À suivre : une semaine de photographies à New York

[19/03/2013]

 

Aujourd’hui, le marché de la peinture est de loin le plus rentable du marché de l’art occidental (contrairement à la Chine, où la calligraphie et le dessin tiennent le haut du pavé). Les ventes de peinture représentent en effet 70 % du produit de ventes en Occident contre 2 % de parts de marché tenues par la photographie, avec 150,9 m$ de chiffre d’affaires hors frais généré en 2012. Si les chiffres globaux indiquent que la photographie est le médium le moins rentable pour les maisons de ventes, une mutation s’est néanmoins opérée et les prix de certains tirages concurrencent depuis quelques années ceux de la peinture.

En 2012, le Top 10 des enchères de la photographie affichait par exemple un résultat hors frais de 15,5 m$. Signe des temps, ce Top récompensait seulement deux artistes modernes : László MOHOLY-NAGY (1895-1946 ; Fotogramm, 1,25 m$, Sotheby’s, New York, 12 décembre 2012) et Herbert BAYER (1900-1985 ; Lonely Metropolitan, 1,25 m$, Sotheby’s, New York, 12 décembre 2012) contre cinq artistes contemporains, dont les inévitables Andreas GURSKY (à trois reprises), Richard PRINCE (à deux reprises) et Cindy SHERMAN, mais aussi GILBERT & GEORGE et Jeff WALL.
A priori, aucune œuvre contemporaine ne prétend a priori à de tels sommets lors des prochaines ventes new-yorkaises d’avril 2013 car Phillip’s, Sotheby’s et Christie’s misent avant tout sur les classiques.

Les trois sociétés de ventes profitent en effet de la tenue du salon AIPAD Photography show à New York (AIPAD : acronyme pour Association of International Photography Art Dealers, du 4 au 7 avril), l’un des évènements les plus courus au monde par les passionnés de photographie, pour organiser six ventes spéciales, dont trois sont des dispersions de collections privées.

Phillip’s ouvre les festivités le 2 avril avec The Curious Collector: Important Photographs from the Collection of Dr. Anthony Terrana, un premier volet de 165 lots, et elle reprend le marteau le lendemain avec 141 lots à vendre. Christie’s enchaîne les 4 et 5 avril, présentant aussi près de 300 lots en deux jours (vente The deLIGHTed eye: Modernist Masterworks from a Private Collection le 4 avril puis cession Photographs le 5). Sotheby’s choisit le même rythme avec un premier volet dédié à une collection américaine de photographies modernes le 5 avril et poursuit sur sa lancée le 6 avril avec une dernière cession, la veille de la fermeture de l’AIPAD Photography show.

Grâce aux forces conjointes des trois sociétés, le panorama photographique proposé en salles s’annonce aussi vaste que celui offert par l’AIPAD, car les tirages mis à l’encan couvrent tout le XXème siècle et empiètent sur le XXIème : le tour d’horizon débute avec des tirages signés Clarence H. White et Jacques-Henri Lartigue, se poursuit avec des clichés des années 1920 à 1940 d’Ansel Adams, Alfred Stieglitz ou Berenice Abbott, voyage dans les années 1950 à 1970 sous l’objectif de Peter Beard, Irvin Penn ou Robert Franck, balaye les années 1980 à 1990 avec Robert Mapplethorpe, Helmutt Newton, Sebastiao Salgado, Andy Warhol, Sally Mann et même Sophie Calle et, s’achève sur les grandes signatures contemporaines que sont Thomas Struth, Nan Goldin, Hiroshi Sugimoto, Nobuyoshi Araki ou David LaChapelle.

Durant cette semaine dédiée à la photographie, Phillip’s, Sotheby’s et Christie’s vont ainsi se relayer pour proposer près de 900 lots au total entre le 2 et le 6 avril 2013. Le flot d’oeuvres peut paraître important mais la demande est bien là. En 2012, ne se vendait-il pas deux fois plus de clichés qu’au début de la décennie ?