Dernières tendances avant les ventes reines de novembre 2002

[23/10/2002]

 

Sommaire :L’importance des ventes impressionnistes et modernes
Ils n’ont jamais atteint le million de dollar
La monté de l’expressionnisme
L’art moderne sur le devant de la scène
L’impressionnisme peut-il encore faire rêver ?

L’importance des ventes impressionnistes et modernes

A New York, les 5 et 6 novembre prochains, Sotheby’s et Christie’s organisent deux des plus importantes vacations de l’année : les ventes du soir d’impressionnisme et d’art moderne. En quelques heures seulement, les collectionneurs les plus fortunés s’arrachent quelques-unes des plus belles pièces proposées en vente publique. Traditionnellement, il s’y réalise 5 à 10% du chiffre d’affaires annuel de Fine Art avec seulement une centaine de lots répartis entre les deux maisons de ventes. Cette année, elles se déroulent sous de bien meilleurs auspices qu’en 2001. A l’époque, face à une conjoncture incertaine, Sotheby’s avait obtenu d’assez bons résultats en adjugeant 52 des 57 lots qu’elle proposait pour un total de 114 millions de dollars. Chez Christie’s le résultat était plus mitigé : 13 des 46 lots mis en vente ne trouvaient pas preneur. Elle n’a réalisé que 88,4 millions de dollars de chiffre d’affaires.

2002 devrait être un bien meilleur millésime. Les prix n’ont cessé de monter ces 12 derniers mois. Les acheteurs nombreux font face à une raréfaction de l’offre. Si les collectionneurs répondent présents, de multiples records devraient même tomber.

Ils n’ont jamais atteint le million de dollars

Des adjudications exceptionnelles pour des œuvres majeures d’artistes en plein envol sont à attendre. Tout d’abord, celles de Emile Othon FRIESZ (Attrib.) (chez Sotheby’s) et de Théo VAN RYSSELBERGHE (chez Christie’s) sont estimées à hauteur du million de dollars, niveau de prix que ni l’autre ni l’autre n’ont encore atteint en vente publique. Du premier est proposé chez Sotheby’s Le Port d’Anvers (1906), une œuvre de sa meilleure période fauve, estimée 0,9 – 1,2 millions de dollars ; la cote de cet artiste a doublé depuis 1997. Quant aux amateurs du travail du néo-impressionniste Théo VAN RYSSELBERGHE, la toile mise en vente par Sotheby’s, Voiliers sur l’Escaut (1892) illustre la parfaite maîtrise du pointillisme chez cet artiste belge dont les prix flambent en 2002. Christie’s attend beaucoup de Blue Dancer, un bronze d’Alexander ARCHIPENKO, estimé 0,7 – 1 millions de dollars. Jamais une œuvre de ce sculpteur n’a atteint de tels prix.

La montée de l’expressionnisme

Issu de la collection Cohen, Junges Mädchen mit den Grünen Augen (c.1910), un portrait peint par Alexej VON JAWLENSKY peut aboutir à un prix important pour l’artiste. Avec une estimation haute à 1,6 millions de dollars, ce tableau est proposé à peine un mois après l’enchère record de l’artiste, avec Nude Half Figure : 2,2 millions de dollars au cours de la vente de la collection Beck, orchestrée par Sotheby’s le 8 octobre 2002. Ce résultat exceptionnel devrait stimuler la cote de cet expressionniste, déjà en hausse de 6% durant le 1er semestre 2002. Une note sombre : 41% des œuvres de l’artiste n’ont pas trouvé preneur cette année. suite

