Art Paris 2019

Du 4 au 7 avril 2019. Grand Palais, Paris

Après une semaine parisienne consacrée au meilleur du dessin (avec les salons du dessin au Palais Brongniart, Drawing now et DDESSIN), les artistes femmes et la scène latino-américaine sont mises à l’honneur au Grand Palais, via le salon Art Paris qui fête ses 21 printemps. Cette édition 2019 s’annonce aussi dense que passionnante, avec 150 galeries participant à l’évènement (dont, pour la première fois, des galeries du Cameroun, de Bulgarie, d’Argentine et du Pérou) ; un record de 46 solo show permettant de resserrer l’attention sur des productions émergentes ciblées ; 14 jeunes galeries à découvrir dans le secteur « Promesses » ; 25 projets d’artistes femmes et une riche exploration de la scène latino-américaine.

Focus 1 : la visibilité des femmes

Une scène française d’un autre genre, tel est le titre bien senti du premier focus proposé par le Art Paris, à un moment où l’ensemble des acteurs de l’art et de son marché oeuvrent pour renforcer la visibilité des femmes artistes. Ce chapitre est confié à Camille Morineau, Présidente de l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, soit Archives des femmes artistes, recherches et expositions) qui explique sa volonté de « mettre en lumière l’existence d’un biais de discrimination genré qui œuvre au sein du marché de l’art encore plus fortement que dans d’autres circuits de valorisation des artistes. » Camille Morineau rappelle en effet que « si les données chiffrées stagnent autour de 15 à 30 % de participation d’artistes femmes dans les expositions institutionnelles, le marché est toujours fâché avec elles. Leur reconnaissance institutionnelle est faible en comparaison de leurs homologues masculins, mais sans commune mesure avec la faiblesse de leur reconnaissance par le monde marchand. L’écart se réduirait ces derniers mois, au point de devenir une opportunité d’investissement pour le New York Times qui titrait en septembre dernier : « Vous voulez devenir riche en achetant de l’art ? Investissez dans les femmes. » (Mary Gabriel, « Want to get rich in buying Art? Invest in Women », The New York Times, 24 septembre 2018).

Camille Morineau a organisé 25 projets de femmes artistes parmi les galeries participantes en les divisant en quatre thèmes: l’abstraction, l’avant-garde féministe, l’image et la théâtralité. En dehors de cette sélection, plusieurs galeries jouent le jeu et mettent en valeur des artistes femmes, notamment Pierrette BLOCH (1928-2017) à la Galerie Véronique Smagghe et Anne de Gelas sur le stand de SAGE Paris.

Sur le salon toujours, une exposition propose une sélection d’œuvres réalisées par des artistes femmes issues de la collection de Catherine Petitgas. Historienne de l’art, mécène, présidente de Fluxus Art Projects, Catherine Petitgas collectionne avec acuité les artistes latino-américains (environ 85% de sa collection) depuis sa découverte d’artistes mexicains comme Francis Alys et Orozsco. Sous le titre Amazones, son exposition porte sur l’identité féminine explorée par des artistes sud-américaines, dont les brésiliennes Lygia Clark, Beatriz Milhazes, Rivane Neueunschwander et Mira Schendel ; les colombiennes Milena Bonilla et Beatriz González ; les péruviennes Sandra Gamarra et Ximena Garrido-Lecca. Une trentaine d’œuvres réalisées par une vingtaine d’artistes femmes sont à découvrir et deux tables rondes portant sur la place des artistes femmes latino-américaines sur la scène française et internationale complètent ce programme à la Maison de l’Amérique latine (vendredi 5 avril).

Focus 2 : exploration de la scène latino-américaine

58 artistes argentins, brésiliens, chiliens, colombiens, cubains, mexicains, péruviens et vénézuéliens… Art Paris met cette année à l’honneur l’Amérique latine, avec les projets d’une trentaine de galeries regroupées sous le titre Étoile du sud : une exploration de l’art de l’Amérique latine. Ce focus est confié à Valentina Locatelli, commissaire d’exposition indépendante et spécialiste de la scène artistique d’Amérique latine pour avoir organisé, en Suisse, des expositions telles que Mexico à l’image de son art: estampes, indépendance et révolution (2013) ou Sans retenue: œuvres d’artistes mexicaines femmes de la collection Daros Latinamerica (2016). L’année dernière, Valentina Locatelli fut commissaire invitée de Cybèle Varela: Tropicalismo Remixed pour la Fondation Brasilea à Bâle (2018) et Yuan Yuan: Réalités alternatives au Palazzo Terzi de Bergame (2018), un projet de la galerie Edouard Malingue (Hong Kong / Shanghai).

Cette exploration est étayée par un volet consacré à l’art vidéo du Mexique, de Colombie, du Pérou et d’Argentine de 2000 à nos jours. La programmation vidéo s’articule autour de quatre grands thèmes : la ville et ses flâneurs, le corps en crise, la mémoire et l’oubli, la nature résiliente.

Outre ces deux grandes lignes d’exploration – les femmes et l’Amérique latine – les exposants d’Art Paris vous ferons voyager à travers toute la création moderne et contemporaine : peinture abstraite du XXe siècle à la Galerie Bert (Jean-Michel Atlan, Olivier Debré, Maurice Estève, Hans Hartung, André Lanskoy…) ; belle sélection d’oeuvres d’André MARFAING (1925-1987) par la Galerie Berthet-Aittouarès ; de Christian Lhopital par la galerie Michel Descours, de Tania MOURAUD (1942) chez Claire Gastaud… une large sélection prompte à satisfaire les quelques 60 000 visiteurs attendus en quatre jours.