En bref!

[30/11/2012]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

De bons résultats pour les ventes latino-américaines

Le continent sud-américain est le berceau d’une scène artistique riche, de plus en plus reconnue sur la scène internationale. Tous les ans en novembre, New-York met l’art latino-américain à l’honneur à travers plusieurs évènements incontournables pour les amateurs : la foire PINTA qui vient de fêter sa 6ème édition et, en parallèle, des ventes aux enchères spécialisées réparties sur 3 jours dans les 3 principales maisons de ventes.

Cette année, Sotheby’s a ouvert le bal, avec une vente en 2 sessions, les 19 et 20 novembre. Parmi les lots phares de la vente, deux très belles toiles de Roberto Matta et de DR. ATL ont naturellement trouvé preneur. Roberto MATTA a le vent en poupe. Aujourd’hui, à son nouveau record récemment établi avec les 4,4 m$ de La révolte des contraires (adjugée en mai 2012 chez Christie’s New York) s’ajoute une nouvelle belle performance : bien que tout juste au-dessus de l’estimation basse, les 1,55 m$ de Nada classent l’huile sur toile 6ème meilleur résultat de l’artiste ! Echangée 1,4 m$, Mañana luminosa du Mexicain Doctor ATL devient de loin le nouveau record de l’artiste en multipliant près de 6 fois les 250 000 $ de l’ancien record. Autre record frappé lors de cette vente, La scie à métaux (the hacksaw) de Jesús Rafael SOTO a été adjugée 900 000 $. En pleine ascension, le marché de Soto enregistre en 2012 trois des cinq meilleures enchères de l’artiste.
Dans l’après-midi du 20 novembre, c’était au tour de la maison Phillips de Pury & Company de mettre en vente de grands noms de l’art latino-américain. La plus belle enchère de la session fut décrochée par Free Continent : Natural Richnesses d’Antonio DIAS. Adjugée légèrement au-dessus de son estimation haute à 360 000 $, cette toile pulvérise le précédent record de l’artiste frappé à 105 500 $ en avril 2011 avec Evergreen Monument. Ajoutons que son deuxième record a été enregistré cette même soirée avec The Prison, cédée à 160 000 $. La Brésilienne Lygia PAPE, elle aussi, décrochait un nouveau record d’adjudication avec l’installation “O Olho do Guara (No. 13)”, vendue 220 000 $.
Enfin, Christie’s fermait la danse avec deux ventes réparties entre les 20 et 21 novembre. Lors de ces vacations, de beaux résultats on été frappés pour les oeuvres du Cubain Tomás SANCHEZ, signant là deux de ses trois records d’adjudications. Les toiles Buscador de paisajes et Llegada del caminante a la laguna se sont échangées respectivement à 540 000 $ et 520 000 $. Notons aussi la belle performance de Tres personajes en un interior de Rufino TAMAYO, qui s’est arrachée 130 000 $ au-dessus de son estimation haute, à 580 000 $.

Chez Sotheby’s, sur la vente du soir, 24,6 % des lots avaient été ravalés en novembre 2011, tandis qu’en 2012 seuls 11 % des lots ont connu le même sort. Pour la maison Phillips de Pury, on constate également une amélioration puisque 24 % des lots n’ont pas trouvé preneur cette année, contre 39 % en novembre 2011. Seul Christie’s enregistre un pourcentage d’invendus stable à 32 %. La session automnale 2012 confirme dans sa globalité l’intérêt croissant des amateurs pour les ventes d’art latino-américain.

Otto Dix et la Nouvelle Objectivité au Kunstmuseum de Stuttgart

Jusqu’au 7 avril prochain, le Kunstmuseum de Stuttgart met à l’honneur le prolifique peintre allemand Otto DIX, chef de file de la Nouvelle Objectivité : celui-là dira d’ailleurs à propos de ce mouvement qu’il l’a inventé. Née d’une réaction contre l’expressionnisme, la Nouvelle Objectivité s’attachera jusqu’en 1933 à dépeindre une réalité plus analytique, critique acerbe de la société d’alors. Le Kunstmuseum de Stuttgart possède une large collection d’oeuvres d’Otto Dix, qu’il met pour l’occasion en perspective avec les travaux de George GROSZ, Christian SCHAD ou encore Rudolf SCHLICHTER réunissant au total près de 120 oeuvres.
Les oeuvres d’Otto Dix sont fréquentes en salles des ventes : près de 3 000 pièces sont passées à l’encan entre 1986 et 2012 avec 72 % d’estampes et 23 % de dessins et aquarelles, contre seulement 4 % de peintures. Ces dernières ne suscitent pas toujours l’enthousiasme des amateurs, seules celles correspondant à la période de la Nouvelle Objectivité (1918-1933) rencontrant le succès. En témoigne le record de l’artiste : l’huile sur toile Portrait of the Lawyer Dr. Fritz Glaser réalisée en 1921 (105 x 80,5 cm) s’est adjugée 5,5 m$ chez Sotheby’s Londres le 6 octobre 1999. Récemment, Die Elektrische (1919) a également atteint des sommets : cette peinture, pourtant deux fois plus petite (46 x 37 cm), a trouvé acquéreur pour 4,1 m$ le 8 février 2012 chez le même opérateur.

Yue Minjun : L’ombre du fou rire à la Fondation Cartier

L’artiste chinois YUE Minjun est à l’affiche de la Fondation Cartier (Paris) jusqu’au 17 mars 2013. L’institution lui offre sa première rétrospective en Europe : 40 tableaux ainsi que des photographies et dessins préparatoires inédits tentent de lever le voile sur l’icône de l’art contemporain chinois. Depuis une vingtaine d’années, Yue Minjun interroge la société chinoise au travers de rictus caractérisant ses toiles. Ces visages hilares, souvent semblables à celui de l’artiste, laissent pourtant entrevoir une douleur aux antipodes de l’euphorie mais aussi de la culture chinoise, peu encline aux démonstrations de sentiments, quels qu’ils soient.
L’enthousiasme des amateurs est lui notoire, si l’on se fie aux résultats d’adjudications de l’artiste. Son record a été établi en 2008 pour une oeuvre précoce : Gweong-gweong (1993), huile sur toile de belles dimensions (182 x 250 cm) dépasse les 6 m$ lors de la vente du soir inaugurale Christie’s HK le 24 mai 2008. Aujourd’hui, on compte près de quatre cents oeuvres passées à l’encan, vingt-huit ayant trouvé acquéreurs au-delà du million de dollars.