Bernar Venet – le géant d’acier

[06/03/2012]

 

Bernar Venet fait partie des rares artistes français plébiscité à l’étranger. Son installation à New York depuis 1966 est l’une des clefs de cette réussite. Peu avant cette installation newyorkaise, il a produit un travail proche de l’art conceptuel, d’une objectivité radicale, fondé sur les mathématiques et les sciences exactes. A partir de 1976, il s’est consacré aux premières structures monumentales déclinées en trois séries : Lignes indéterminées, Angles aigus et Arcs. La ligne fut étudiée sous toutes ses variantes mathématiques puis est devenue plus libre et expressive. Venet ne cherche pas à prendre position ou à appliquer de quelconques recettes mais il explore sans cesse, depuis la logique abstraite des données mathématiques jusqu’aux expériences aléatoires et désordonnées.

L’un des artistes français les plus cotés
Apprécié hors frontières, Venet a longtemps été boudé dans l’Hexagone. La plus belle tribune qu’il ait reçu d’une société de ventes aux enchères fut non pas en France mais en Floride. Entre janvier et avril 2008 en effet, la société de ventes américaine Sotheby’s organisait pour la première fois une grande exposition monographique (c’est çà dire dédiée à un seul artiste) à Isleworth. Vingt-cinq sculptures de l’artiste étaient présentées et destinées à des ventes privées orchestrées par Sotheby’s. Ce fut une consécration par le marché. Quelques mois après cette grande exposition, Sotheby’s enregistrait le record d’enchère de l’artiste, en vendant à Doha une sculpture issue de la série des Lignes indéterminées : massive, Four indeterminate lines (346x282x415 cm) atteignait son estimation haute de 600 000 $ lors de la vacation du 18 mars 2009 (environ 462 000 €).

Ce fut la seule enchère 2009 à décrocher plus de 100 000 €. Néanmoins, la demande forte pour l’artiste a généré d’autres ventes et surtout permis de dégager son meilleur produit de ventes jamais réalisé jusqu’alors aux enchères. Fort d’un résultat de plus 923 500 € pour 39 œuvres vendues, Bernar VENET devenait le quatrième artiste français vivant le mieux vendu aux enchères dans le monde en 2009, et ce avant son passage par Versailles (quatrième position du Top 5 face à Jean-Pierre Cassigneul, Robert COMBAS, François-Xavier & Claude LALANNE, Georges MATHIEU, Pierre SOULAGES et Sam SZAFRAN).
Après 50 ans de carrière et une renommée mondiale, l’artiste gagnait enfin ses armes de noblesse sur le marché de l’art. Parallèlement, les nombreuses commandes publiques à travers le monde – Allemagne, États-Unis, Suisse, Suède, Japon, Corée du Sud, etc. – et les commandes privées ont pris une telle ampleur que l’artiste a dédié un atelier de 17 personnes en Hongrie voué à la production de ses sculptures, pour répondre à la demande.

Les répercussions sur sa cote ont été assez impressionnantes et, sur la dernière décennie, son indice des prix affiche une hausse de +135% (entre janvier 2001 et janvier 2011).
Sa seconde enchère record se signait à New York avec une pièce imposante (144,7×191,7×259 cm). Constituées d’arcs d’acier, cette sculpture intitulée 209.5 Arc x 14 grimpait jusqu’à 281 000 $ (205 000 €) lors de la vente Christie’s du 21 septembre 2011. Il faut descendre à la troisième enchère du podium de l’artiste pour trouver un record signé en France : Ligne indéterminé n°3 explosant, en mai 2008, une fourchette d’estimation de 40 000 – 60 000 € pour s’envoler à 200 000 € (Christie’s Paris). Ce fut sa première enchère à six chiffres frappées en France après deux résultats de cet acabit signés à New York.

Aux yeux de tous, Venet est un sculpteur. Pour les initiés de son œuvre, il est aussi un peintre, performeur et plasticien protéiforme. L’œuvre éclectique qu’il propose et la diversité des traitements d’échelle multiplient les opportunités d’achat. On trouve ainsi aux enchères de petites sculptures pour moins de 10 000 € (d’une vingtaine de centimètres), des lithographies entre 600 et 1 600 € en moyenne ou quelques dessins de lignes indéterminées entre 4 000 et 35 000 €.Par ailleurs, ses toiles sont particulièrement abordables en regard de sa notoriété : une toile de 1980 intitulée Position of two Acute Angles of 44.5° Each était d’ailleurs ravalée à une estimation basse de 12 000 € en août 2009 à Cannes (Marc-Arthur Kohn) et son record en peinture équivaut seulement à 16 200 €, pour une toile de jeunesse, Mathematics Drawing, datée de 1967 et cédée 25 000 $ (Bonhams & Butterfields, Los Angeles 5 mai 2008).

L’art de Bernar Venet côtoie la monumentalité d’un Richard Serra (record équivalent à 1,45 m€ pour Palms, 7 novembre 2011, Phillips de Pury & Company NY) et la majesté d’un Pierre Soulages (record de 2 m€ pour Peinture 130 x 162 cm, 31 mai 2011 chez Sotheby’s Paris). Désormais incontournable dans le paysage artistique contemporain, ses projets en cours imposeront encore son empreinte et contribueront à bouleverser encore son marché.