En Bref !

[23/03/2012]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Monumenta : Daniel Buren relève le défi

Depuis 2007, le Grand Palais demande tous les ans à un artiste contemporain de renommée internationale de se confronter à la monumentalité de sa nef en concevant une installation inédite. Nommé Monumenta, l’évènement a déjà accueilli Anselm Kieffer, Richard Serra, Christian Boltanski et Anish Kapoor.
Après l’immense succès provoqué par le Leviathan d’Anish Kapoor (qui a accueilli près de 280 000 visiteurs soit presque le double de ses prédécesseurs), en 2012 c’est le français Daniel BUREN (né en 1938) qui aura l’honneur et la lourde tâche d’habiter cet espace colossal (du 10 mai au 21 juin). Eminent habitué des dialogues entre art et espace public, l’événement est à la hauteur de l’artiste qui, depuis 50 ans, axe sa réflexion sur les enjeux de l’œuvre In situ.
Côté chiffres, Daniel Buren est une présence discrète en salles de ventes pour un artiste pourtant incontournable. Avec seulement 119 enchères à son compteur depuis 1990, ses œuvres n’ont atteint qu’à 4 reprises le seuil des 100 000 $. Ses adjudications représentent quelques belles opportunités d’achats avec des œuvres uniques accessibles à moins de 20 000 $; à l’exemple de Peinture et collage sur papier récemment adjugée 16 500 $ (le 22 octobre 2011 chez Cornette de Saint Cyr, Paris). Il va s’en dire qu’un événement d’envergure tel que Monumenta pourrait permettre de multiplier sa présence en salles et redynamiser sa cote.
Les précisions sur sa proposition pour le Grand Palais sont actuellement secrètement gardées. Il faudra donc attendre l’ouverture de l’exposition pour découvrir les outils que l’artiste y développera: bandes de couleurs alternées, jeux de miroirs, filtres colorés ? Quoi qu’il en soit, avec la maîtrise de l’artiste sur la question, on ne peut que s’attendre à une transformation de l’espace avec simplicité mais d’une redoutable efficacité.

L’effet Gerhard Richter

L’engouement extraordinaire dont bénéficie l’artiste allemand Gerhard Richter donne un coup de projecteur sur quelques compatriotes de l’artiste, dont les prix grimpent à l’unisson.
Rappelons que Gerhard RICHTER est le seul artiste vivant présent au Top 10 des artistes mondiaux classés par produit de ventes. A l’issue d’une année 2011 d’enchères, il se classait en effet à la 8ème position mondiale des artistes les mieux vendus (derrière Daqian Zhang, Baishi Qi, Andy Warhol, Pablo Picasso, Xu Beihong, Wu Guanzhong, Fu Baoshi). Son indice de prix a explosé de 274 % sur la dernière décennie, faisant de lui l’artiste vivant le plus convoité du monde et un enjeu majeur pour les grandes ventes d’art contemporain à l’Ouest de la planisphère. Les récentes ventes d’art contemporain de Londres (février 2012), ont confirmé l’appétit des collectionneurs qui ont fait grimper ses prix au-dessus du million de livres à 6 reprises, dont un coup de marteau de 8,8 m£ pour une abstraction de 1994 (Abstraktes Bild, 14 février, Christie’s, près de 14 m$).

L’explosion des prix de Richter a un effet de levier sur d’autres artistes allemands, certains collectionneurs se tournant vers des compatriotes souvent plus jeunes et toujours moins chers que le maître. Ainsi, Albert Oehlen (né en 1954) signait son record de 370 000 £ (581 000 $, ce 15 février 2012 chez Sotheby’s pour une abstraction tout aussi imposante que celle de Richter vendue la veille chez Christie’s. Le 15 février toujours, A. R. Penck (né en 1939), de son vrai nom Ralf Winkler, doublait grassement sa fourchette d’estimation pour planter un nouveau record à 270 000 £ (424 300 $, Methode, Fertigzuwerden, Sotheby’s). Un troisième résultat étaye la démonstration : celui de Thomas Schütte (né en 1954), qui fut d’ailleurs l’élève de Gerhard Richter dans les années 70, qui plantait une enchère de 200 000 £ (314 000 $) le lendemain chez Phillips de Pury & Company avec son installation Gelber Hund.

