Art impressionniste et moderne de Christie’s : résultat haussier de +485%

[04/07/2017]

Une petite semaine après Sotheby’s, Christie’s donnait à son tour sa vente de prestigieuse pour l’art impressionniste et moderne à Londres, le 27 juin 2017. A l’image de sa concurrente, elle reprend du souffle sur cette importante dispersion.

Les derniers résultats de Londres s’avèrent profondément encourageant après les baisses drastiques des ventes d’art impressionniste et moderne de juin 2016. Pour mémoire, les résultats des deux sociétés de ventes leaders, Sotheby’s et Christie’s, se trouvaient alors respectivement amputés de -47% pour la première et de -39% pour la seconde comparé à leur résultat de 2015. Christie’s enterre fort heureusement le mauvais souvenir de sa session impressionniste et moderne de l’an dernier, dont le résultat équivalent à 33,2m$ affichait le plus mauvais score de la société sur les six années précédentes pour ce type de vente. En totalisant 194,5m$, la vacation du 27 juin dernier opère un formidable rattrapage (+485% par rapport à l’année dernière), et affiche un score d’autant plus remarquable que celui enregistré par sa rivale une semaine plus tôt se hissait à 162,2m$ (la vente de 17 œuvres le 21 juin 2017 chez Sotheby’s à Londres).

Un seul invendu est à déplorer sur 33 lots présentés par Christie’s (une toile majeure de Egon Schiele), parmi les cinq œuvres de Pablo Picasso, trois de Claude Monet, deux de Matisse, mais aussi des œuvres signées Georges Braque, René Magritte, Le Corbusier ou Amedeo Modigliani, entre autres valeurs fondamentales du marché. Le succès de cette vente peut se résumer en trois coups de marteau, trois adjudications qui suffirent à outre-passer le résultat de la vente de prestige de l’an dernier, celle de juin 2016. Cette année en effet, trois œuvres majeures sont parties à plus de 20 m$ chacune, dont la Femme écrivant (Marie-Thérèse) de Pablo PICASSO vendue pour 44,4 m$. Le moissonneur (d’après Millet) de Vincent VAN GOGH annoncé en couverture de catalogue a tenu ses promesses, et au-delà… Doublant presque son estimation basse, il changeait de mains pour plus de 30,8m$. Enfin, le clou de la soirée, le lot 11, emporte avec lui le nouveau record mondial de l’art expressionniste : la toile Hölle der Vögel (Les oiseaux de l’enfer), oeuvre majeure dont on ne connait pas d’autre équivalent pour Max BECKMANN, s’est envolée pour 45,8m$. Plaidoyer contre le IIIème reich, Les oiseaux de l’enfer ont pris forme sur la toile de l’artiste en 1937, l’année même de l’exposition d’ « art dégénéré » organisée par le régime nazi à Munich. De dimensions muséales (119,7×160,4 cm), cette scène de torture à la puissante composition est longtemps restée confidentielle. Si Les oiseaux de l’enfer sont à Beckmann ce que Guernica est à Picasso, d’après l’historien de l’art Jill Lloyd, ce chef-oeuvre fut en effet bien moins médiatisé que son « pendant » réalisé en 1937 par Picasso, après le bombardement de la petite ville de Guernica. Le record d’enchère dont Beckmann vient de faire l’objet rétabli quelque peu cet oubli de l’histoire. L’oeuvre décroche là un prix plus fort encore que celui emporté par le nouveau sommet de Wassily KANDINSKY établi le 21 juin dernier chez Sotheby’s, pour Peinture avec des lignes blanches (1913), cédée plus de 42,26 m$.

En une semaine, les deux mastodontes des ventes aux enchères affichent ainsi deux records absolument historiques pour la peinture du XXème siècle à plus de 40 m$ chacun, pour l’Abstraction historique d’une part et pour l’Expressionnisme Allemand d’autre part.