En bref !

[13/07/2012]

 

Tous les quinze jours, Artprice vous propose un tour d’actualité du marché de l’art en quelques mots et quelques chiffres.

Le F-111 de James Rosenquist quittera sa base du MoMa le 30 juillet

L’avion de chasse de James ROSENQUIST est posé au quatrième étage du MoMa depuis le 25 janvier 2012. Cette peinture apparaît dans sa configuration originale, telle qu’elle fut présentée en 1965 et il faut en profiter car bien qu’elle ait survolé le monde, elle est rarement exposée tant ses 26 mètres nécessitent un écrin de taille !
Selon les mots de l’artiste : « F-111 questionne la connivence entre la guerre du Vietnam, les impôts sur le revenu, le consumérisme et la publicité ». Réalisée en 1964, cette œuvre majeure du XXème siècle touche à un sujet d’autant plus sensible qu’il est toujours très actuel. Rosenquist prend au piège notre regard pour délivrer un message explosif : les couleurs, joyeuses, deviennent vite criardes et l’apparente gaieté est faussée par une violence contenue. Considérée comme son chef-d’œuvre, F-111 est aussi son record d’enchère depuis 1986 ! Elle était alors adjugée 1,9 m$ chez Sotheby’s New York… un prix dérisoire par rapport à ce qu’elle atteindrait aujourd’hui aux enchères. Les meilleures toiles des années 60 et de dimensions honorables (entre 1 mètre et 2 mètres) dépassent en effet allègrement le million de dollars !
Artiste prisé et rare, son chiffre d’affaires augmentait de 86 % entre 2010 et 2011 bien que le nombre de ses transactions ait baissé de 9 % sur la même période. S’il est difficile aujourd’hui de se procurer une peinture pour moins de 250 000 $, il est plus aisé de trouver des estampes de qualité entre 1500 et 10 000 $ : une centaine est proposée chaque année en salles.

Anthony Gormley et ses corps géométriques à la White Cube de Londres

Après avoir été exposé au musée de l’Hermitage à St Petersbourg en 2011, la galerie White Cube accueille du 13 juillet au 15 septembre les blocs en fer sculptés d’Antony GORMLEY. L’exposition traduit de nouvelles directions prises par l’artiste autour des questions de l’espace construit et de l’architecture humaine. L’artiste utilise les deux étages de la galerie pour montrer 18 sculptures humaines, chacune constituée d’un large nombre de petits blocs rectangulaires en fer. Le travail exposé évoque l’équilibre précaire de formes humaines qui semblent avoir perdu leurs centres de gravité. Que les formes soient au repos, en action, ou juste en attente, ces corps de fer semblent meurtris par leurs corps disparates. Gormley raconte que son travail est une tentative d’appliquer « le formalisme de la modernité au corps dans l’optique de voir les contradictions qu’il apporte en terme de langage émotionnel ». Cette exposition fait suite à une quasi rétrospective que lui consacre le Brésil dans les villes de Sao Paulo, Rio et Brasilia où sont réunies des œuvres des 40 dernières années avec entre autres Amazonian Field, Critical Mass, Event Horizon et Breathing Room.
Sur le second marché, les œuvres qui ont le plus de succès sont sans conteste les œuvres de la série Angel Of The North qui constituent les 4 meilleurs résultats de l’artiste, dont son record frappé à 3 m£ chez Christie’s Londres en octobre 2011 pour une maquette à taille humaine de plus de 5 mètres de long, en 2008, une œuvre similaire partait pour 1m£ de moins.
La cote du lauréat du Turner Prize 1994 a explosé ces dernières années : avant 2007, l’artiste affichait un seul résultat au-dessus de 300 000$ (Present Time vendu 371 880 $ le 14 octobre 2006 chez Sotheby’s Londres), depuis 2007, il a passé 26 fois ce seuil. Cette reconnaissance en salles des ventes lui a permis de générer en 2011 plus de 8.9m$ de produit de ventes aux enchères, et de prendre la 29ème place des artistes contemporains devant Marc QUINN (4,8m$) et GILBERT & GEORGE (4.5 m$), deux autres artistes aussi représentés par la White Cube.

Nouvelle adjudication record pour Li Keran

Grand maître du paysage traditionnel chinois, l’artiste chinois LI Keran (1907-1989) est depuis juin dernier le détenteur d’un nouveau record vertigineux. Frappée à plus de 40 m $ (Poly Auction, Hong Kong, le 3 juin 2012), l’encre sur papier Mountain in red est issue d’une série de sept oeuvres inspirées par le poème Qin-Yuan-Chun de Mao Zedong.
Soulignons que l’oeuvre associant une belle dimension (131 x 84 cm) à la thèmatique prisée du paysage rouge était très attendue par les amateurs de Li Keran. L’année 2012 débute sur les chapeaux de roues pour l’artiste qui, suite à la mise en vente de deux oeuvres emblématiques incluant Moutain in Red, a vu son reccord de 2010 révisé par deux fois (Long march, adjugée 14,5 m$ chez China Guardian Auction, à Pékin le 22/11). En effet, moins d’un mois avant la vente de Mountain in red, Li Keran rafraichissait déjà sa plus belle vente de 2010 grâce à l’adjudication à plus de 17 m $ de Shaoshan-revolutionary sacred place of chairman mao’s former residence. Un marché on ne peut plus dynamique qui positionne son record de 40 m $ parmi les plus belles ventes réalisées par un artiste chinois. Par comparaison, à génération égale, le record de QI Baishi s’élève à 57 m $ (Eagle Standing on Pine Tree; Four-Character Couplet in Seal Script, China Guardian Auction, Pékin, le 22 mai 2011) tandis que celui de ZHANG Daqian frôle les 22 m $ (Lotus and Madarin Ducks, Sotheby’s Hong Kong, le 31 mai 2011).
Fière de ce succès, la maison de vente Poly Auction estime qu’il marque le début d’une nouvelle période de croissance pour le marché de l’art asiatique.

Othoniel au Château de Versailles

Jean-Michel OTHONIEL, artiste renommé pour ses superbes colliers de verre soufflé, participera à la restauration du Bosquet du Théâtre d’eau (Château de Versailles) en association avec Louis Benech, paysagiste des Jardins de l’Élysée. Créé par André Le Nôtre, (jardinier de Louis XIV) puis détruit quelques décennies plus tard, le Théâtre d’eau devrait trouver un second souffle grâce aux créations de Jean-Michel Othoniel qui propose en effet quatre fontaines dorées, constituées d’entrelacs et d’arabesques, restituant l’esprit du lieu lors de sa genèse.
Bien qu’exposé entre Paris (Centre Pompidou, 2011) et Tokyo (Hara Museum, 2012), l’artiste reste discret en salles des ventes. Seuls 56 lots sont passés à l’encan, dont plus de la moitié a été ravalée. Les résultats d’adjudications restent mitigés car les lots ne sont généralement pas des pièces emblématiques, notamment les commandes publiques et privées, qui ont fait sa renommée. Souvent monumentales, ces dernières s’épanouissent davantage in situ qu’en salle. Et pourtant, lorsqu’une pièce d’envergure s’offre aux enchères, elle est particulièrement convoitée. Deux œuvres de qualité muséale ont ainsi atteint respectivement 110 000 $ (Double Collier Blanc, 24/06/10 Wright Auction, USA) et 80 000 $ (La Fontaine du Plaisir et des Larmes, 04/04/12 Cornette de Saint Cyr, France).