Ce chef-d’œuvre universel pourrait dépasser le milliard de RMB (¥) aux enchères en juin 2019

[10/05/2019]

Le tableau du Caravage, retrouvé il y a cinq ans dans un grenier à Toulouse (France), est présenté en ce début de mois de mai à New York avant d’être vendu aux enchères le 27 juin 2019. Cette œuvre, d’une puissance exceptionnelle, pourrait devenir l’une des pièces les plus chères de l’histoire en dépassant le milliard de RMB (145 millions USD). Musées et milliardaires du monde entier s’apprêtent à entrer en lice pour acquérir ce joyau de la peinture italienne, qui nous raconte un mythe universel : une jeune femme délivre son peuple de l’oppresseur.

Les expositions du tableau :
A Paris, du 18 avril au 4 mai 2019, à la Galerie kamel mennour
A New York, du 10 au 17 mai 2019, chez Adam Williams Fine Art

La vente aux enchères :
Le 27 juin 2019, à la Halle aux grains de Toulouse, par la Maison de ventes Marc Labarbe
thetoulousecaravaggio.com

Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571 – 1610) Judith et Holopherne (c. 1607)
Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571 – 1610)
Judith et Holopherne (c. 1607)

La scène est d’une effroyable violence : une jeune femme, tout de noir vêtue, est en train décapiter un homme sous les yeux de sa vieille servante. Elle s’appelle Judith, et en tuant le puissant général de l’armée babylonienne, elle sauve son village et tout le peuple hébreux d’une destruction imminente.

C’est l’un des plus beaux livres de la Bible, une histoire que méditent Juifs et Chrétiens. Mais c’est aussi une histoire universelle, puisqu’un peu partout sur terre des mythes et des légendes font écho à ce récit sanglant.

En Chine, au Nouvel An, ne fête-on pas l’acte héroïque d’une autre femme, d’une veuve comme Judith ? La légende dit que le sort a désigné son fils pour être dévoré par le dragon qui vient chaque année dans le village prendre une jeune victime ? Mais voilà que la veille du sacrifice, cette mère courageuse a une prémonition. Alors quand l’heure fatale arrive, elle badigeonne le linge de son propre sang, allume un feu de bambou et parvient à effrayer le dragon. Comme Judith, cette veuve a réussi à sauver les siens d’un ennemi mortel, alors que tous s’étaient résignés.

Selon une des légendes qui expliquent l’origine de la fête de Songkran, célébrée un peu partout en Asie du Sud-Est, une jeune femme décapite cette fois un terrible monstre de feu qui enlève les filles du village pour en faire son harem. C’est l’une d’entre elles pourtant, qui trouve le moyen de le détruire en lui coupant la tête. Puis elle se sacrifie en prenant dans ses bras la tête en feu qui roule et menace de tout détruire sur son passage. Certains disent que c’est pour commémorer le sacrifice de cette femme et atténuer ses souffrances, qu’aujourd’hui encore des millions de gens s’arrosent mutuellement à l’occasion de la fête de Songkran.

Le tableau du Caravage montre le moment précis où Judith réalise l’impossible, où elle accomplit ce qu’aucun homme n’aurait pu faire. Derrière sa beauté et sa douceur, se cache une détermination capable de sauver tout un peuple. C’est cette détermination qui brûle dans son regard.

Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571 – 1610) Judith et Holopherne (c. 1607) (détail)Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571 – 1610)
Judith et Holopherne (c. 1607) (détail)

La figure salvatrice de Judith a abondamment inspiré les artistes européens à travers les siècles, mais aucun n’a réussi à peindre cette scène avec autant de force que le Caravage. Nombre de génies s’y ont pourtant essayé : Lucas Cranach, le Véronèse, Goya, Klimt, Dali, et tant d’autres peintres occidentaux qui ont influencé certains des plus grands artistes asiatiques.

Judith-I-VS-Judith-II

Gustav Klimt (1862 – 1918)
Judith et Holopherne (1901), à gauche
Judith II (1909), à droite

Le personnage de Judith trouve ainsi une place particulière dans l’Histoire de l’Art. Il s’agit par ailleurs de la  seconde version réalisée par le Caravage. La première, terminée vers 1599, fait partie des chefs-d’oeuvre de la Galerie Nationale d’Art Ancien de Rome.

Il devait sembler impossible de réinventer la peinture après Michel-Ange et Raphaël. Mais c’est bien une formidable révolution qu’a réussi le Caravage avec son clair-obscur et il n’a rien à envier à ses prédécesseurs. Le tableau Judith et Holopherne (c. 1607) est tout aussi éblouissant que les meilleurs peintures de Léonard de Vinci, à commencer par le Salvator Mundi (c.1500) qui avait avoisiné les 3 milliards de RMB en novembre 2017 chez Christie’s, à New York.

salvator mundiLeonard de Vinci (1452-1519)
Salvator Mundi
 (c. 1500)

Le 27 juin 2019, à la Halle aux grains de Toulouse, le Marché décidera de la valeur de cette œuvre que les experts ont estimée entre 800 millions RMB et 1,2 milliard RMB (100 m$ – 150 m$). Mais la vente aux enchères d’une telle pièce, attribuée à l’un des plus grands génies de l’histoire de la peinture, dont les œuvres sont d’une extrême rareté, peut réserver bien des surprises. Si l’on ne connaît pas le prix que peut atteindre cette pièce exceptionnelle, on ignore tout autant dans quel coin du monde elle s’en ira.

Les 68 œuvres connues du Caravage à ce jour sont toutes conservées en Europe et aux Etats-Unis. Il ne fait aucun doute cependant que bien des grands collectionneurs et bien des grands musées d’Asie et du Moyen-Orient aimeraient réaliser un très grand coup en mettant la main sur un tel chef-d’oeuvre universel.