Ando Hiroshige (1797 – 1858)

[10/04/2003]

 

Avec son aîné Katsuchika Hokusai, Utagawa Hiroshige est l’un des principaux paysagistes de l’école japonaise. Vendues pour des prix abordables à l’unité, ses estampes atteignent des records lorsqu’elles restent en série.

Lorsqu’Andô Tokutarô – dont le nom d’artiste est Hiroshige ANDO – fait ses débuts, la mode est aux figures d’acteurs et aux portraits féminins. C’est auprès de son maître, Utagawa Toyohiro qu’il se familiarise avec les paysages, un genre qu’il porte à ses sommets tout comme son aîné, Katsushika HOKUSAI (1760 – 1849) qui connaît alors un immense succès avec les Trente-six Vues du Mont Fuji. L’œuvre la plus célèbre d’Hiroshige est sans conteste la série Tokaïdo Gojusan Tsuji-no Uchi : 53 estampes de la route du Tokaïdo, qui mène de Edo à Kyoto. Cette suite a été éditée une première fois en 1833-1834 mais, fort de son succès, l’artiste la reprendra à 15 reprises jusqu’en 1855. L’artiste a d’abord été reconnu en Occident. Van Gogh a apprécié ses œuvres et en a imité certaines. A l’époque, les ukiyo-e étaient abandonnés au Japon. Tout comme Monet ou Lautrec, de nombreux collectionneurs français les ont sauvés au début du XXème siècle. Leur marché s’est développé avec la mise en vente de collections prestigieuses comme celle d’Henri Vever en 1974 ou celle d’Huguette Berès en novembre 2002. Lors de cette dernière vente parisienne, 30 lots d’estampes de l’artiste ont été mis en vente.

Que trouve-t-on aux enchères ?

Durant sa carrière, Hiroshige ANDO a créé quelque cinq mille estampes. En 2002, pas moins de 121 lots d’estampes sont passés en ventes. Dans les deux tiers des cas, elles sont vendues à l’unité. Pour ces œuvres isolées, 64% des adjudications sont situées en dessous de 1 000 euros. Mais les collectionneurs sont prêts à dépenser bien plus pour des séries. Les 100 vues de Edo et les 53 stations de la route du Tokaïdo sont les plus recherchées. L’édition est très importante dans l’appréciation des prix puisque les séries à grand succès ont souvent été rééditées avec de fortes divergences de qualité. Lorsque ces albums sont complets, ils peuvent dépasser le seuil des 100 000 euros. Ainsi, l’enchère la plus chère de l’artiste revient à un ensemble de 120 estampes des 100 vues de Edo, adjugé 748 000 euros le 20 juin 2002.

Les places de marché

Depuis une trentaine d’années, les estampes japonaises tendent à retourner au Japon où s’ouvrent des musées privés. Mais le marché du très haut de gamme se situe aux Etats-Unis. Il s’y écoule 24% des estampes d’Hiroshige pour 44% du chiffre d’affaires. Avec 34% de parts de marché, le Royaume-Uni écoule aussi une grande quantité de lots prestigieux. La majorité des estampes vendues à l’unité s’écoulent en France et en Allemagne. Ces deux places de marché représentent 54% du volume de transactions entre 1999 et 2002.

Acheter / vendre

Les prix sont aujourd’hui presque deux fois supérieurs à 1997. Comme pour de nombreux autres maîtres de l’estampe japonaise, la forte poussée constatée entre 1998 et 2000 correspond à la dispersion de collections prestigieuses. Les ventes se sont multipliées et la cote des estampes japonaises a progressé de 60% sur cette période. Entre 1998 et 2000, le nombre de lots proposés aux enchères a triplé. Lors de la vente du 19 septembre 2000 à Christie’s New York, à l’image de nombreux artistes, Utagawa Hiroshige obtenait à l’époque une adjudication record : 140 000 dollars avec une série des 100 vues de Edo. Quelques jours plus tard, chez Sotheby’s Londres, un autre album complet des 100 vues de Edo s’arrachait 97 000 livres sterling (139 000 dollars). Face à une offre surabondante, le demande est devenue très sélective ; le taux d’invendus, inférieur à 5% en 1998, est passé à 16% en 2000. Néanmoins, grâce à ces très belles ventes, le marché des estampes d’Utagawa Hiroshige est désormais soutenu et régulièrement alimenté. Quand une belle pièce se présente, les collectionneurs avertis n’hésitent plus à se l’arracher. Récemment, le 18 septembre 2002, 180 000 dollars ont couronné une série des 53 stations de la route du Tokaïdo.

    Ando Hiroshige Artprice Index estampes, base 100 en janvier 1998, devise : EUR   Ando Hiroshige Nombre de lots vendus aux enchères   Ando Hiroshige Parts de marché Répartition par pays du chiffre d’affaires réalisé entre 1999 et 2002 © Artprice