Difficile reprise sur le marché de l’art français

[25/12/2005]

 

Depuis 2001, le marché des ventes publiques françaises de Fine Art ne sort pas de la crise. Les prix restent stables, le volumes échangés sont contractés et sous la pression de la croissance anglo-saxonne, les parts de marché des maisons de ventes françaises ne cessent de s’amenuiser.

Le plus surveillé des indicateurs de marché, l’indice des prix, est aujourd’hui en France au même niveau qu’en janvier 2001. Le sensible mouvement de hausse enregistré au début de l’année s’est estompé à l’automne. Au final, les prix enregistrés dans les maisons de ventes nationales ont augmenté de 7,6%, alors qu’ils ont fait un bond de +35% à New York. La France reste en retard en matière de rentabilité des investissements en œuvre d’art.

En effet, sur les 3 dernières années, les œuvres d’art se sont avérées être des investissements particulièrement rémunérateurs aux Etats-Unis. Soutenus par la désaffection pour les valeurs boursières, le retour à la croissance économique et la dépréciation du dollars, à New York, les prix des œuvres d’art ont affiché une progression de 20% entre juillet 2002 et décembre 2004. En décembre 2005, ils sont supérieurs de 28% au niveau de l’été 1990, au pic de la bulle spéculative qui avait alors emporté le marché.
En parallèle, sur la même période, la France, affectée par l’incertitude économique et le recul de la demande américaine, n’a pas vu croître les prix négociés en ventes publiques. Au contraire, ils ont eu tendance à osciller à la baisse entre 2002 et 2004. La cote moyenne des œuvres d’art échangées en France est désormais à son niveau de 1992 et demeure inférieure de 49% au pic de juin 1990.

Cette stagnation des prix s’accompagne de surcroît d’un très faible nombre de transactions. Dans l’Hexagone, comme pour le reste du monde, le volume des ventes reste inférieur de 40% aux niveaux atteints en 2000. Du coup, le produit des ventes françaises de Fine Art n’est que de 195 millions d’euros, soit moins de 6% chiffre d’affaires mondial. En 2003, fruit de la réforme des ventes publiques, le poids de la France était monté à 9,3%.Il faut dire que cette année, seules 3 des 382 œuvres qui ont atteint le million d’euro en 2005 ont été échangées en France. 299 de ces lots millionnaires ont été dispersés à New York.
Le meilleur résultat parisien revient à Gustave Miklos : 1,4 millions d’euros le 1er juin 2005 chez Le Mouel et Camard pour Jeune Fille, un bronze estimé 180 000 – 200 000 euros.
La plus forte vente française a été orchestrée par un auctioneer anglo-saxon : Christie’s. Le 12 décembre dernier, sa vente d’art contemporain a rapporté près de 4,7 millions d’euros. Les artistes d’après-guerre ont été les plus soutenus avec d’importantes enchères pour Hantaï (480 000 €), Viera Da Silva (315 000 €) ou encore Sayed Haider Raza (257 000 €). Le 6 décembre, la maison de vente Arturcial – Briest – Le Fur – Poulain – F Tajan enregistrait un produit de ventes de 4,61 millions d’euros lors de sa vacation d’art contemporain, avec une enchère haute à 733 873 euros (avec frais) pour Red Joy (1984) de Jean-Michel Basquiat

Le segment haut de gamme n’est pas en aussi bonne santé que ne le laisse paraître ces quelques résultats. En effet, les lots invendus ont été particulièrement nombreux en 2005. Sur les 248 œuvres dont les estimations basses dépassaient 100 000 euros, 48% n’ont pas trouvé preneur. A New York, sur ce segment de prix, seulement 21% des lots ont été ravalés.
Avec de tels retards, on peut difficilement envisager que le marché de l’art français se mettent rapidement au diapason du modèle américain.