Art Contemporain à New York : les lots phares

[06/05/2014]

 

Les ventes de mai sont, pour Christie’s et Sotheby’s, l’un des chapitres les plus attendus de l’année. Les deux mastodontes du marché parviennent à dégager plus de 500 m$ en deux jours de ventes et génèrent des records de plus en plus spectaculaires. En mai 2012, leurs ventes d’art contemporain de prestige généraient 578,3 m$ en 102 coups de marteau lors des cessions contemporaines, un record à l’époque, enterré l’année suivante par des performances cumulées de 691,7 m$ dont un record de 435 m$ enregistrés par Christie’s le 15 mai 2013.

L’enjeu est de taille et les oeuvres triées sur le volet pour les cessions 2014, avec 72 lots chez Christie’s le 13 mai et 81 lots chez Sotheby’s le lendemain, dans des fourchettes d’estimations publiques comprises entre 80 000 et 30 m$. Les lots phares de Christie’s incluent un triptyque majeur de 1969 signé Francis BACON Three Studies for a Portrait of John Edwards et Race Riot d’Andy WARHOL (voir les Brèves du 18 avril 2014 : Bacon – Warhol – Ai Weiwei), un chef-d’oeuvre de Jean-Michel BASQUIAT, jamais sorti de sa collection depuis 1982 et estimé entre 20 et 30 m$ (Untitled, 172,7 x 261,6 cm, Christie’s), un Jackson POLLOCK, intitulé Number 5 (Elegant Lady, 1951), estimé 15-20 m$.
Sotheby’s aussi présente ces signatures phares, certaines de décrocher des résultats de plusieurs dizaines de millions de dollars chacune. Elle offre notamment un Basquiat monumental de 1983, dont l’estimation est tenue secrète, et un ensemble de six autoportraits de Warhol, attendu entre 25 et 35 m$. Parmi cette sélection de chefs-d’oeuvre et d’icônes du marché, Artrpice a repéré quelques lots susceptibles d’enregistrer de grandes plus-values.

Gerhard RICHTER : l’artiste allemand signait un record à hauteur de 33 m$ le 14 mai 2013 chez Sotheby’s (Domplatz, Mailand [Cathedral Square, Milan]). Un an plus tard, Sotheby’s mise encore sur sa progression phénoménale (cote en hausse de +257 % sur la décennie) avec Blau, une abstraction de 3 mètres sur 3, cédée pour 2 m$ en 2002 à l’actuel propriétaire. Celui-ci s’attend à empocher entre 25 et 35 m$ aujourd’hui pour cette toile, soit 15 fois sa mise de départ. Christie’s aussi prépare sa botte secrète Richter, avec une grande toile de 2,6 x 2 mètres, achevée en 1950 et déjà vendue pour 15,5 m$ chez Sotheby’s le 13 novembre 2012. Elle est cette fois attendue entre 22 et 28 m$. La plus-value espérée pour cette œuvre est donc de l’ordre de 7 m$ e deux ans et demi.

Christopher WOOL, plus cher que Richter : Si la flambée des prix est spectaculaire pour Richter, celle qui couronne Christopher Wool l’est plus encore. Un bras de fer entre l’abstraction européenne et américaine semble se jouer entre les deux artistes, qui n’en finissent pas d’établir de nouveaux records. Lorsque l’indice des prix de Richter affiche +257 % en 10 ans, celui de Wool progresse de 821 % ! Christie’s propose trois toiles le 13 mai, dont If You, un jeu de lettrages autant qu’un jeu d’esprit, dans le sillage de la culture Punk et de quelques « bad boy » de l’art tels que Bruce NAUMAN, Marcel DUCHAMP et Richard PRINCE. If You est estimée 20 à 30m$… l’estimation haute de Wool est donc plus optimiste encore que celle de Richter, mais cette fourchette de prix impliquerait surtout, pour l’oeuvre proposée, un prix multiplié par 100 en 14 ans. La toile se vendait en effet 275 000 $ chez Phillips en 2000.

Julie MEHRETU : l’artiste éthiopienne, présente dans les collections Pinault et dans celles du MoMA, a le vent en poupe et un record de 4 m$ à son actif. Ce sommet remonte d’ailleurs aux dernières cessions d’art contemporain de mai 2013 avec la grande toile Retopistics: A Renegade Excavation vendue le 15 mai 2013 chez Christie’s. Un an et un jour plus tard, la même maison de vente propose Believer’s palace, une toile importante de 3 mètres sur plus de 4, estimée entre 1,5 et 2 m$…. Ces oeuvres valaient 100 fois moins en 2005.

Yves KLEIN : Yves Klein est le plus cher des Nouveaux réalistes et l’artiste français le plus apprécié aux Etats-Unis. Sotheby’s propose Relief éponge bleu (RE51) le 14 mai, une œuvre puissante ayant appartenu à Lucio FONTANA, déjà vendue chez Christie’s en 2012 l’équivalent de 10,6 m$. Elle pourrait être disputée autour de 20 m$ aujourd’hui, selon l’estimation optimiste, ce qui constituerait une plus-value de 10 m$ en deux ans.

Quelle plus-value attendre encore du train rutilant de Jeff KOONS, Jim Beam, vendu 4,9 m$ en 2004 chez Christie’s, et dont l’estimation est cette fois tenue secrète ? Quid de l’oeuvre monumentale d’Anselm KIEFER, la plus grande jamais proposée en salle, qui peut prétendre à un nouveau record même si son estimation actuelle (2-3 m$) se trouve en-deçà d’un sommet vieux de 2007 («Lasst Tausend blumen blühen!», adjugé l’équivalent de 3,15 m$ le 8 février 2007 chez Christie’s Londres).
Le marché va tester d’autres signatures, notamment celle de Richard Prince, qui pourrait faire un grand retour sur le devant de la scène. Nurse, Cow-boy, toiles écrites, Richard Prince est particulièrement bien représenté dans ces ventes et pourrait renouer avec le seuil des 4 m$ qu’il n’a plus atteint pour une Nurse depuis trois ans. La curiosité se porte encore sur les sept Joseph CORNELL, une signature pour laquelle Christie’s attend visiblement une flambée de prix. Les sept oeuvres pourraient rapporter 16,5 m$, dont un nouveau record attendu pour une pièce évaluée entre 4 et 6 m$ (Untitled (Penny Arcade Portrait of Lauren Bacall). CHU Teh-Chun, Cindy SHERMAN, Chris OFILI, Morton Wayne THIEBAUD affichent aussi des estimations fortes, à l’heure où les acteurs du marché de l’art confient en masse leur désir d’acquisition : 65 % des votants de l’indice de confiance d’Artprice (AMCI) envisagent d’acheter très prochainement de nouvelles oeuvres.