Derain, Balthus, Giacometti. Une amitié artistique

[06/06/2017]

C’est une première ! Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris a conçu une exposition retraçant l’amitié fertile de trois artistes fondateurs du XXème siècle. Une occasion unique pour redécouvrir l’oeuvre Derain, Balthus et Giacometti à travers l’affection et l’admiration profondes qu’ils se sont portées.

Ces trois artistes majeurs n’avaient jamais été réunis. Ces trois visages de la modernité révèlent ainsi pour la première fois au public la communauté esthétique qui les lie. L’exposition du musée d’art moderne de la ville de Paris retrace en filigranne histoire d’une amitié construite dans l’émulation du début des années 1930, autour du cercle surréaliste (notamment au travers de la première exposition de Balthus chez Pierre Loeb en 1934). Derain, Balthus et Giacometti fréquentent alors les mêmes grands intellectuels et plasticiens dont Antonin Artaud, Max Jacob, Breton, Aragon, Jean Cocteau, Reverdy, Desnos, Sartre ou Malraux. Nourris de leurs conversations et de leurs œuvres réciproques, tous trois sont en quête de cette réalité « inconnue », et d’une modernité ne reniant pas l’excellence artistique du passé, l’honorant au contraire. Tous trois ont bouleversé l’art du XXème siècle d’un nouveau souffle créatif, tout en affirmant avec force leur regard propre sur le monde.

C’est dire toute l’ambition de cette exposition, dont le projet fut initié il y a plus de dix ans pour le musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg. D’autant que pour retracer les liens humains et artistiques de ces trois artistes particuliers, il fallut rassembler des oeuvres parmi les plus valorisées de l’histoire de l’art. L’explosion de la sensation colorée à travers le fauvisme de André DERAIN a mené par deux fois les enchères à plus de 10 millions de dollars (dont un sommet à 24,1m$ pour Arbres à Collioure, une toile de 1905 vendue chez Sotheby’s à Londres en 2010) ; l’érotisme sourd des œuvres de BALTHUS a porté l’une de ses toiles au seuil des 10 millions en 2015 (9,9m$ pour Lady Abdy, une grande huile sur toile de près de deux mètres de hauteur, vendue chez Christie’s à New York) ; tandis qu’un corps étiré et solitaire de Alberto GIACOMETTI passait la même année le seuil de 100 millions, intégrant le Top 10 des œuvres les plus chères de l’histoire des enchères (L’homme au doigt, sculpture en bronze de 1947 aurait été achetée pour 141,2 m$ frais inclus par le milliardaire Steve Cohen chez Christie’s à New York). Cette exposition est l’un des évènements culturels phares de l’année, fondé sur un prêt conséquent de plus de 350 œuvres (principalement centré sur les années 1930 à 1960), réunies sous le commissariat Jacqueline Munck. Les oeuvres proviennent de grandes collections particulières et muséales du monde entier dont le MoMA, le Metropolitan Museum, la Tate, le Hirshhorn Museum, le Boijmans Museum, la Fondation Pierre et Tana Matisse, le Musée d’Orsay, la Fondation Maeght, la Fondation Beyeler, le Musée du Petit Palais à Genève ou encore le Centre Pompidou de Paris, dont l’année 2017 marque le 40ème anniversaire. C’est là, à Beaubourg, qu’une autre grande exposition retracera prochainement un autre chapitre de l’histoire. En effet, le Centre Pompidou prépare actuellement une importante exposition consacrée à André Derain, le peintre qui passionnait le plus Giacometti, celui écrivait-il qui lui a « le plus apporté et le plus appris depuis Cézanne ». Derain sera donc à nouveau à l’honneur à Paris, du 4 octobre 2017 au 29 janvier 2018, autour de « la décennie radicale », celle des années d’avant-guerre (1904-1914).