William Eggleston grand format.

Limité dans les années 70 aux impressions petits formats, le photographe américain William EGGLESTON a repris 36 clichés, d’une carrière s’étalant sur plus de 40 ans, pour leur offrir un nouveau tirage grand format et les vendre chez Christie’s le 12 mars dernier au profit de l’Eggleston Artistic Trust.
La vente, entièrement dédiée à l’artiste (comme le fut en son temps la vente Beautifull Inside My Head Forever de Damien Hirst) réalise 4,8 m$ de produit des ventes, 44 % de plus que son estimation haute. Avec un taux d’invendus nul, les 36 photographies proposées trouvèrent toutes preneurs et 8 réussirent à se hisser dans le Top 10 des plus hautes adjudications de l’artiste.
Tiré en grand format, certaines œuvres réalisèrent des adjudications bien supérieures aux séries plus petites. Ce fut le cas de la photographie Memphis vendue 480 000 $ lors de la vente du 12 mars 2012 contre 220 000 $ en avril 2011 pour un format plus petit. Ou encore Greenwood, Mississipi vendue 130 000 $ en 2009 (aux dimensions 30 x 50 cm) contre 320 000 $ (aux dimensions 112 x 152 cm) lors de la vente dédiée à l’artiste chez Christie’s. L’œuvre En route to New Orleans avait aussi vu sa dimension être multipliée par 4 avant d’être proposée à la vente ce soir là, et elle réalisa 8 fois le prix du petit format précédemment proposé (40 000 $ pour un format 38 x 26 cm vendu en octobre 2010 chez Christie’s) devenant la cinquième plus belle enchère de l’artiste à 320 000 $ (et la quatrième plus belle enchère de la soirée).
A l’issue de cette vente, la cote de l’artiste doublait, alors même que celle-ci avait déjà augmenté de 76 % entre janvier 2010 et décembre 2011. L’artiste américain qui fixe son objectif sur les détails communs du quotidien est avec cette vente le photographe le plus coté sur le marché de l’art en ce début d’année avec 4,8 m$ de produit des ventes, devant une autre artiste à l’actualité chargée (rétrospective au MoMA en ce moment) : Cindy Sherman.

Lee Bul : From me, belongs to you only au Mori Museum of Art

Les sculptures de Bul LEE, artiste coréenne, sont exposées au Mori Museum of Art (Tokyo) jusqu’au 27 mai 2012. From me, belongs to you only est présentée par l’institution comme la première exposition d’envergure entièrement consacrée à une artiste asiatique. En effet, ses œuvres, inspirées par son engagement politique, ont fait d’elle une des figures de proue de l’art contemporain asiatique.
Son succès est également au rendez-vous en salles des ventes, bien que son introduction sur le second marché soit récente. Si seuls 16 lots ont été proposés à la vente depuis 2008, dont six non vendus, ses œuvres ont rapidement atteint des prix révélant l’engouement dont elle faisait l’objet. Ainsi, dès la première adjudication le 13 avril 2008 chez Larasati Auctioneers (Singapour), l’œuvre vidéo Girl With a Pearl Earring (2007) flirte avec les 20 000 $ au marteau (adjudication de 19 500 $).
Ont également été présentées des estampes, des peintures et des sculptures. Ces dernières ont suscité les plus belles enchères : dès 2008, la sculpture Autopoiesis trouvait preneur chez Sotheby’s Hong Kong pour 900 000 HK$, près de 116 000 $ (4 octobre 2008). Enfin, le record d’adjudication de l’artiste date du 10 novembre 2011, jour où la sculpture Sternbau No. 25 décrochait 135 000 $, un maigre record cependant puisque Sotheby’s en espérait entre 150 000 et 200 000 $.