvrit dès 1986 son Pop Shop, boutique proposant des produits dérivés en tout genre. Aujourd’hui encore, la fascination qu’il suscite est intacte en salles des ventes. Sa plus belle adjudication, frappée en 2007, culmine à 2,5 m$ (le double de son estimation haute) pour une technique mixte de 1985 de plus de 365 x 365 cm (Untitled, Christie’s New York, 17 mai 2007). Seules ses grandes toiles passent le seuil du million, mais les opportunités d’achat sont larges et la moitié de ses oeuvres se vendent pour moins de de 7 000 $ en salles (des estampes essentiellement et quelques dessins).

Le nouveau Stedelijk Museum (Amsterdam) met à l’honneur Mike Kelley

Quelques mois après sa disparition, Mike Kelley fait l’objet d’une monographie au Stedelijk Museum d’Amsterdam du 15 décembre 2012 au 1er avril 2013 : Mike Kelley: Themes and variations from 35 years. Devenue rétrospective, cette exposition est la première à retracer toute la carrière de l’artiste, des années 1970 aux œuvres les plus tardives. Sculptures, peintures, dessins, videos ou encore installations multi-media, environ 250 œuvres permettent d’entrevoir les multiples facettes d’un artiste pionnier de l’art video.
Mike KELLEY est un artiste choyé par les grandes institutions internationales depuis longtemps. En 1993, le Whitney Museum de New York lui consacre déjà une rétrospective. L’artiste phare de Los Angeles déclenche parallèlement un enthousiasme sans faille en salles de ventes et l’acmé de ses enchères advient en 2006, lorsqu’un record de 2,7 m$ vient récompenser son installation Deodorized Central Mass with Satellites (Phillips de Pury & Compagny, New York). C’est sa seule adjudication millionnaire enregistrée jusqu’à présent. Son marché s’est néanmoins accéléré en 2011, si bien qu’entre mai et novembre, trois œuvres – chacunes composées de plusieurs cibachromes – s’envolaient au-delà des 700 000 $. La réussite des ventes de 2011 propulsait d’ailleurs son indice de prix de 83 %. Bien que son marché aux enchères soit américain à 91 % (91 % des recettes pour 78 % des transactions), son œuvre voyage grâce aux expositions. Celle en cours quittera Amsterdam pour faire une escale à Paris (Centre Pompidou) et à New York (MoMA), avant de s’achever à Los Angeles (Museum of Contemporary Art).