Art contemporain – Les meilleures entrées en ventes publiques

[24/06/2008]

 

Chaque année, plus de 3 000 artistes font leurs premiers pas en ventes publiques. C’est une étape importante dans leur carrière, car aux yeux du plus grand nombre, les prix qu’ils atteignent sont une sorte d’étalon qui les suit tout au long de leur parcours. Il devient délicat pour une galerie de défendre un de ses poulains, si ce dernier n’a pas réussi son baptême du feu en décrochant une cotation suffisante. Inversement, une forte enchère est un tremplin idéal pour assurer le succès des expositions à venir sur le premier marché. Quels sont les élus de l’année 2007 ? Artprice, dresse le tableau des 50 meilleures entrées.

Télécharger le classement Artprice des meilleures entrées en ventes publiques

Dans le ballet des ventes publiques, certaines scènes sont plus favorables que d’autres. Pour une première entrée, rien de tel qu’un passage en catalogue de vente « contemporary Art » chez Sotheby’s, Christie’s ou Phillips & De Pury. Ces prestigieux labels, habitués à disperser les poids lourds du marché, tels Jeff Koons, Damien Hirst ou Peter Doig, sont les meilleures garanties de succès.
Le cocktail est parfait si l’artiste est déjà soutenu par quelques importantes galeries et fait l’objet d’une demande soutenue, idéalement par de jeunes collectionneurs capables de rivaliser aux enchères à coups de millions ! Actuellement, acheteurs russes, chinois, indiens et du Moyen-Orient sont évidemment les plus dynamiques lorsqu’il s’agit de soutenir la cote d’un artiste national.
Le russe Evgeny CHUBAROV a jouit de cette parfaite alchimie. Pour son entrée en ventes publiques, le 15 février 2007, toutes les conditions du succès étaient réunies. Sa toile monumentale (200 x 300 cm), réalisée en 1992, avait été acquise à la Gary Tatintsian Gallery où elle était accrochée en 1999 aux côtés de Sol Lewitt, puis avait fait l’objet d’une exposition en 2004 au Musée de Saint Petersbourg. Elle a été dispersée lors d’une médiatique vente d’art contemporain russe orchestrée par Sotheby’s à Londres, et présentée dans un catalogue rédigé pour l’occasion en cyrillique. Estimée 40 000 – 60 000 £, l’œuvre s’est arrachée 240 000 £ (358 000 €). Appuyé sur ce premier succès, la maison Phillips, de Pury & Company a réitéré quatre mois plus tard avec cette fois une enchère de 600 000 £ pour une toile de la même veine ! Avec de tels prix, l’artiste se hisse sur la plus haute marche du podium des meilleures entrées en ventes publiques.

Si on retrouve des iraniens (Parviz Tanavoli, Sedaghat Jabbari, Gholamhossein Nami), un artiste des émirats (Abdul Kadir Al-raes), deux libanais (Chaouki Chamoun, Nabil Nahas), un syrien (Khaled Al-saai) et deux russes, la véritable pépinière issue de la poussée des marchés émergeants est chinoise. Près de 75% des 50 premières positions du classement sont tenues par des artistes chinois, dont 58% des ventes ont été réalisées en Asie même ! L’offre s’est adaptée à la demande, de sorte que nombre de maisons de ventes chinoises sont elles aussi capables de soutenir la création actuelle locale. Pour preuve, le premier chinois du classement, SUN Lixin (1955), a décroché en mai 2007 une enchère de 5,5 millions de yuans (536 000 €) chez Poly International Auction Co, à Pékin. SHAO Yachuan (1958), a été révélé par Beijing Duo Yun Xuan Auctions grâce à Patrolling dike, une toile adjugée 4,6 millions de yuans (445 000 €) en juillet 2007.
Autre surprise cette année : un seul américain se place dans les 50 premières positions. Chez Phillips, de Pury & Company (New York), Justin FAUNCE (1980), le benjamin du classement a décroché 130 000 $.
Dans cette courte liste de météores qui font leur entrée en vente publique par des prix d’exceptions, ressortent deux français. Jules DE BALINCOURT, né à Paris en 1972 et travaillant à Brooklin, déjà exposé au Palais de Tokyo, à la PS1 et au MoMA, a fait une entrée fracassante en ventes publiques en mai 2007, avec une première vente à 28 000 $ (Christie’s NY). Six mois plus tard, il plantait une exceptionnelle adjudication de 220 000 $ chez Phillips, de Pury & Company. Kader ATTIA a fait lui aussi une entrée remarquable dans le monde des enchères. Son installation Flying Rats, contenant 150 pigeons vivants picorant 45 sculptures d’enfants faites de mousse et de graines, fut l’objet de nombreuses polémiques lors de sa présentation pendant la Biennale de Lyon 2005. Faisant partie de la sélection de la collection Pierre Huber dispersée à New York par Christie’s, elle trouva preneur pour 75 000 $ (57 000 €) en février 2007.

Avec l’écrasante domination de la Chine, le ticket d’entrée dans le classement des 50 meilleures entrées en ventes publiques n’a cessé d’augmenter pour atteindre 50 000 euros ! En 2000, avant que les prix du marché de l’art ne s’envolent et que l’Asie ne s’empare du marché de l’art, il était tout juste de 12 000 €. La plupart des artistes introduits cette année-là ont par la suite confirmé leur haut niveau de cotation à leur introduction aux enchères. Si Maurizio CATTELAN décrochait 140 000 $ dès sa première année de vente avec Spermini (Little Sperms), depuis plusieurs de ses œuvres ont atteint le million de dollars avec un record à 2,7 millions de $ pour La Nona Ora. Dans la liste des entrées de l’époque à quelques dizaines de milliers de dollars, nombreux sont ceux qui ont depuis dépassé le seuil de 100 000 $. Parmi eux, Shirin NESHAT vient d’atteindre 265 000 $ en mai dernier, Jim HODGES, dont les toiles d’araignées partent régulièrement au delà de 300 000 $, YAN Pei-Ming, avec certains grands Mao dépassant le million de $, ou encore Thomas DEMAND, dont 20 clichés se sont négociés plus de 100 000 $.

Il y a sept ans, acheter les grands noms de l’art contemporain offrait de belles perspectives de progression. Qu’en sera-t-il des nouveaux météores 2007 dont les cotes sont en moyenne 3 fois plus élevées que celles de leur aînés en 2000 ?