Attention chefs-d’œuvre ! Ce que le marché vous réserve de meilleur en mai

[10/05/2022]

Les plus belles collections défilent pour ces grandes ventes de mai, celles de Macklowe, Ammann, Anne H. Bass, Maezawa ou encore Gersten et Jacobs. Des collections si importantes que la mise en vente de leurs “pépites” promet de bousculer l’ordre de plusieurs records mondiaux ! Une Marilyn de Warhol espérée à 200m$ et une toile de Basquiat attendue pour 70m$ comptent parmi la sélection des 10 œuvres essentielles mises aux enchères en mai, que nous vous proposons de découvrir ici.

 

Andy Warhol : 195 m$ (Christie’s, 9 mai)

Andy Warhol est désormais le peintre le plus cher après Léonard de Vinci et devant Picasso ! C’est officiel depuis hier, avec la vente de Shot Sage Blue Marilyn (1964) pour 195m$ chez Christie’s…

Cette toile iconique rend hommage à Marilyn Monroe, qui a fasciné Andy WARHOL par sa double nature, à la fois extrêmement glamour, elle incarne l’archétype de la beauté féminine d’une époque, et une vie totalement tragique. Pour Shot Sage Blue Marilyn, Andy Warhol a utilisé une photo promotionnelle du film Niagara de 1953 et a donné à l’actrice un visage rose, un fard à paupières bleu et des lèvres rouges sur un fond bleu clair. L’œuvre date de 1964, soit deux ans après le décès mystérieux de l’actrice.

Issue de la collection de Thomas et Doris Ammann, Shot Sage Blue Marilyn pourrait marquer un tournant dans l’histoire du marché de l’art, étant présenté par Christie’s à la fois comme “le summum absolu de la pop américaine”, et comme l’une des plus grandes peintures de tous les temps, “aux côtés de la Naissance de Vénus de Botticelli, de la Joconde de Léonard de Vinci et des Demoiselle d’Avignon de Picasso.

La toile est attendue pour rafraîchir le record de Warhol, qui s’élève à 105,4m$ depuis la vente de Silver Car Crash (Double Disaster) (1963) chez Sotheby’s New York en 2013 et surtout devenir l’œuvre du 20ème siècle la plus chèrement adjugée de l’histoire !

 

Van Gogh : 45 m$ (Christie’s, 11 mai)

Champs près des Alpilles est une huile sur toile exécutée en novembre 1889, soit six mois après que Vincent VAN GOGH se soit mutilé l’oreille. Il peint à l’heure de son internement volontaire à Saint-Rémy-de-Provence, puis envoie la toile à son ami Joseph Roulin. L’œuvre est toujours restée en mains privées depuis, et n’a jamais été exposée au public. Elle devrait se vendre autour de 45m$.

 

Jackson Pollock : 45 m$ (Christie’s, 12 mai)

La toile Number 31 date de 1949, peu après que Jackson Pollock ait laissé tomber ses pinceaux pour s’adonner à l’Action Painting et bouleverser au passage le cadre des pratiques picturales traditionnelles. En charge de l’art des 20e et 21e siècles chez Christie’s, Alex Rotter rappelle que “les véritables peintures dripping étaient – et sont toujours – le nec plus ultra de l’avant-garde américaine du milieu du siècle dernier, et il est rare de les voir apparaître sur le marché secondaire”. Une rareté qui pourrait atteindre les 45 millions de dollars le 12 mai, selon l’estimation fournie par la maison de ventes de François Pinault.

Restée plus de deux décennies dans la même collection privée, Number 31 a été vendue pour 3,5 millions de dollars en 1988 chez Christie’s. Cette toile pourrait dorénavant être adjugée pour 13 fois cette somme. Pour battre le record actuel de Jackson POLLOCK aux enchères, Number 31 devra dépasser les 61,1m$ atteints en novembre dernier par Number 17 (1951), une toile de la collection Macklowe Collection vendue chez Sotheby’s.

 

Claude Monet : 150m$ en trois lots (Christie’s, 12 mai)

La collection de l’investisseuse américaine Anne H. Bass est impressionnante. Christie’s est chargée d’en disperser 12 chefs-d’œuvre le 12 mai, parmi lesquels trois toiles de Claude MONET qui devraient rapporter, ensemble, 150 millions de dollars. Deux d’entre elles – Le Parlement, soleil couchant et Peupliers au bord de l’Epte, automne – ont été achetées auprès de la galerie Acquavella en 1982; la troisième – d’hypnotiques Nymphéas aux couleurs printanières – est le fruit d’une acquisition chez Wildenstein New York en 1984.

La plus forte estimation revient à la toile Le Parlement, soleil couchant (1900-1903) attendue pour 60m$ selon les prévisions optimistes. Il s’agit de l’une des quatre toile de vue du Parlement entre des mains privées, mais surtout de l’une des plus belles réussites de Monet, étant parmi les plus colorées de cette série commencée à Londres en 1899 et achevée à Giverny en 1904. Le prochain propriétaire de la toile posséderait un Monet du niveau de ceux présents dans des musées tels que Orsay à Paris, le Metropolitan Museum of Art de New York ou la National Gallery of Art de Washington.

