Collection Pierre Bergé-Yves Saint Laurent – la dispersion phare de l’année

[08/02/2009]

 

Depuis plus de six mois, la dispersion de la collection Pierre Bergé et Yves Saint Laurent est annoncée à grand renfort médiatique, comme « la vente du siècle ». A l’heure ou L’Art Market Confidence Index (AMCI) est dans le rouge, les moyens mis en œuvre pour la dispersion de quelques 691 lots sont à la mesure des œuvres présentées : exceptionnels.

Pierre Bergé a choisi Christie’s pour officier et le Grand Palais de Paris comme écrin de cette vente de prestige. Sous la nef monumentale, le marathon des enchères va durer trois jours (du 23 au 25 février 2009) avec des pièces d’Extrême-Orient, d’antiquité, diverses sculptures et objets d’art, de l’orfèvrerie, des émaux du XVIème siècle, des dessins du XIXème siècle, les plus grandes signatures françaises de l’art déco, des chefs-d’œuvre d’art anciens et d’art moderne. Des signatures rares en salles des ventes seront proposées dont Ingres, Franz Hals, Jacques-Louis David, ou Géricault. Parmi les cinq Théodore GÉRICAULT proposés émerge l’un des plus célèbre double portrait de l’histoire de la peinture : celui d’Alfred et Elisabeth Dedreux. Christie’s en attend 6 M€, ce qui rafraîchirai un record détenu depuis 1989 par le Portrait de Laure Bro, née de Comères (Sotheby’s Monaco, adjugée l’équivalent de 4,9 M€).

Concernant l’art moderne, les plus belles signatures s’enchaînent encore : Giacometti, Juan Gris, Vuillard, Paul Klee, Henri Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani, Edward Munch, Odilon Redon, le Douanier Rousseau, Seurat, Manet, Gustav Klimt, etc. Des pièces historiques scandent cette collection d’art moderne, dont la grande sculpture Madame L.R. (Portrait de Mme L.R.) en bois de chêne sculpté par Constantin BRANCUSI. Cette rareté pourrait déclasser l’actuel record de l’Oiseau dans l’espace (24,5 millions de dollars en 2005 chez Christie’s) si elle atteignait son estimation haute de 20 M€. Avant de rejoindre une sculpture Sénoufo avec laquelle Pierre Bergé s’est plu à l’associer, Madame L.R. avait appartenu à Fernand Léger. Outre ses qualités intrinsèques, le parcours de cette sculpture constitue une plus-value indéniable. Pas moins de six œuvres de Fernand LÉGER seront soumises à enchères, dont l’impressionnante toile La tasse de thé, un hymne à la modernité de 1921. Une adjudication espérée autour de 15 M€ en ferait l’un des quatre plus beaux coups de marteau de l’artiste.Le marché, rarement alimenté en belles toiles de Piet MONDRIAAN, se voit proposer le même jour trois Compositions fidèles aux lois du néoplasticisme (estimées entre 5 et 10 M€). Les formats sont conséquents : on n’avait pas vu d’œuvres de plus de 50 cm sur le marché public depuis cinq ans. La dernière en date, New York, Boogie Woogie (95,2×92 cm) enregistrait d’ailleurs un record de 18,75 M$ (14,6 M€) chez Sotheby’s NY en 2004. Christie’s attend plus encore d’un superbe Pablo PICASSO cubiste, Instruments de musique sur un guéridon (estimé 25 à 30 M€).

Pierre Bergé et Yves Saint Laurent n’ont pas élargi leur collection à l’art contemporain, préférant sélectionner une œuvre historique, représentative de l’ouverture du XXème siècle à l’art contemporain. Il s’agit de Belle haleine – Eau de voilette, flacon ready-made sur lequel Marcel DUCHAMP apparaît travesti en Rrose Sélavy d’après une photographie de Man Ray. Cette pièce emblématique est estimée entre 1M€ et 1,50 M€.

Dans cette période de tourmente du marché de l’art ou les auctioneers ont joué la carte de la prudence lors des premières vacations de l’année 2009 en minimisant le nombre de lots proposés, cette vente est une parenthèse : les pièces d’exception présentées, portées par une provenance prestigieuse, décrocheront des sommets. La crise n’empêche pas les records pour peu que les œuvres soient majeures, à l’instar de celui signé par la Petite danseuse de quatorze ans de Edgar DEGAS, frappée 11,8 M£ le 3 février 2009 chez Sotheby’s (13,2 M€) et devenue la plus belle enchère pour une sculpture de l’artiste malgré la fragilité du marché.