Auguste Rodin – Art Paris Art Fair – Murakami

[31/03/2017]

Auguste Rodin, un hommage centenaire

Un siècle après sa mort, la ville de Paris offre à Auguste RODIN (1840-1917)  un hommage à l’échelle de son génie. Le Musée Rodin ainsi que la Réunion des Musées Nationaux s’unissent en choeur et proposent une exposition réunissant près de 200 œuvres de l’artiste au Grand Palais. Celle-ci ne se cantonne pas seulement à rassembler ses plus grands chefs-d’oeuvre mais les confronte de manière inédite à une centaine de créations d’artistes modernes et contemporains fortement marqués par Rodin. Des œuvres de Picasso, Matisse, Bourdelle, Brancusi, Beuys nourrissent un propos ouvert de surcroît sur des rencontres inattendues avec de Kooning, Fautrier ou encore Fontana. Ces heureuses filiations témoignent autant de l’extraordinaire postérité de Rodin qu’elles renouvellent le regard que l’on porte sur ce monument de la sculpture moderne. Après Paris, Rodin sera célébré à New-York au MET, l’un des rares musée qui le collectionna de son vivant, puis à Philadelphie, Buenos Aires, Abidjan ou Brême sans tous les citer. Le site internet du Musée Rodin donne la mesure de l’engouement mondial suscité par ce centenaire, en rendant consultable l’ensemble des commémorations programmées. Une actualité si dense relance par ailleurs le jeu des enchères depuis deux ans. N’oubliant pas que Rodin emportait son nouveau record mondial en mai 2016 avec une sculpture en marbre blanc de L’éternel printemps vendue pour 20,4m$ chez Sotheby’s à New-York. Le marché se trouve particulièrement bien fourni en œuvres cette année, qui s’annonce comme l’une des plus dynamiques dans l’histoire de ses enchères.

Art Paris Art Fair 2017 remporte son pari

C’est sous les somptueuses verrières du Grand Palais que Guillaume Piens, directeur de la foire Art Paris Art Fair, accueille le public désormais fidèle de ce rendez-vous du printemps parisien. Avec une fréquentation de 53 000 visiteurs lors de l’édition 2016, Art Paris s’impose comme une grande foire généraliste d’art contemporain, d’art moderne et de design. La sélection 2017 est à la fois mondialisée et régionale avec 139 galeries, dont les parisiennes Nathalie Obadia et Daniel Templon, véritables piliers de la foire depuis des années, et 13 galeries régionales, comme la lilloise Cédric Bacqueville ou la strasbourgeoise J.P. Ritsch-Fisch. On note également un rayonnement international accru avec 29 pays représentés et la venue de galeries européennes, dont la Galeria Alvaro Alcazar de Madrid ou encore, pour sa première participation, la galerie Frans Jacob d’Amsterdam. L’une des nouveautés de la foire se découvre dans la section « Promesses », qui met en avant 12 galeries existant depuis moins de six ans. Le Prix « L’Art Est Vivant » distinguera le travail d’un artiste de l’une d’entre elles.

Art Paris Art Fair a su forger sa réputation par l’exploration annuelle de scènes étrangères peu présentées en France. Cette année, elle met à l’honneur la création artistique venue d’Afrique sous le commissariat de Marie-Ann Yemsi. Une vingtaine de galeries venues de tout le continent africain mettent en valeur une génération émergente et talentueuse. Mohau Modisakeng, qui représentera l’Afrique du Sud lors de la prochaine Biennale de Venise, montre ses photos et sculptures à la Whatiftheworld Gallery et on retrouve les grands formats de Gareth Nyandoro chez Tiwani Contemporary. Les objets détournés de Romuald Hazoumé, dont la cote progresse fortement avec un record d’enchère à plus de 30 000$ pour sa sculpture Alexandra en novembre dernier (Sotheby’s Londres) sont visibles chez October Gallery.

Le focus sur l’Afrique se fait à l’échelle même de Paris, avec des événements à La Villette dans le cadre du festival 100 % Afriques, l’exposition du Sud-Africain Roger Ballen au Musée de la Chasse et de la Nature, alors que le musée du Quai Branly explore l’Afrique des Routes et que le Musée Dapper dédie ses cimaises au sénégalais Soly Cissé. Paris Art Fair remporte son pari, s’attachant à regarder là où d’autres ne portaient pas suffisamment le regard…

Murakami déménage…

Takashi MURAKAMI (1962), l’artiste japonais le plus coté du monde (avec sa sculpture Lonesome Cowboy poussée à 15 m$ en 2008 chez Sotheby’s New York), l’un des plus productifs et des plus populaires de notre époque, a opéré une fusion entre l’esthétique du manga et le pop art sur fond de menace nucléaire apocalyptique. Connu pour cet univers visuel unique et porté par l’industrie du luxe comme par de puissants marchands (dont Emmanuel Perrotin et Gagosian), l’artiste-star enchaine les projets grandioses et ambitieux, sans relâche. Quelques années après s’être frotté au majestueux château de Versailles (2010), il prévoit de révéler le fonctionnement de son petit empire dans le cadre d’une exposition au centre d’art contemporain le Garage à Moscou. C’est une première en Russie mais aussi une première mondiale, car cette rétrospective de grande envergure inclura tout le processus de création des œuvres en installant sur place le studio Murakami et sa myriades d’assistants. Murakami, artiste autant que chef d’entreprise et manager emploie en effet plusieurs dizaines de personnes entre Tokyo et New York au sein de la Kaikai Kiki art production. Cette entreprise créée au milieu des années 1980 est une véritable Factory du XXIème siècle digne de l’héritage de Warhol ; une fourmilière engagée dans la production et la vente d’œuvres uniques, en séries limitées, de produits dérivés, de films d’animation ou encore de pochettes de disques de l’artiste et de quelques autres de ses compatriotes, dont Aya Takano et Chiho Aoshima. La machine à produire de Murakami se mettra en route pendant l’exposition, à partir du 29 septembre prochain.