 

Mark Rothko : 80m$ (Christie’s, 12 mai)

Toujours issue de la collection Anne H. Bass, un tableau de ROTHKO flamboyant de 1961 est estimé entre 60 et 80m$. Mais en dépassant son estimation optimiste, cette merveilleuse toile pourrait renouveler le record de l’artiste américain, établi à près de 87m$ depuis 10 ans pour une toile de même année et d’une gamme chromatique similaire, mais un peu plus grande (Orange, Red, Yellow (1961), Christie’s New York, 08/05/2012). L’enjeu est important pour Christie’s qui garantit ici un prix minimum au vendeur.

 

Man Ray : 7m$ (Christie’s, 14 mai)

Le marché de la photographie pourrait réviser son record le 14 mai grâce au cliché iconique de MAN RAYLe Violon d’Ingres”. Restées dans la même collection pendant 60 ans, les courbes de cette femme-violon, dont le modèle n’est autre que Kiki de Montparnasse, sont estimées entre 5 et 7 millions de dollars.

L’image est bien partie pour pulvériser le record photographique de Man Ray, établi à 3,1m$ pour Noire et Blanche (1926) (Christie’s Paris, 2017). Il suffirait aussi qu’elle atteigne son estimation basse pour devenir l’œuvre photographique la plus chère jamais vendue aux enchères. Ce record est pour l’instant tenu par Rhein II d’Andreas Gursky, adjugé à 4,3m$ en 2011 chez Christie’s à New York; si l’on exclu le portrait photographique sous caisson lumineux de Jeff Koons, vendu au prix de 9,4m$ en 2013.

 

Pablo Picasso : 60 m$ (Sotheby’s, 17 mai)

Pablo PICASSO est la vedette de la vente d’art Moderne du 17 mais au soir de Sotheby’s avec une toile attendue autour de 60 millions de dollars. Il s’agit d’un portrait de Marie-Thérèse Walter de 1932, dont l’artiste est tombé amoureux cinq ans plus tôt. A l’époque de leur rencontre, elle avait 17 ans, et lui 45. Dans Femme nue couchée, Walter prend les contours d’une créature sensuelle en bord de mer, dans un imaginaire surréaliste.

 

Philip Guston : 30m$ (Sotheby’s, 17 mai)

Nile est une œuvre monumentale qui représente l’apogée de la pratique abstraite de Philip GUSTON, et fait partie des œuvres qui ont établi la réputation de l’artiste “comme l’un des premiers artistes du 20e art du siècle”, pour reprendre la formule de Sotheby’s qui espère renouveler le record de l’artiste en obtenant 30m$ le 17 mai. Resté dans la collection de Peter et Edith O’Donnell de Dallas pendant plus de 40 ans, Nile arrive à point nommé aux enchères avec l’ouverture de l’exposition “Philip Guston Now“ au Museum of Fine Arts de Boston début mai.

 

Un Basquiat à 70m$ (Phillips, 18 mai)

La maison d’enchères Phillips (qui a réalisé l’année dernière un record de 706 millions de dollars pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères) pourrait signer le plus beau coup de marteau de son histoire le 18 mai, avec une toile majeure de Jean-Michel BASQUIAT de 1982 issue de la collection du milliardaire japonais Yusaku Maezawa. En atteignant les 70m$ annoncés, la toile permettrait au milliardaire japonais d’empocher une plus-value de l’ordre de 10 millions de dollars. Monsieur Maezawa avait en effet acheté cette toile pour 57,3 m$ en 2016 (Christie’s). L’année suivante, il avait acheté une autre œuvre de Basquiat pour 110,5m$ (Sotheby’s), signant le record absolu de l’artiste aux enchères.

 

Michel Ange : 30 m$ (Christie’s, 18 mai)

“Rare” serait un euphémisme ! Seuls huit dessins de MICHELANGELO (1475-1564) ont été proposés aux enchères au cours des 40 dernières années. En voici un neuvième : un dessin de jeunesse des années 1490, inspiré des fresques de Masaccio à la chapelle Brancacci à Florence. Surtout, le premier Nu académique connu de l’artiste, redécouvert dans une collection française.

En 1907, le dessin fit un passage sur le marché à l’occasion d’une vente à l’hôtel Drouot à Paris. Il y était proposé comme l’œuvre d’un membre de l’entourage de Michel-Ange. Il a finalement été reconnue comme l’œuvre de Michel-Ange en 2019 par Furio Rinaldi, alors spécialiste du département des dessins anciens de Christie’s.

Moins de 10 œuvres de l’artiste étant encore en mains privées à travers le monde, la vente de cette feuille de 33 × 20 cm revêt un caractère exceptionnel que Christie’s met en exergue en lui consacrant une vente à lui seul. Les rares enchérisseurs se livreront bataille à Paris le 18 mai pour ce “joyau” attendu autour de 30 m$.