Art Russe : déferlante d’œuvres en avril
[12/04/2010]
Les artistes russes ont multiplié les enchères millionnaires entre 2005 et 2008, soutenus par des collectionneurs fortunés et passionnés par une peinture sous cotée en regard des exploits des artistes européens. L’engouement manifeste de la dernière décennie fit notamment exploser la cote de l’art russe du XIXème siècle. Après une hausse de 473% entre 1998 et 2008, les prix ont dévissé de 37% avec la crise (janvier 2008-janvier 2010). Plutôt que de miser sur des résultats à sept chiffres, Christie’s et Sotheby’s offrent pour leurs ventes russes d’avril 2010 pléthore d’artistes de renom avec des estimations basses n’excédant pas 400 000 $.
Entre le 21 et le 23 avril 2010, les deux leaders du marché dispersent plus de 600 lots d’art russe à New-York . Outre les icônes et objets d’art propres à ces vacations thématiques, nombre de toiles de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle attisent les convoitises.Les festivités commencent chez Sotheby’s le 21 avril avec une vente fleuve de 359 lots comprenant un ensemble de toiles de Pavel TCHELITCHEW issus de la collection de l’actrice américaine Ruth Ford (dont un portrait de la collectionneuse estimé 150 000-200 000 $) et 86 œuvres de l’avant garde ukrainienne en provenance de la collection Yakov Pereman. Cette dernière collection, estimée entre 1,5 et 2 m$, fait l’objet d’un catalogue indépendant.
Outre cette collection impressionnante de toiles aux accents cubistes et fauves, les signatures phares de la vacation comptent Nathalie GONTCHAROVA, Stanislaw ZUKOWSKI, Nicolas KALMAKOFF, Vasilij Ivanovic SUCHAEV, Anna Aleksandrovna LEPORSKAJA, Vladimir Davidovic BARANOV-ROSSINÉ, Alexander Evgenevich IACOVLEFF ou Yuri Ivanovich PIMENOV dont Sotheby’s attend un record. Dans la fourchette d’estimation annoncée de 250 000-350 000 $, la toile Morning Windows de Pimenov viendrait en effet déclasser Rainy Day, cédée l’équivalent de 213 300 $ le 15 mars 2007 à Stockholm.
La nature morte de Natalia Goncharova, Still life with fish and Flowers, devrait atteindre sans peine son estimation basse de 300 000 $ car l’artiste a le vent en poupe. Elle détient la troisième enchère de l’art russe après Wassily KANDINSKY (Fugue, 19 m$, 17/05/1990, Sotheby’s) et Marc CHAGALL (Anniversaire, 13,5 m$, 17/05/1990, Sotheby’s). Contrairement à ses deux compatriotes, elle n’eut pas besoin de la bulle spéculative de 1990 pour frapper son sommet millionnaire. Celui-ci fut atteint en juin 2008, pour une toile dynamitée de couleurs – Les fleurs – partie pour 4,9 m£, soit 9,6 m$ chez Christie’s Londres. La cote de Natalia Goncharova s’avère être explosive depuis 2006, année couronnant un produit de ventes supérieur au cumul des sept années précédentes ! En quatre ans, ses prix ont grimpé de 84% et l’année 2010 a déjà bien commencé avec la dispersion, le 2 février 2010, d’une Espagnole aux allures cubo-futuristes cédée l’équivalent de 9 m$ chez Christie’s (Vente impressionniste et moderne de Londres).
Parmi les cinq œuvres d’Alexandre Iacovleff, l’huile Portrait of a Man est annoncée entre 100 000 et 150 000$. La cote d’Alexandre Iacovleff affiche l’une des progressions les plus fulgurantes de la décennie. Même après la correction du marché, son indice de prix affiche une hausse de 1062% depuis 1990 ! Ses prix se sont littéralement emballés en 2005 avec une adjudication au quintuple des prévisions pour une vue en plongée de cases nigériennes (View of Zinder, Niger adjugée 550 000 £ le 30/11/2005 chez Christie’s). En juin 2007, il quintuplait encore les estimations pour un portrait de Vasilii Shukhaev décrochant cette fois un record millionnaire à 3,5 m£, plus de 4,9 m$ (Christie’s Londres).
Certaines œuvres vont véritablement tester la reprise du marché à l’instar de Vichy, une toile de Konstantin A. KOROVIN annoncée entre 300 000-500 0000 $. Cette pièce essuyait la déflation brutale des prix en automne 2008 avec une adjudication de 250 000 $, correspondant à la moitié de l’estimation basse de l’époque (5 novembre 2008, Sotheby’s). La vente testera encore la résistance du marché de Vladimir Davidovich Baranov-Rossiné dont les six dernières œuvres mises à l’encan furent toutes ravalées en 2009. Son nu cubiste intitulé La Femme nue debout est attendu entre 100 000-150 000 $.
Chez Christie’s, le lot phare est signé Konstantin Egorovic MAKOVSKIJ. Comptant parmi les peintres les plus convoités de l’art russe du XIXème siècle, l’artiste a vu sa cote flamber de 853% en une décennie (1999-2009) avant une chute brutale de 72%, résultant de la crise du marché de l’art et de la fonte des fortunes russes. Christie’s met à l’encan le 23 avril un portrait de jeune femme, In from a stroll, estimé entre 400 000 – 600 000 $. Dans cette fourchette d’estimation, l’œuvre renouerait avec des prix de 2006 pour ce type de sujet. La dernière enchère supérieure à 200 000 $ remonte au mois de novembre 2008. Elle récompensait d’ailleurs un portrait (The young Boyarina, 145 000 £, soit 216 485 €, 24/11/2008, Sotheby’s Londres). Outre les qualités esthétiques de la jeune élégante dans In from a stroll, l’atout majeur de la toile est sa provenance. Issue d’une collection privée, elle n’a pas fait l’objet de transaction depuis 1955.