Artprice : Hong Kong rayonne sur le Marché de l’Art Contemporain

[29/05/2019]

Artprice : Hong Kong rayonne sur le Marché de l’Art Contemporain

L’artiste Zhang Xiaogang dans son studio, entouré de Wan Jie (Président du Groupe Artron), à gauche, et thierry Ehrmann (Président d’Artprice), à droite.

Christie’s, Phillips et Bonhams ont enfin lancé leur année 2019 à Hong Kong, deux mois après les autres grandes maisons de ventes. Sotheby’s, China Guardian, Poly, Council et Seoul Auction avaient organisé leurs premières grandes sessions hong-kongaises dans le sillage de la foire Art Basel.

Ce décalage inhabituel dans l’agenda des grandes maisons de ventes (notamment entre Christie’s et Sotheby’s) profite au Marché de l’Art hong-kongais, mieux réparti sur le premier semestre.

thierry Ehrmann, PDG et fondateur d’Artprice, explique : « Hong Kong puise sa force dans un extraordinaire mélange d’œuvres venues du monde entier. Les meilleures pièces de Chine, du Japon et de toute l’Asie du Sud-Est, mais aussi d’Europe et des États-Unis, y convergent d’une façon absolument unique au monde.

Ainsi, la vente du soir de la maison Phillips mêlait les signatures de Zao Wou-Ki, Roy Lichtenstein, Zhang Xiaogang, Yoshitimo Nara ou Andy Warhol. Une sélection aussi prestigieuse qu’universelle, symbole de la richesse de la place de marché hong-kongaise. C’est pour elle que toutes les grandes maisons de ventes, aussi bien chinoises qu’américaines, ont un tel désir de s’y installer. »

L’attractivité de Hong Kong a convaincu cette année la maison Holly International d’y étendre ses activités. Implantée à Canton depuis 1994, Holly International a organisé pour la première fois de son histoire 7 sessions de ventes à Hong Kong en cette fin de mois de mai 2019.

Zao Wou-Ki règne en maître

Les meilleures adjudications pour les maisons Christie’s et Phillips reviennent sans surprise au peintre franco-chinois Zao Wou-Ki. Depuis son immense record à 57,5 m$, tombé en septembre dernier, le maître de l’abstraction lyrique fait partie des géants du marché de l’art, se positionnant troisième dans le classement Artprice 2018, juste derrière Pablo Picasso et Claude Monet.

Les huit toiles de Zao Wou-Ki mises en ventes par Christie’s le 25 mai 2019 ont engrangé 50 m$, soit 45 % du chiffre d’affaires total de la vente. Une performance remarquable en dépit d’un important revers cependant : la plus belle pièce de cet ensemble, une grande huile sur toile intitulée 02/01/65, n’a pas trouvé acquéreur. L’estimation sur demande cachait un prix minimum sans doute supérieur à 30 m$…

Une valeur cohérente cependant avec les derniers résultats, mais qui doit encore s’imposer sur le long terme, tant la croissance de la cote de Zao Wou-Ki a été rapide. En 2010, la peinture 02/01/65 a été acquise pour 2,7 m$ seulement.

Succès confirmés pour Kaws et Richard Lin

Les sessions de ventes organisées par Sotheby’s au début du mois d’avril 2019 ont été particulièrement marquées par le record inattendu du street artiste américain Kaws. Estimée entre 800 000 $ et 1 m$, la toile The Kaws Album (2005) s’est envolée pour 14,8 m$ (frais inclus). La nouvelle star des galeries Perrotin et Skarstedt connaît un début d’année exceptionnel en salles de ventes.

Phillips a enregistré une treizième adjudication supérieure à 1 m$ avec Half Full (2012). Acquise à New York chez Christie’s en mars 2018 pour 444 500 $, cette acrylique sur toile a été revendue 1,4 m$ à Hong Kong, tout juste 14 mois plus tard.

Le peintre abstrait Lin Richard (1933-2011) enregistre également des résultats tout à fait rassurants. Sept ans après sa disparition, le regain d’intérêt est tel que son record en salles de ventes a été amélioré à trois reprises en 2018. Ce 27 mai 2019, la toile 1.3.1964 – Painting Relief a dominé la session de vente d’Art Contemporain et Moderne de Bonhams.

Consolidation les prix pour les artistes chinois contemporains

La cote des peintres chinois nés dans les années 1950 se stabilise à Hong Kong. Sans enregistrer de nouveaux records (établis il y a déjà cinq ou six ans pour la plupart d’entre eux), cette génération des nouveaux maîtres chinois de la peinture à l’huile confirme son succès en Asie et rassure les collectionneurs.

La peinture Mask (1996) de Zeng Fanzhi a frôlé les 3 m$ ce 25 mai chez Christie’s. Un résultat bien en-deçà des 23 m$ enregistrés en 2013 pour The Last Supper (2001), une toile beaucoup plus grande mais dont la valeur n’a plus jamais été approchée depuis lors… De même, Bloodline Series: The Big Family No. 10 (2000) de Zhang Xiaogang a été vendue pour 1,6 m$ ce 25 mai 2019. En 2014, Bloodline: The Big Family No.3 (1995), de la même série, avait dépassé les 12 m$.

Au vu de ces résultats, la tendance est donc à la consolidation pour les prix des artistes chinois de cette génération : leur valeur tend à se stabiliser à des niveaux très élevés. Ce développement est confirmé, entre autres, par les trois ventes successives de la toile Stone Series – The Tree Connected to Stone (1993) de Zhou Chunya :

246 000 $ – 09 oct. 2006 (Sotheby’s Hong Kong)

6 700 000 $ – 05 avr. 2014 (Sotheby’s Hong Kong)

4 100 000 $ – 25 mai 2019 (Christie’s Hong Kong)