Christian Boltanski – du Grand Palais à la Tasmanie
[28/12/2009]L’élu 2010 de l’exposition Monumenta sous la grande nef du Grand Palais de Paris est Christian BOLTANSKI qui emprunte la voie royale défrichée en 2007 par l’Allemand Anselm KIEFER puis par l’Américain Richard SERRA en 2008. L’exposition intitulée Personnes ouvre le 13 janvier pour s’achever le 21 février.
La forte charge émotionnelle du travail de Boltanski a un impact universel. De fait, ses œuvres voyagent dans le monde entier depuis près de 40 ans et les collectionneurs viennent d’horizons très divers. Aux enchères, la part des œuvres vendues en France représente seulement 26% du produit des ventes mondiales. Le fait est assez rare pour être souligné ici. En effet, les artistes contemporains français ont généralement beaucoup de mal à s’exporter. Pierre Soulages par exemple, dont la cote d’amour a très largement dépassé les frontières de l’hexagone, travaille en priorité avec le marché français qui dégage plus de la moitié de son chiffre d’affaires (56%). A contrario, le marché de Boltanski est très dynamique chez les Anglo-saxons (31% du CA au Royaume-Uni et 37% aux Etats-Unis) mais ses prix sont loin des adjudications stratosphériques de ses homologues anglais et américains.Parallèlement, les reliquaires et les installations grimpent vite à plusieurs milliers d’euros. C’est le cas de ses Monuments dont les prix varient de 15 000 à 100 000 € en moyenne selon l’importance de l’œuvre. Boltanski y commémore l’enfance, première partie de nous-mêmes à s’éteindre, à l’aide de photographies et d’un bricolage électrique. La fragilité de l’ensemble et la poésie de la lumière fonctionnent comme une invitation au recueillement. Le 8 décembre 2009, l’installation Monuments de 1985 s’arrachait pour 58 000 € chez Sotheby’s Paris, au double de son estimation basse. Lors de la précédente déflation des prix de l’art au milieu des années 90, ce type de pièce était abordable autour de 10 000 €.
L’œuvre ultime de Boltanki a trouvé preneur avant même d’être achevée ! Depuis le 1er janvier 2010 et jusqu’à sa mort, l’artiste est filmé en continu dans son atelier de Malakoff et les images sont retransmises dans une caverne en Tasmanie (au milieu de nulle part). Le collectionneur David Walsh incarne dans cette affaire le diable de Tasmanie puisqu’il a acheté cette œuvre en viager. Cette pièce macabre est un jeu avec la mort savamment calculé par David Walch qui estime ce viager financièrement intéressant pour lui durant les huit premières années. Christian Boltanski est âgé de 65 ans, nous lui souhaitons longue vie !