Bascule digitale #3. Christie’s passe la vitesse supérieure

[15/05/2020]

Comme nous l’expliquions dans l’article « Bascule digitale #2. L’avance de Sotheby’s » publié le 5 mai, Sotheby’s a pris une avance considérable avec un rythme de ventes en lignes très soutenu, tout en proposant quelques œuvres bien cotées, dont celle de George Condo récemment vendue plus de 1,3m$. Depuis le début du confinement en Europe, Sotheby’s a organisé pas moins de 17 ventes en ligne pour les seules œuvres fine art (hors design, bijoux, vin etc) contre quatre seulement du côté de Christie’s. Le calcul est simple : Christie’s a proposé quatre fois moins de ventes d’oeuvres d’art en ligne entre la mi-mars et le début du mois de mai.

Moins percutante dans sa force de proposition, Christie’s s’est aussi montrée, jusqu’alors, beaucoup plus prudente que sa concurrente quant à la sélection d’oeuvres proposées. Une prudence qui a creusé un écart considérable quant aux produits des ventes comparés : face au record en ligne de 6,3m$ engrangés mi-avril par la vente « Contemporary Curated » de Sotheby’s, la session la plus réussie de Christie’s depuis le début de la crise du Covid 19 plafonne à 783.000 $ avec une session – pourtant réussie – d’art contemporain d’Asie.

Une Contemporary Art Asia sans grandes surprises

Christie’s totalise 783 000 $ pour cette vente qui s’est déroulée en ligne du 21 au 30 avril, avec un panel d’artistes particulièrement demandés sur le marché. La plus belle enchère est remportée par le moins asiatique des artistes de la session, néanmoins très apprécié des collectionneurs sur place: Kaws avec Companion (Karima Version). Cette petite sculpture en bois issue d’une collection privée et proposée pour la première fois aux enchères est partie à 68 750$, plus de trois fois sont estimation basse. I Think of You de TING Walasse, jamais passée en salle de ventes non plus, se classe deuxième en doublant son estimation haute à 47 500$. Le japonais Yoshitomo Nara, réalise la troisième plus belle enchère avec un petit dessin sans titre, virtuellement frappé à 27 500$.

Il était aussi possible d’acquérir des œuvres moins importantes de ces mêmes artistes avec un budget égal ou inférieur à 5 000$ : une impression sur toile de Kaws vendue pour 5 000$ ; une lithographie récente de Yoshitomo Nara (Marching on a Butterbur Leaf ) éditée sur 1000 exemplaires, vendue pour 2 750$ ; une encre de Walasse Ting (Untitled (Floral Fan)) pour 3 750$… des œuvres abordables pour la plupart, une offre sans prise de risque et des résultats sans suprises.

Vitesse supérieure

Après deux mois de mises en place et de tests, Christie’s commence seulement maintenant à développer véritablement son potentiel de ventes en ligne. Pas moins de 12 ventes sont accessibles sur le site Internet de la société durant cette deuxième semaine de mai, dont 8 dédiées au fine art. C’est deux fois plus en une semaine que sur les deux mois précédents… l’accélération est considérable.

Cette nouvelle densité s’accompagne d’une montée en gamme de l’offre. La vente « First open » propose notamment un très beau Josef ALBERS valorisé entre 200.000 et 300.000$ (Study to Homage to the Square) et plusieurs œuvres de Warhol, dont une proposée entre 300.000 et 500.000$. Clôture des enchères et résultats attendus ce 15 mai

Une autre vente haut de gamme est en cours, « Vice », dont les lots phares portent des estimations à six chiffres. Une importante toile hommage à de Kooning par Richard PRINCE est annoncée entre 600.000 et 800.000$, une autre de Damien HIRST entre 250.000 et 350.000$ et une sculpture en céramique de Roy LICHTENSTEIN entre 300.000 et 500.000$.

Ne pouvant pas encore assister physiquement aux traditionnelles ventes publiques de New York, les collectionneurs ont jusqu’à la fin du mois de mai pour soutenir cette première sélection prestigieuse d’art américain, exclusivement vendue en ligne.