Art Market Confidence Index : renversement de tendance

[11/07/2008]

 

Voilà près d’un mois que l’indicateur sur la confiance des acteurs du marché de l’art ne cesse de baisser. Après avoir atteint un pic de +31 points à la fin mai, à l’issue des excellents résultats des ventes new-yorkaises de mai, cet indicateur s’est infléchi progressivement… suivant pas à pas le spectre d’une récession économique mondiale sans précédent.

La baril de pétrole a dépassé les 140 $, la note de la crise des subprimes ne cesse de s’alourdir, l’immobilier plie un peu partout dans le monde, les marchés financiers plongent inlassablement, l’inflation devient galopante, les prévisions de croissance sont de plus en plus ternes…. Et pour autant, l’art tente encore de résister, défiant les autres secteurs de l’économie mondiale en berne. Dans un tel contexte, les résultats des ventes les plus prestigieuses enregistrés chez Christie’s et Sotheby’s à coups de millions de dollars et de livres semblent hors norme. Jamais ils n’ont été aussi hauts.

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La vacation « Impressionist and Modern Art Evening Sale » du 24 juin 2008 a rapporté 144 millions de £ (284 millions de $) à Christie’s, un volume d’affaires jamais atteint jusqu’à présent aux enchères en Europe. A New York, en mai, en 212 coups de marteaux, les deux mastodontes Christie’s et Sotheby’s ont enregistré un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars. Les œuvres de Claude Monet, Francis Bacon ou Lucian Freud dispersées ces derniers mois sont autant de trophées enlevés par Tania Buckrell Pos ou le milliardaire russe Roman Abramovich qui servent de baromètres à l’ensemble du marché, tout comme le furent les œuvres d’Auguste Renoir et de Vincent Van Gogh lors de la bulle spéculative de 1990. Une fois de plus, les plus médiatiques ventes de Christie’s et Sotheby’s, qui représentent à peine 1/1000 des transactions mondiales, semblent donner le « la » pour le marché dans son ensemble.
L’euphorie s’est étendue à l’ensemble des secteurs du marché de l’art. A l’international, sur une base 100 en juillet 1990, l’Artprice Global Index au 1er juillet 2008 a atteint 128 points en euros et 175 points en dollars. Toutes gammes et toutes époques de production confondues, l’art n’a jamais été aussi cher.

En parallèle, l’inquiétude des acteurs du marché de l’art ne cesse de grandir. En janvier, l’indice en temps réel de la confiance des acteurs du marché de l’art développé par Artprice (AMCI) avait atteint –14,4 points sur une échelle de –100 à +100, révélant alors une nette inquiétude sur le marché de l’art. Cette perte de confiance soudaine s’était alors matérialisée par une baisse de plus de 7% de l’indice des prix du marché de l’art européen, corrigé des variations saisonnières. Jamais une telle variation à la baisse n’avait été enregistrée depuis 1991-1992.
Néanmoins, ce climat morose a été de courte durée. Dès mars, l’AMCI s’est élevé à un niveau supérieur à +20 points ! Le nombre d’interrogés estimant que les prix de l’art augmenteraient dans les trois mois était alors deux fois supérieur à ceux qui anticipaient une baisse. Cet optimisme fut immédiatement suivi d’effets concrets… En mai et juin, les prix des œuvres d’art ont encore augmenté.
Mais voilà près d’un mois que l’indicateur prévisionnel d’Artprice tend à se retourner : de +24,3 au 9 juin, il est tombé progressivement à +7,7 au 9 juillet 2008. Devant l’enlisement des marchés dans la crise, le moral des acteurs du marché de l’art s’effrite. Leurs intentions d’achats d’œuvres d’art ne cessent de chuter, leur opinion sur leur situation financière semble chaque jour plus pessimiste, tout comme leur vision sur l’évolution des prix.