A New York, les ventes d’art contemporain rassurent : 34 records sur 3 jours

[24/11/2002]

 

Dans une conjoncture tendue, les ventes new-yorkaises d’art contemporain ont été plus dynamiques que les ventes d’art moderne et d’impressionnisme. Même si les sessions du soir n’ont pas été exceptionnelles, quelques belles enchères ont rassuré chez Sotheby’s et Christie’s. Il fallait attendre les deuxièmes parties des ventes, sessions moins prestigieuses que celles du soir, pour trouver de belles surprises avec des artistes en réelle progression et des records significatifs. Désormais, avec la raréfaction des pièces exceptionnelles, le marché du très haut de gamme est extrêmement sélectif.

Près de 110 millions de dollars ont été récoltés au cours des deux soirées des 12 et 13 novembre par Sotheby’s et Christie’s. Elles peuvent lancer un « ouf » de soulagement. En 2001, ces mêmes vacations ne leur avaient rapporté que 69 millions de dollars. Quelques très belles pièces des stars du pop art ont réussi à aiguiser l’appétit des collectionneurs. La plus haute enchère des ventes new-yorkaises d’art contemporain a été obtenue par Willem DE KOONING pour Orestes : 12 millions de dollars chez Sotheby’s. O Through 9 de Jasper JOHNS, estimée 6 – 8 millions de dollars, s’est arrachée 9 millions de dollars chez Christie’s. Happy Tears, adjugée 6,5 millions de dollars, est devenue la toile de Roy LICHTENSTEIN la plus chère jamais adjugée en vente publique. Néanmoins, le marteau a une nouvelle fois frappé un cran en dessous de l’estimation haute. Adjugée 4 millions de dollars chez Sotheby’s, une œuvre historique de ce maître du pop art, Step-on Can With Leg, datée de 1961, a dépassé l’estimation haute de 1 million de dollars. Mais toutes les œuvres proposées n’étaient pas aussi alléchantes.

Les habitués du devant de la scène, comme Andy WARHOL ou Gerhard RICHTER n’ont pas explosé cette fois. Aucune de leurs œuvres n’avait le niveau requis pour atteindre des prix exceptionnels. Chez Christie’s et Sotheby’s on a vu trop de pièces de Bruce NAUMAN, trop de mobiles de Alexander Milne CALDER, de fades portraits par John CURRIN, des travaux disparates de Robert GOBER rassemblés sur deux jours. Conséquence : des adjudications décevantes et beaucoup d’invendus pour ces artistes. Chez Christie’s seule fut disputée Untitled (Hand Circle), la première des 5 œuvres de Bruce Nauman mise en vente ; les quatre autres furent délaissées en dessous des estimations basses. Le sort fut identique pour les 4 pièces de Robert GOBER. Le surplus de lots tue les enchères quand la qualité n’est pas là pour attiser les convoitises.

Durant ces vacations phare, seuls les plus classiques des contemporains ont réussi à bien se vendre. Les jeunes artistes sont restés plutôt effacés. Mis à part Mark TANSEY qui place une œuvre à 900 000 dollars (voir tableau) et Takashi MURAKAMI qui égale son record de mai 2002 (380 000 dollars), les artistes nés après 1940 sont restés dans l’ombre de leurs aînés.

Il fallait attendre les vacations marathon du matin et de l’après-midi pour voir briller ces nouvelles générations d’artistes. Rien que chez Christie’s, le 14 novembre, 21 d’entre eux se sont distingués en écrasant leur précédent record. Parmi les belles performances, Lisa YUSKAVAGE, Stan DOUGLAS, Inka ESSENHIGH et Douglas GORDON ont réussi à franchir la barre des 50 000 dollars. Le résultat fut plus mitigé chez Sotheby’s : seuls 9 des 218 artistes représentés le 13 novembre ont décroché un record d’enchères.

Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire d’attendre les ventes new-yorkaises d’art contemporain pour voir apparaître des records d’artistes. Dans notre sélection des 20 premiers records établis entre le 1er septembre et le 15 novembre, la moitié a été adjugée en dehors de ces sessions. Londres et Paris sont des lieux idéaux pour propulser les nouveaux artistes en haut de l’échelle des prix. Pas moins de trois plasticiens italiens furent couronnés le 22 octobre 2002 à Londres au cours de la vente « Italian Sale 20th century art » : Alighiero BOETTI, Giulio PAOLINI et Gino DE DOMINICIS.

TOP 20 des plus importants records d’artistes contemporains* adjugés entre le 1er septembre et le 15 novembre 2002 Classement des 20 enchères les plus élevées
*artistes nés après 1940 Adjudication
(hors frais) Artiste titre Technique Vente USD 900 000  Mark TANSEY (1949) Achilles and the Tortoise (1986) Oil/canvas  New-York (12/11/02) USD 431844 Alighiero BOETTI (1940) A tempo in tempo col tempo (1983) Tapestry London (22/10/02) USD 380 000 Takashi MURAKAMI (1962) Hear a Familiar Voice (1999) Acrylic/panel New-York, (13/11/02) USD 262 191 Giulio PAOLINI (1940) Mimesi (1975-76)  Plaster London (22/10/02) USD 115 673 Gino DE DOMINICIS (1947) Untitled (1992)  Mixed Media London (22/10/02) USD 60 000 Lisa YUSKAVAGE (1962) Little Northview (2001) Oi/canvas New-York (14/11/02) USD 60 000 Stan DOUGLAS (1960) Detroit Series (1998) Photograph in colors New-York (14/11/02) USD  55 000 Inka ESSENHIGH (1969) Ozone Hole (1998) Mixed Media New-York (14/11/02) USD  55 000 Douglas GORDON (1966) The End (Bird Manof Alcatrz) (1995-2000) Print  New-York (14/11/02) USD 42 000 Marlene DUMAS (1953) Candle Burning (2000) Oil/canvas New-York (14/11/02)  USD 40 000 Laura OWENS (1970)  Untitled (1995) Acrylic New-York (13/11/02)   USD  35 066 Tim MAGUIRE (1958) Untitled (1993) Oil/paper Melbourne (08/09/02) USD 35 000 Michal ROVNER (1957) Border (1997) Photograph New-York (22/10/02); USD 35 000 Yoshitomo NARA (1959) “Q @ A” (1995) Oil/canvas New-York (13/11/02) USD 35 000 Gregory CREWDSON (1962) Beer Dreams (1998) Photograph in colors New-York (14/11/02) USD 35 000 Adam FUSS (1961) Untitled (1996) Getatin silver print New-York (25/10/02) USD 29 860 Bertrand LAVIER (1949) Peinture (1983) Acrylique/Toile Paris (26/10/02)  USD 29 384 Francesco VEZZOLI (1971) The Bitter Tears of Vera von Lehndorff (2002) Mixed Media London (21/10/02);  USD 29 000 Sharon LOCKHART (1964) Untitled (1998) Photographs in colors New-York (14/11/02) USD 27 500 Jean-Marc BUSTAMANTE (1952) Tableau N°.32 (1980) Photo Paris (16/11/02) retour au texte
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