Annette Messager

[11/10/2016]

Honorée par une haute distinction culturelle cette année, l’artiste française Annette Messager inaugure bientôt la nouvelle galerie parisienne de Marian Goodman. Celle-ci présentera le travail de l’artiste à la Fiac, dès la semaine prochaine.

La vie et l’oeuvre

Née le 30 novembre 1943 à Berck-sur-Mer, Annette MESSAGER étudie aux Arts décoratifs de Paris avant de construire des histoires cruelles ou fantastiques. Truqueuse et falsificatrice, elle commence par collectionner des photographies et des images de presse qu’elle modifie. Puis, arrivent ses premiers Pensionnaires au début des années 70′, des moineaux empaillés et soigneusement emmaillotés dans de petits tricots colorés. L’univers d’Annette Messager est déjà en place, oscillant avec poésie et cruauté entre le quotidien d’une femme et celui d’une artiste, le monde de l’enfance, sa magie et ses cauchemars, le détournement, les pratiques artisanales et le bricolage. Ses Pensionnaires, œuvre fondatrice, sont exposés à la galerie Germain en 1972. C’est le début d’une reconnaissance sur la scène artistique Française. Les années 70′ sont ainsi traversées par une autobiographie fictive, une multitude d'”Annette Messager”, tour à tour “collectionneuse”, “truqueuse”, “colporteuse”, “bricoleuse”, “femme pratique” et “amoureuse”. Elle mélange allègrement les genres, peuple son monde de Chimères constituées de fragments de photographies, de dessins, d’objets manufacturés, commence Qualifié de “mythologies individuelles” dans l’esprit de celui de son époux Christian Boltanski, l’oeuvre d’Anette Messager bascule avec virtuosité entre réalité, fiction, douceur, cruauté, attraction et répulsion. A partir des années 90′, ses installations de déploient dans des espaces plus imposants, habités de formes étranges. Les grands musées lui ont déjà été ouverts, dont le MoMA de New York, en 1995. 10 ans plus tard, elle est consacrée à Venise par le Lion d’Or de la 51ème Biennale pour son installation Casino, qui occupait les trois salles du pavillon français. Son oeuvre voyage de plus en plus, via une rétrospective itinérante entre 2007 et 2009 : Centre Pompidou à Paris, Espoo Museum of modern art en Finlande, Mori Art Museum à Tokyo et au 21st Century museum of contemporary art à Kanazawa (Japon), au National museum of contemporary art de Séoul (Corée) et en Angleterre.

En septembre dernier, l’ensemble de sa carrière a été couronné par le prestigieux prix Praemium Imperiale, attribué par la famille impériale du Japon au nom de l’Association japonaise des Beaux-Arts. Equivalent artistique du Prix Nobel en art, le prix Praemium Imperiale honore chaque année plusieurs artistes majeurs. Dans la catégorie “sculpture”, Annette Messager a été précédée par les Français César, Louise Bourgeois, Niki de Saint-Phalle, Christian Boltanski et Daniel Buren.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Annette Messager est très peu représentée aux enchères. Seule une centaine d’oeuvres a affronté les salles de ventes en l’espace de 30 ans. L’artiste a pourtant été rapidement introduite dans des catalogues de ventes d’art contemporain en-dehors de l’Hexagone, pour conquérir les salles de Londres et de New York. Aux début des années 90′ déjà, un ensemble de Petites Effigies cotait entre 10 000 et 15 000 $ Outre-Atlantique. La rareté attisant l’envie, ces Effigies peuvent aujourd’hui passer les 50 000 $ aux enchères, comme ce fut le cas le 15 mai 2015 chez Phillips à New York. New York et Paris se disputent les meilleures pièces pour alimenter leurs ventes, d’autant que la cote d’Annette Messager à passer un cap important dans les années 2000, avec le début d’une valorisation à six chiffres, fait rare pour un artiste contemporain Français. Les pièces phares – issues des séries Effigies, Pics, Voeux – ont été fortement revalorisées ces dernières années : alors qu’il était possible d’acquérir une installation de Mes Voeux pour moins de 40 000 $ en 2005 (vente du 11 mai 2005 chez Sotheby’s à New York), il fallait débourser plus de 310 000 $ cinq ans plus tard (vente du 8 décembre 2010 chez Christie’s à Paris). Cette année, une seule œuvre d’elle fut proposée en salle de ventes : chez Cornette de Saint-Cyr à Bruxelles, le 24 avril 2016. Il s’agit d’un dessin issu de la série Truqueuse (Cheveux déposés par Annette M.), une œuvre intimiste mais tranchante, pour laquelle l’artiste donne la forme d’un couteau à un véritable cheveu. L’oeuvre, qui fut déjà ravalée à Paris en 2014, ne trouvait pas preneur malgré une estimation basse avoisinant les 2 000 $ seulement. Annette Messager n’avait pas encore obtenu son prix impérial et la prestigieuse galerie Marian Goodman n’annonçait pas encore sa prochaine exposition parisienne…