-32% pour les ventes impressionnistes et modernes de New York

[15/11/2019]

Une sculpture futuriste qui bat des records et une toile de Gustave Caillebotte au seuil des 20m$… Certes, les chefs-d’œuvre impressionnistes et modernes se vendent au prix fort, mais le marché est en manque de trophées, d’où une baisse conséquente des résultats.

Les ventes de prestige de Christie’s et Sotheby’s ont démarré le 11 novembre avec deux catalogues impressionnistes et modernes d’une cinquantaine de lots chacun, comme à l’accoutumée. Mais cette saison s’avère bien moins fructueuse que la précédente, faute de pièces maîtresses en nombre suffisant. Le résultat cumulé de ces ventes de prestige perd un bon tiers, passant de 594,6m$ à 400,8m$, entre novembre 2018 et novembre 2019.

Les chiffres de Christie’s

La grande vente impressionniste et moderne de Christie’s se clôture sur un résultat de 191,9m$, contre une estimation globale qui se situait entre 148 et 219m$. La performance est nettement inférieure à celle de la saison précédente, suggérant un marché plus calme cet automne. En l’absence d’œuvre réellement exceptionnelle (entendons celles capables de passer les 30 millions de dollars), la performance de Christie’s accuse une baisse de 31% par rapport à sa vente impressionniste et moderne de novembre 2018, qui rapportait 279,2m$. Mais le bilan reste positif si l’on s’en tient aux attentes de la société, dont le taux de vente culmine à 90% pour le 11 novembre, avec six invendus seulement sur un total de 58 œuvres. Parmi les échecs de vente notable, une solide toile de Fernand LÉGER (La femme et l’enfant) n’a pas emportée l’adhésion des collectionneurs contre une estimation basse de 8m$.

 

René Magritte – Un chiffre d’affaires record en 2019Magritte - un chiffre d'affaires record en 2019copyright Artprice.com

Domination futuriste et surréaliste

Seules cinq œuvres étaient attendues pour passer les 10 millions de dollars chez Christie’s. Quatre y sont parvenues, dont une sculpture emblématique du futurisme et une très bonne toile de Magritte. Le 11 novembre 2019 marque ainsi le nouveau record mondial du futuriste italien Umberto BOCCIONI qui, en 1913, a glorifié le dynamisme de la vie moderne à travers son emblématique sculpture L’Homme en mouvement (Forme uniche della continuità nello spazio). La vente de ce puissant bronze de plus d’un mètre de haut était garantie, certainement à hauteur de son estimation basse de 3,8m$. Très disputée, l’oeuvre s’est finalement envolée pour 16,2m$. Ce prix, exceptionnel s’agissant d’une fonte post-mortem de 1972, s’explique par l’importance de l’œuvre dans l’histoire de l’art et par sa rareté, puisque six des 10 bronzes existants sont préservés dans des collections publiques telles que le Metropolitan Museum of Art, le MoMA et la Tate. Quatre restent en mains privées.

Une seule œuvre s’est vendue pour chère que ce Boccioni ce jour : une importante toile de René MAGRITTE, l’une des plus grandes connues de l’artiste (162 x 130 cm) intitulée Le seize septembre (1957). Le sujet, montrant un fin quartier de lune accrochée sur un arbre dans la nuit, est l’un des plus célèbre de l’artiste, et par extension de tout le Surréalisme. Attendue entre 7 et 10 millions de dollars, l’oeuvre double quasiment son estimation haute et change de mains pour 19,6 m$. Le seize septembre plante par ailleurs le quatrième meilleur coup de marteau de Magritte, après deux résultats supérieurs à 20m$ au cours des 12 derniers mois. La cote de l’artiste Belge étant au mieux (indice des prix en hausse de + 292 % depuis 2000), Sotheby’s misait sur cinq toiles de Magritte pour sa vente du 12 novembre. Seule trois se sont vendues mais la plus intéressante, La légende des siècles, a largement dépassé son estimation haute, en se vendant pour 8,6m$.

Pablo PICASSO et Camille PISSARRO passent également le seuil des 10 m$. Les enchérisseurs ont bataillé jusqu’à 10,3m$, soit 4 millions au-dessus de l’estimation haute, pour inscrire le Jardin et le poulailler chez Octave Mirbeau, Les Damps comme la quatrième œuvre la plus coûteuse de Pissarro ; et Femme dans un fauteuil (Françoise) de Picasso change de propriétaire avec une excellente plus-value, révisant son prix de 10m$ entre 2000 et 2019. Vendue pour 3,3 m$ chez Sotheby’s, New York il y a 19 ans, l’œuvre est cette fois partie, dans son estimation, pour 13,3m$.

 

Claude Monet – Un taux d’invendus inférieur à 9%Claude Monet Un taux d'invendus à moins de 9%copyright Artprice.com

Les meilleures coups de marteau de Sotheby’s

Les impressionniste et modernes au catalogue de Sotheby’s récoltent 208,9m$, contre 315,4m$ le 12 novembre 2018. Le produit de ventes accuse une perte de -34% comparé à l’an dernier mais les meilleures œuvres ont tenues leurs promesses, en l’occurrence celles de Caillebotte, Monet, Giacometti, Signac, de Lempicka, les cinq signatures vendues pour plus de 10m$ chacune le 12 novembre dernier. Pour sa première apparition aux enchères, le chef-d’oeuvre Richard Gallo et son chien Dick, affiche 19,7 m$, huit mois après que le record mondial de Gustave CAILLEBOTTE (22,1m$ pour Chemin montant, vendue par Christie’s à Londres en février 2019).

Le meilleur résultat de ces deux jours intenses revient à Claude MONET avec un paysage impressionniste Charing cross bridge cédé dans son estimation pour 27,8m$. A défaut d’être une toile exceptionnelle de l’artiste, elle cumule les ingrédients typiques du précurseur de l’Impressionnisme : fusion de l’air, de l’eau et de la vapeur des trains dans une atmosphère vibrante de couleurs au seuil de l’abstraction. Cette œuvre est désormais la vingt-deuxième plus chère de Monet, qui a passé, rappelons-le, les 110m$ cette année, grâce à une toile de la série des Meules, vendue par la même maison de ventes en mai. Le classement provisoire d’Artprice donne Claude Monet comme le grand numéro 1 mondial selon le résultat de ses ventes cumulées depuis janvier 2019. La saison automnale a manqué de trophées tels que ces Meules, mais le bilan général reste bon face à l’offre proposée.