Art contemporain à Londres

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine : les 10 meilleures adjudications pour l’art contemporain à Londres.

Après le Top 10 des enchères contemporaines à New York, Artprice analyse les 10 meilleures enchères frappées à Londres entre juillet 2012 et juin 2013. Deux noms se font écho entre les deux places de marché leaders en Occident : Jean-Michel BASQUIAT et Peter DOIG. Le premier tient cinq des dix places du top britannique (contre six aux Etats-Unis) tandis que le second se maintient avec deux enchères qui génèrent les mêmes recettes de part et d’autre de l’Atlantique.

La différence majeure entre les deux tops tient surtout au résultat global, car les recettes générées par les dix œuvres contemporaines les plus chères sont deux fois moindres à Londres (recettes du top 10 New York : 183,1 m$ contre 90,91 m$ à Londres) et les résultats de Jean-Michel Basquiat y sont pour beaucoup. Les cinq enchères de Basquiat représentent près de 65 % du top londonien mais les meilleures œuvres sont chasse gardée de la place de marché new-yorkaise où le marteau frappe toujours plus fort : Basquiat représente à lui seul 124,2 m$ du top new-yorkais contre deux fois moins en version anglaise (58,82 m$).

Les trois artistes privilégiés à Londres et absents du classement new-yorkais sont donc l’Allemand Martin KIPPENBERGER (7ème), l’Anglais Glenn BROWN (8ème) et l’Américain Christopher WOOL (10ème).

Top 10 : les 10 meilleures adjudications pour l’art contemporain à Londres.

Martin Kippenberger
L’année 2013 aurait été celle des 60 ans de Martin Kippenberger. La Hamburger Bahnhof à Berlin lui consacre donc une grande rétrospective depuis le début de l’année (23 février – 18 août 2013). Artiste à la carrière brève – il a 44 ans lorsqu’un cancer du foie fulgurant l’emporte – mais prolifique, Kippenberger dérange, pousse l’art dans ses retranchements, va toujours là où on ne l’attend pas, interroge inlassablement la création et ses systèmes de reconnaissance et de valorisation. Nomade et hyperactif, ironique et irrévérencieux, il a imposé un style non identifiable pour échapper au moule artistique.

Les premières œuvres arrivent en salles de ventes en 1990, l’année de son exposition itinérante Cologne/Los Angeles/New York 1990–91. Kippenberger a alors beaucoup exposé en Europe, beaucoup fait parler de lui. Les collectionneurs sont à la fois déstabilisés et séduits par ce trublion de l’art. Les premiers coups de marteau tombent entre 2 000 $ et 5 000 $ pour des dessins, entre 3 000 $ et 6 000 $ pour des peintures, soit des prix en accord avec son statut d’artiste émergent de 37 ans. De son vivant, il ne connaîtra pas l’agitation suscitée par ses œuvres dans les grandes ventes d’art contemporain. La récompense du marché se fait à titre posthume, catalysée par sa participation à la 50ème Biennale de Venise en 2003 puis par sa première grande rétrospective en Grande-Bretagne, à la Tate Modern en 2006. Entre ces deux grands adoubements, une toile passe la barre du million de dollars pour la première fois à New York (Untitled, 1991, 1 024 000 $, soit 900 000 $ hors frais, contre une estimation haute de 600 000 $, Phillips de Pury & Company, 12 mai 2005). Douze enchères millionnaires suivent, dont un sommet équivalent à 5 m$ frais inclus en octobre 2012 à Londres (Untitled (from the series Hand-Painted Pictures), 1992, Christie’s, 11 octobre). Ce coup de marteau lui vaut une 7ème place au classement entre Jean-Michel Basquiat et Glenn Brown car c’est à Londres que le marché de Kippenberger bat son plein (61 % du chiffre d’affaires) contre 29,7 % à New York, et 6,2 % chez ses compatriotes.

Glenn Brown
Glen Brown est l’un des artistes anglais les plus cotés, toutes générations confondues. Ses enchères rivalisent avec celles de certaines œuvres d’Henri Moore ou de David Hockney.
Nominé au Turner Prize en 2000, aujourd’hui représenté par la galerie Gagosian, Brown fait partie de la génération des Young British Artists qui a prospéré grâce au soutien premier de Charles Saatchi. Quelques mois après sa participation à l’exposition Sensation de la Royal Academy de Londres, une première toile apparaît en salle de ventes : Telstar, adjugée 14 500 £ soit près de 24 000 $ (3 juillet 1998, Sotheby’s Londres). Dix ans plus tard, les toiles de cette période oscillent entre 200 000 $ et 400 000 $ en salles.
Son interprétation toute personnelle de l’histoire des grands maîtres de la peinture, au mauvais goût assumé et aux empâtements basculant le visage entre figuration à abstraction, a séduit jusqu’à la Tate Modern qui lui consacre une rétrospective en 2009. Depuis, il s’est vu auréolé de six adjudications millionnaires, dont un record équivalent à 8 m$ frais inclus en juin 2012 pour une réinterprétation de Dali (The Tragic Conversion of Salvador Dalí (After John Martin), 4,6 m£ au marteau de Sotheby’s Londres).

Christopher Wool clos quant à lui le classement. Considéré comme l’un des artistes les plus influents de notre époque et parfois défini comme le plus grand peintre américain aujourd’hui, il est, comme Brown, soutenu par la prestigieuse galerie Gagosian et prépare activement une prochaine exposition pour le Guggenheim de New York (25 octobre 2013 – 22 janvier 2014). L’événement devrait maintenir sa cote très haut de gamme au beau fixe… l’artiste compte déjà 35 enchères millionnaires à son actif.