Art Paris Art Fair – La scène russe

Chaque année, l’art contemporain fleuri au printemps sous la coupole du Grand Palais. C’est le premier grand rendez-vous parisien de l’année pour les collectionneurs d’art. L’ouverture des portes est prévue du jeudi 28 mars au 1er avril 2013 sous la nef du Grand Palais. Au menu de cette édition, de l’art moderne et contemporain bien évidemment, un secteur « promesses » dédié aux jeunes galeries de moins de cinq ans d’existence, des dialogues entre art et design, mais c’est surtout la première fois qu’Art Paris Art Fair met un pays à l’honneur en invitant la Russie.

Six galeristes ont piloté le comité de sélection (Bernard Ceysson, Galerie Bernard Ceysson ; Ernst Hilger, Hilger contemporary & Galerie Ernst Hilger ; Catherine Issert, Galerie Catherine Issert ; Priska Pasquer, Galerie Priska Pasquer ; Barbara Polla, Galerie Analix Forever ; Bernard Zürcher, Galerie Zürcher). Au final, 143 galeries, représentant 20 pays différents, vont accrocher leurs œuvres sous la lumière zénithal du Grand Palais. La participation étrangère est plus marquée que d’habitude (57 % de galeries françaises et 43 % de participation étrangère), notamment l’Europe de l’Est et la Russie.

La scène russe
Au début des années 2000, la scène contemporaine russe s’est retrouvée dans un état d’ébullition sans précédent : ouvertures de galeries dans le fameux quartier de Vinsavod, installations de galeristes russes sur les scènes occidentales pour promouvoir leurs compatriotes (notamment à Londres et Paris), flambée des prix entre 2005 et 2008, puis asthénie du marché à partir de 2009, dont ont souffert la plupart des galeries russes, autochtones comme expatriées… Après trois années euphoriques, ces trois dernières années ont cependant été salutaires. Elle ont permis d’assainir le marché de l’art contemporain russe et ce n’est pas un hasard si Art Paris Art Fair a choisit d’attendre 2013 pour faire redécouvrir la scène russe.

Art Paris Art Fair cherche ainsi à mettre en lumière une scène variée, via onze galeries russes et une vingtaine de galeries européennes jouant le jeu des affinités électives russes. C’est un engagement fort que prend ici la foire car près de 20 % des exposants mettent à l’affiche des artistes russes, dont la moitié se trouvent être des artistes émergents de moins de 45 ans. Pas moins de 87 Russes font partis de la sélection d’artistes. Ilya et Emilia Kabakov ne sont pas au rendez-vous cette fois, mais ils sont déjà attendus au Grand Palais pour l’édition 2014 de Monumenta. Les galeristes ont misé sur d’autres signatures. Parmi les élus, les amateurs vont croiser des artistes habituellement rares dans les galeries et les salles des ventes françaises, dont quelques modernes. Les amateurs de Boris Grigoriev par exemple – signature rare sur le second marché (11 toiles seulement ont été proposées en ventes publiques en 2012) – seront ravis de visiter le stand de la galerie Heritage (Moscou). D’autant que ce grand artiste affiche, comme son compatriote Aleksandr Yakovlev un indice de prix en hausse de plus de 500 % sur la décennie. Habituellement, il faut chercher leurs œuvres dans les salles de ventes américaines et anglaises alors que la demande européenne et même française est forte (17,5 % du produit de ventes aux enchères d’Aleksandr Yakovlev est enregistré en France). Parmi les autres artistes confirmés, signalons la présence d’Erik Boulatov (né en 1933, présenté sur le stand de la galerie Pièce Unique) qui culmine aux enchères à 950 000 £ (1,88 m$, 28 février 2008 avec sa toile Glory to the CPSU, Phillips de Pury & Company Londres) et, du côté de la scène contemporaine, les amateurs observeront de près Pietr Belyi (talent né en 1971, entré dans la célèbre collection Margullies à Miami), Andrei Molodkin (né en 1966), un artiste réservé sur le marché des enchères mais hardi dans ses projets et ses expositions. On le découvrait en 2002 à Paris grâce à la galerie Orel Art et il sera également présenté sur le stand de la galerie Priska Pasquer. Très attendus aussi : Oleg Kulik, AES+F, Pavel Pepperstein, Blue noses, autant de signatures russes dont les amateurs occidentaux raffolent.
A son arrivée devant le Grand Palais, le visiteur sera immédiatement plongé dans le thème, dans un face à face avec l’œuvre monumentale Façade (2012) du collectif russe Recycle, installée à l’entrée d’Art Paris Art Fair, en collaboration avec la Galerie Suzanne Tarasiève.

Paris poursuit là son histoire avec les artistes russes, qui nourrissent le paysage culturel de l’Hexagone depuis des générations. Du côté de Moscou, des mutations sont en cours, notamment avec le déménagement prévu du Garage, Centre pour la Culture Contemporaine fondé par Dasha Zokhova. L’institution doit rejoindre le centre de Moscou à l’été 2013 en s’installant à Gorky Park, dans un bâtiment spécialement créé par l’architecte Rem Koolhass.

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