Art Karlsruhe : l’interview du curateur Ewald Karl Schrade

[19/02/2019]

L’année dernière, la 15e édition du salon Art Karlsruhe a attiré 50 000 visiteurs, une visibilité forte qui fait d’elle l’une des foires d’art les plus visitée d’Europe, dans une « région au fort pouvoir d’achat » qui « attire de nombreux collectionneurs débutants et confirmés » selon Britta Wirtz, directrice de la société Messe Karlsruhe. La 16e édition ouvre ses portes du 21 au 24 février 2019 autour de 208 galeries internationales (16 pays sont représentés) et plus de 10 000 œuvres d’art modernes et contemporaines. Au programme, les grands artistes qui ont marqué la création du XXe siècle siècle à travers les mouvements tels Cubiste, Expressionnisme, Surréalisme ou Constructivisme, tous sont richement représentés dans le Hall 3. L’art contemporain est représenté sur l’ensemble du salon et plus particulièrement dans le Hall 4. Des œuvres de Hans Arp, Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch, Piet Mondrian, Barnett Newman, Jackson Pollock ou Pablo Picasso sont à découvrir autant que des artistes plus jeunes inscrits dans la démarche prospective des galeries et du salon.

Pas moins de trois prix marquent des temps forts du salon. Tout d’abord le prix art KARLSRUHE du meilleur solo-show, décerné par le Land de Bade-Wurtemberg et la ville de Karlsruhe et doté de 10 000€. Un jury sélectionne l’exposition individuelle la plus convaincante parmi tous les solo-show du salon, puis immédiatement après la remise du prix, les œuvres de l’artiste primé sont achetées et transférées à la collection d’art KARLSRUHE. L’année dernière, le prix a été décerné à l’artiste américaine Sarah McRae Morton représentée par la galerie Anja Knoess, de Cologne. Un second prix récompense la sculpture, le prix LOTH, doté de 20 000€ par la L-Bank. Il a été décerné pour la première fois l’an dernier à l’artiste Joana Vasconcelos et à la galerie Scheffel de Bad Homburg qui l’exposait alors. Troisième prix enfin, le prix Prix Hans Platschek, du nom du peintre, écrivain et critique d’art décédé en 2000. Un prix qui offre un surcroît de visibilité important puisque l’artiste élu est invité à exposer l’année suivante sur le salon. L’an dernier le prix a été attribué à l’artiste italienne Monica Bonvicini, dont les visiteurs retrouveront une sélection d’oeuvres exposées en dialogue avec des œuvres de Hans Platschek sur le stand de la Fondation situé dans le Hall 1.

L’événement est aussi encadré par un vaste programme et enrichi par deux expositions spéciales, l’une consacrée aux estampes et l’autre à L’art concret en Europe après 1945 avec la Collection Peter C. Ruppert, notamment des œuvres de Max et Jakob Bill, Josef Albers, Leo Erb, Richard Paul Lohse et David Nash.

Afin de mieux comprendre l’origine et les enjeux de Art Karlsruhe, son curateur Ewald Karl Schrade, répond à quelques questions :

Monsieur Schrade, art KARLSRUHE offre cette année encore une plateforme de présentation d’œuvres allant de l’art moderne classique à nos jours, et ce, à plus de 200 galeries de 16 pays. Qu’est-ce qui attend les visiteurs pour cette 16e édition d’art Karlsruhe ?

Nous avons invité 208 galeristes de 16 pays à venir à Karlsruhe, dont 35 nouveaux exposants, tels que Johann König (Berlin), la Galerie Klüser (Munich) et Alexander Ochs (Berlin). Nous avons pu prendre en compte tous les mouvements artistiques du siècle dernier et présent pour que les visiteurs de la foire ne manquent de rien. De plus, grâce aux quatre salles, j’ai pu créer un paysage artistique extrêmement vivant, caractérisé par son mélange unique.

Comment avez-vous eu l’idée de fonder art KARLSRUHE ?

Au fil de mes nombreuses années d’expérience en tant que galeriste, j’ai toujours eu un intérêt pour la diffusion de l’art et l’envie de lui offrir une plateforme, et cela m’anime toujours. C’est en 2003, avec Messe Karlsruhe, que j’ai fondé art KARLSRUHE et développé un concept pour la foire.

Vous avez été impliqué dès le début, comment diriez-vous que la foire a évolué au fil du temps ?

Le concept que j’ai développé à l’époque pour la foire s’est maintenu au fil des ans. La singularité du concept a résidé dès le début dans les One-Artist-Shows et les espaces « sculpture ». Cela a peu à peu été affiné, par exemple en termes de qualité et de dimension. À ce jour, art KARLSRUHE jouit d’une grande popularité et est l’une des trois foires les plus importantes de la sphère germanophone.

Combien de visiteurs reçoit la foire en moyenne et y a-t-il beaucoup de ventes ?

Chaque année, environ 50 000 amateurs d’art se rendent à Karlsruhe pour visiter la foire. Ce sont précisément le grand intérêt des visiteurs et les bonnes ventes des galeristes qui ont permis à la foire de se développer et de se positionner de manière aussi positive. Le fait que de nombreux galeristes, présents depuis le début, y participent également en 2019, est non seulement un signe de grande fidélité, mais également un indicateur du succès économique de la foire.

La cérémonie de remise du prix art KARLSRUHE, le 23 février 2019 à 11 h 30, sera certainement un moment fort. Que pouvez-vous déjà dire au sujet des One-Artist-Shows nominés ?

Personnellement, je suis très heureux que les One-Artist-Shows, qui sont à l’origine même du concept de base de la foire, jouissent d’une telle popularité. Rien que cette année, nous présentons 196 One-Artist-Shows, automatiquement nominés pour le prix d’art KARLSRUHE, que nous décernons déjà pour la 12e fois. Celui-ci est choisi par un panel d’experts et attribué conjointement par le Land de Bade-Wurtemberg et la ville de Karlsruhe. Les œuvres achetées grâce au prix restent également dans la mémoire culturelle de la ville, car elles font partie de la collection d’art KARLSRUHE, qui est conservée à la Galerie municipale.

art KARLSRUHE étant particulièrement attaché aux collections privées, vous présentez donc toujours une exposition spéciale, comme cette année celle de M. Peter C. Ruppert. Qu’est-ce qui rend cette collection si spéciale ?

Ce n’est évidemment pas un hasard si nous avons invité le collectionneur berlinois Peter C. Ruppert, dont la collection se trouve depuis longtemps au Museum im Kulturspeicher à Würzburg, pour qu’il crée la traditionnelle exposition spéciale d’art KARLSRUHE en 2019 avec des œuvres sélectionnées. Ruppert a toujours été un fervent admirateur de l’art concret. Et l’anniversaire imminent du Bauhaus incite le pays tout entier à aborder les images et les sculptures d’inspiration constructiviste avec un œil neuf. Et il en va de même pour l’édition d’art KARLSRUHE de cette année.

Une fois de plus, vous organisez la collection spéciale d’estampes. Quelles estampes les visiteurs auront-ils le plaisir d’admirer ? Avez-vous une pièce préférée ?

La gamme des œuvres présentées est large, de Warhol à Picasso. Tout comme la fourchette de prix, qui se situe entre 250 et 45 000 euros. Au total, environ 100 excellentes œuvres seront présentées. Moi personnellement, je n’ai pas de pièce préférée, mais l’ensemble de la collection, qui réunit toutes ces œuvres excellentes, c’est vraiment celle que je préfère. Les acheteurs devraient vraiment choisir les pièces qui leur tiennent le plus à cœur.