Basquiat et Koons pèsent 12% du Marché de l’art contemporain.

[23/10/2020]

Plus de 30.000 artistes passent aux enchères mais le Marché repose sur 100.

Les grands noms de l’Art Contemporain attirent les foules dans les musées et légitiment l’aura d’une collection, qu’elle soit publique ou privée. Avec des oeuvres valorisées à des dizaines de millions de dollars, les signatures tutélaires représentent un enjeu colossal pour le Marché. Les trois-quart du résultat mondial repose sur 100 artistes seulement, parmi plus de 30.000 soumis à la loi du plus offrant. Autrement dit, la santé économique du Marché de l’Art repose sur 0,3% des artistes vendus aux enchères.

Ensemble, Basquiat et Koons pèsent 12% du résultat mondial.

Le quatuor de tête – Basquiat, Koons, Hirst, Wool – cumule 4,4Mrd$ en 20 ans, soit près de 20% du chiffre d’affaires mondial. Basquiat était déjà le plus recherché et le plus coté en 2000. Ce qui a changé, ce sont les niveaux de prix atteints.

pilier

Le mythe Basquiat

Le début de l’escalade des prix remonte à 1998, année de la première œuvre contemporaine millionnaire aux enchères. Moins de 20 ans plus tard, le seuil des 110m$ est dépassé, un niveau de prix inimaginable quelques mois plus tôt pour une œuvre créée dans les années 80. Les deux œuvres en question sont signées de Jean-Michel Basquiat, artiste convoité à des niveaux de prix que l’on réservait autrefois à Claude Monet ou à Pablo Picasso.

(…) Des oeuvres majeures de Basquiat reviennent régulièrement sur le Marché en révisant leur prix de quelques millions de dollars. Les cas de reventes illustrent tantôt la rapidité, tantôt la puissance des plus-values.(…) l’exemple le plus impressionnant nous ramène au record de 110,5m$ obtenu en 2017 chez Sotheby’s New York. La toile en question (Untitled, 1982) avait été achetée pour 19.000$ en 1984. Elle a été revendue 5.800 fois ce montant 33 ans plus tard.

La vente de ses œuvres a représenté jusqu’à 15% des recettes mondiales de l’Art Contemporain

Basquiat domine littéralement le Marché. Dans les années les plus fastes, la vente de ses œuvres a représenté jusqu’à 15% des recettes mondiales de l’Art Contemporain. 15% à lui seul, face aux 25-30.000 artistes contemporains vendus dans l’année. Un seul nom lui dispute les meilleures adjudications contemporaines, son antithèse créative, Jeff Koons.

poids lourds

Koons, l’artiste vivant le plus cher de la planète

La deuxième figure tutélaire du Marché vient aussi des Etats-Unis. Un temps courtier à Wall Street, Jeff Koons rêve d’art et crée ses premières œuvres “labellisées” dans les années 80. Essayant de comprendre “pourquoi et comment des produits de consommation peuvent être glorifiés”, il prend pour sujets des appareils électroménagers, des jouets, objets de fête, des héros de la culture populaire dont Michael Jackson, Popey et Hulk. Koons invente un kitsch de luxe, un art à la fois populaire et ostentatoire. Adulé par certains, détesté par d’autres, l’ambassadeur du néo-pop américain a été consacré il y a peu comme l’artiste vivant le plus cher de la planète. Derrière sa réussite à l’américaine, il a repoussé les modalités de création et de diffusion des œuvres, naviguant avec agilité entre les sphères de l’art, de l’industrie et du business. (…)

La notoriété et les prix de Jeff Koons n’ont cessé de croître sur les 20 dernières années. Tout commence en mai 2000 avec la vente d’une œuvre en porcelaine, Woman in tub (1988, exemplaire 3/3), pour 1,7m$. La même œuvre gagne un million l’année suivante (2,9m$, exemplaire 1/3, Christie’s, mai 2001). En juin 2008, Koons passe un nouveau palier avec Balloon Flower (Magenta) (1995/2000) cédée au seuil des 26m$. Il devient à l’époque l’artiste vivant le plus cher.  (…)

Il a regagné son statut d’artiste vivant le plus cher du monde en 2019, grâce à une sculpture vendue pour 91m$. L’objet du record – Rabbit (1986) – est considéré comme la plus iconique de ses œuvres et, par extension, comme l’une des œuvres les plus iconiques de tout l’Art Contemporain.

(…) Sous son statut d’icône contemporaine, Rabbit évoque à la fois le logo de Playboy, Bugs Bunny et les goûters d’anniversaire. Koons remanie ici un art du sampling qui fait école depuis les années 60 et le Pop Art, mais le frisson esthétique passe ici par la perfection formelle. La surface rutilante de l’oeuvre ne supporte pas la moindre trace, pas le moindre accident.

Il a repoussé les modalités de création et de diffusion des œuvres, naviguant avec agilité entre les sphères de l’art, de l’industrie et du business.

Prônant une culture visuelle du plaisir, populaire dans son imagerie, érudite dans sa fabrication, Koons a ouvert une voie dans laquelle de nouveaux artistes ne cessent de puiser, et de nouveaux collectionneurs de se reconnaître. Avec 938m$ d’oeuvres vendues aux enchères en 20 ans, il est l’artiste contemporain le plus performant du monde, derrière Basquiat. Koons est pourtant loin de la rage expressive de Basquiat. Aux antipodes l’un de l’autre, ces deux artistes de la même génération incarnent les tendances divergentes d’une même époque.

 

Basquiat / Koons aux enchères : les chiffres à retenir

  • 1998 : premier million aux enchères pour un Basquiat
  • 110,5m$ : prix record pour une œuvre contemporaine (2017), encore de Basquiat.
  • 3.000 oeuvres sont connues de Basquiat.
  • 91m$ pour une sculpture de Jeff Koons (2019), artiste vivant le plus coté du monde.
  • 12% : le poids économique de Basquiat et Koons sur le Marché mondial.
  • 2,175Mrd$ d’oeuvres de Basquiat vendues en 20 ans vs 938m$ de Koons.

 

Extrait du Rapport Artprice, « 20 ans d’art contemporain aux enchères. »

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