L’art moderne sur le devant de la scène

Parmi les artistes présentés durant ces deux jours, certains modernes ont particulièrement le vent en poupe. Avec un indice des prix à la hausse, si les estimations restent raisonnables, les chances de les dépasser sont élevées. Parmi eux, Alberto GIACOMETTI, dont l’explosion de la cote (près de 80% d’augmentation depuis le début de l’année) est confirmée par le succès de la vente parisienne du 28 septembre. Les collectionneurs frustrés par l’interruption inopinée des enchères, au 24ème lot, lors de la vente de la succession Giacometti, apprécieront Femme Debout, un bronze proposé par Christie’s dans une fourchette de 1 à 1,5 millions de dollars. De même, Fernand LÉGER figure parmi les artistes les plus encensés. La demande est soutenue pour ses plus belles pièces, au détriment des moins importantes. Ainsi, près de la moitié de ses toiles ne trouve pas preneur. Depuis son récent record avec Le Moteur, le 6 novembre 2001, ses prix ont encore augmenté. L’actuel propriétaire de cette toile était monté jusqu’à 15,2 millions de dollars pour l’emporter ; elle avait été estimée 4-6 millions de dollars. Les amateurs trouveront chez Christie’s une peinture de la même période : Les Acrobates. Son estimation (6 – 8 millions de dollars) est supérieure à celle du record de l’an dernier. Au total, 4 œuvres maîtresses de l’artiste seront proposées au cours de ces deux vacations. Sicile(Paysage en Sicile), une toile de 1954 peut être à l’origine d’un nouveau record pour Nicolas DE STAËL. Estimée 1 – 1,5 millions de dollars, elle a été peinte la même année que la toile la plus chère de l’artiste, Atelier Vert (adjugée 1,35 millions de dollars le 15 novembre 2000). Giovanotto dai Capelli rossi, une très belle toile d’Amedeo MODIGLIANI est proposée chez Sotheby’s entre 6 et 8 millions de dollars dans une période de hausse importante des prix de l’artiste. Il est actuellement l’objet de deux expositions (“Modigliani and the Artists of Montparnasse”, aux Etats-Unis et “Modigliani: l’ange au visage grave” à Paris). En espérant que cela suffira à réchauffer l’ardeur des acheteurs, car cette même toile a été ravalée l’année dernière, avec une estimation basse à seulement 5 millions de dollars ; d’autant qu’elle sera en concurrence avec une autre pièce importante de l’artiste : La Robe Noire (9 – 12 millions de dollars). Enfin, fait assez rare, une très belle toile de BALTHUS sera mise en vente chez Sotheby’s. Pas une seule peinture de l’artiste n’a été proposée en vente publique depuis le 1er semestre 2000, période du record de l’artiste avec Nu au Bras Levés (2,8 millions de dollars). Face à une telle rareté, et une cote progressant, il se pourrait que l’Odalisque à la Mandoline (2 – 3 millions de dollars) s’élève sur la plus haute marche.

L’impressionnisme peut-il encore faire rêver ?

Le lot 66 de la vacation tenue par Sotheby’s est l’un des clous de la soirée : un Nymphéas de Claude MONET, estimé 16 – 20 millions de dollars. De taille et d’estimations similaires à celui vendu en juin dernier à Londres, si le marteau s’arrête au même niveau qu’en juin (soit près de 18 millions de dollars), son actuel propriétaire essuiera des pertes importantes. Ce dernier a du dépenser 20,5 millions de dollars (hors frais) chez Christie’s en novembre 1999 pour l’emporter. De plus, les amateurs auront le choix avec une toile plus tardive, mais toujours sur le thème du bassin aux Nymphéas, présentée le lendemain chez Christie’s entre 10 et 15 millions de dollars. Il faudra donc compter sur la récente reprise du marché des œuvres impressionnistes pour que ces Nymphéas soient rentabilisés. De même, Bords de Seine à Bougival(0,9 – 1,2 millions de dollars), d’Alfred SISLEY, vendu chez Christie’s, a été acquise 600 000 dollars par son actuel détenteur. A l’époque, ce même tableau avait déjà été estimé 0,9 – 1,2 millions de dollars.

Pour des gammes de prix aussi élevées que celles atteintes par les stars de l’impressionnisme, les œuvres d’art sont à court terme plus des valeurs refuges que de réelles niches d’investissement.