Alberto Giacometti – Au plus fort de sa cote

[20/05/2007]

 

Né en octobre 1901 à Stampa en Suisse, Alberto Giacometti (1901-1966) arrive à Paris en 1922 ou il fréquente les artistes cubistes et découvre l’efficacité formelle de l’art traditionnel africain. Dès 1930, il se frotte au mouvement surréaliste, rencontre Masson et Breton, lit Freud et Bataille, réalise des objets surréalistes symboliques d’un érotisme violent. Mais la mort de son père (1933) marque une rupture et les prémices d’une mutation artistique. Il prend goût à la solitude, revient au portrait, ce qui lui vaut son expulsion du groupe surréaliste. Pendant 10 ans, il se cherche, détruit la majorité des œuvres créées, réduit considérablement les échelles (certaines œuvres tiennent dans une boite d’allumettes). Après la guerre, il développe un langage singulier peuplé de silhouettes filiformes à la matière bosselée qui signent, de son vivant, une reconnaissance internationale jamais démentie.

Paris, 2002 : une vente historique
L’année 2002 est restée dans les mémoires des amateurs de Alberto GIACOMETTI qui se donnèrent rendez-vous le 28 septembre à Paris pour la dispersion annoncée de 35 bronzes issus de la succession de l’artiste (De Ricqlès). Un tel choix de pièces était exceptionnel en une seule vacation puisqu’on compte en moyenne 25 sculptures dispersées annuellement pour l’artiste. Bien que toutes les œuvres fussent des tirages posthumes (a priori moins plébiscités que les œuvres fondues du vivant de l’artiste) la velléité des acheteurs ne fut entamée en rien.C’est La cage, première version (8 exemplaires) qui décrocha la plus belle enchère avec 1,6 million d’euros, au double de son estimation optimiste. Outre ce beau coup de marteau, 15 œuvres partirent à plus de 100 000 €.Les collectionneurs se disputèrent âprement jusqu’aux plus petites pièces : la moins chère, une Petite tête d’Ottilia de 5,1 cm trouvait preneur pour 22 000 €, tandis qu’une Figurine avec bras de 10,8 cm s’arrachait à 62 000 € et que la bataille d’enchères fit rage jusqu’à 130 000 € pour un Petit buste de Silvio (11,2×18,5×12,5 cm) préalablement estimé 30 – 40 000 €.Grâce à cette vente historique, le produit des ventes de Giacometti progressait de près de 350% par rapport à l’année 2001. Tari en œuvres majeures en 2003 et 2004, le marché de l’artiste renoue avec l’euphorie depuis 2005.

New-York, 2007 : nouveau record
La vente New-yorkaise du 9 mai de Christie’s confirme l’ascension de la cote de Giacometti. L’Homme qui chavire, un bronze fondu en 1950 a pulvérisé le précèdent record, signé en 2000 chez la même maison de vente avec Grande femme debout I, vendue pour de 13 millions de dollars. Hiératique, L’Homme qui chavire, a presque doublé son estimation haute de 8,5 millions de dollars pour s’envoler à 16,5 millions de dollars. Le même sujet était adjugé pour 2,4 millions de dollars chez Sotheby’s NY en 1998 !

La sculpture d’abord
Le marché est dominé par l’œuvre sculptée qui dégage 89% du produit des ventes pour seulement 24% des transactions. Face aux très beaux résultats récents, les œuvres de petit format (moins de 10 cm) sont-elles aussi acquises chèrement. En 2004, un heureux amateur emportait le plus petit bronze dispersé en salle des ventes pour moins de 10 000 € : une Tête de femme de 3,8 cm adjugée 6 500 £ chez Christie’s South-Kensington. En 2006, les sculptures de moins de 10 cm s’échangeaient entre 75 000 et 85 000 € !Outre l’approche sculpturale, Giacometti s’est appliqué à explorer la figure humaine dans ses huiles et ses dessins. Il s’agit essentiellement de portraits de ses proches, souvent du visage de Diego GIACOMETTI, et de quelques natures-morte. Entre 2005 et 2006, pas moins de 5 toiles ont dépassé le million de dollars !
Pour les amateurs moins fortunés, le marché offre régulièrement des dessins et regorge d’estampes (à hauteur de 56% des transactions sont des multiples). Comptez aujourd’hui entre 10 000 et 30 000 € pour un dessin au crayon. En 2006, 74 estampes furent dispersées. Parmi ces multiples, les natures mortes s’échangent entre 2 000 et 3 000 € en moyenne tandis que les bustes de femmes ou les silhouettes effilées trouvent généralement preneur entre 5 000 et 10 000 €, dès lors que les œuvres sont signées.Associé à son frère Diego, il a réalisé des accessoires d’intérieur et des éléments de luminaire qui sont considérés comme des sculptures, mais demeurent plus abordables que ses silhouettes hiératiques. La majorité des lampes et lampadaires s’échangent entre 30 000 et 100 000 € selon les dimensions et l’année de la fonte, mais un Lampadaire de près d’1,5 mètre (vers 1933) s’est tout de même envolé à 3,5 millions de francs le 3 avril 2001, l’équivalent de 533 572 € (Le Mouel), un record pour un luminaire-sculpture de l’artiste.