Performance des artistes

Bien que continuellement alimenté en nouveaux travaux, le Marché de l’Art Contemporain reste largement dominé par une poignée de signatures incontournables. Les trois plasticiens les plus performants en salles de ventes, Jean-Michel Basquiat, Christopher Wool et Jeff Koons (podium qui ne s’est pas renouvelé au cours des cinq dernières années), génèrent pratiquement 19 % des recettes mondiales, tandis que les 4 268 artistes introduits cette année aux enchères cumulent à peine 2,3 % des recettes dans leur globalité.

Part de marché des 3 artistes les plus performants comparé aux nouvelles entrées aux enchères

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Juillet 2005 – juin 2016

De nombreux mouvements animent néanmoins le coeur du marché. De rapides ascensions et régressions dans le classement annuel attestent d’importants effets de mode, tendances en effet plus visibles dans les ventes d’Art Contemporain que pour toute autre période de création.

En l’espace de quelques années, de jeunes plasticiens sont parvenus à séduire les collectionneurs au détriment de signatures profondément ancrées dans le marché. Néanmoins, ils rendent cette année leur préférence aux artistes les plus établis. Les dernières performances individuelles en salles de ventes révèlent ainsi le repositionnement des collectionneurs.

Meilleures entrées

Cette année, 4 268 artistes contemporains ont enregistré un premier résultat en ventes publiques, s’ajoutant ainsi aux 8 248 plasticiens déjà actifs sur le second marché.

Alors que les montants de ces premières ventes restent généralement faibles (la moyenne se situe à 5 500 $), quelques plasticiens sont toutefois parvenus à intégrer directement le Top 500. Soit que leurs travaux présentaient un caractère de rareté et étaient attendus avec impatience par les collectionneurs, soit que leurs œuvres se trouvaient enfin mûres pour le second marché, ces nouvelles signatures ont réalisé des performances remarquables dès leur introduction en salles de ventes.

Top 5 introductions aux enchères

Artiste Produit de ventes Lots vendus Meilleur résultat
1 XU Jin (1958) 564 144 $ 1 564 144 $
2 Barry X BALL (1955) 545 000 $ 1 545 000 $
3 Ella KRUGLYANSKAYA (1978) 431 878 $ 6 131 000 $
4 JIANG Zhenxin (1974) 388 161 $ 1 388 161 $
5 Pamela ROSENKRANZ (1979) 232 459 $ 6 61 574 $
Juillet 2015 – juin 2016 / © artprice.com

Aucune pièce du sculpteur américain Barry X Ball (1955) n’était passée aux enchères jusqu’à ce que la maison Christie’s mette finalement en vente Sleeping Hermaphrodite (2008-2010), une pièce unique en marbre noir remportée pour 545 000 $ (le 10 mai 2016 à New York). De même, le marché chinois a montré un vif intérêt pour l’arrivée sur le second marché d’une première toile de Xu Jin (1958) et d’un premier dessin de Jiang Zhenxin (1974), qui dépassent tous deux d’emblée les estimations.

Les entrées sur le second marché des deux jeunes peintres, Ella Kruglyanskaya (1978) et Pamela Rosenkranz (1979), sont chacune à leur manière tout à fait remarquables. La première, d’origine lettone et représentée par l’influente galerie Gavin Brown Enterprise, se hisse à la 322ème position du classement des artistes contemporains, grâce à six premières œuvres échangées aux enchères. Elle ne compte par ailleurs aucun invendu. Son arrivée sur le second marché coïncide avec sa première grande rétrospective à la Tate Liverpool (du 18 mai au 18 septembre 2016). La Suissesse Pamela Rosenkranz connaît elle aussi un succès fulgurant en salles de ventes depuis sa participation à la 56ème Biennale de Venise. Cinq de ses toiles ainsi qu’une reproduction ont été adjugées à Londres dans les trois plus prestigieuses maisons : Christie’s, Sotheby’s et Phillips.

Nés après 1980

Depuis cinq ans, la génération d’artistes nés dans les années 1980 s’impose en salles de ventes. Appuyés par les plus puissantes galeries, ces jeunes plasticiens atteignent des niveaux de prix tout à fait inimaginables il y a cinq ans. Ce marché, au plus proche de la création artistique et des dernières tendances, enregistre des variations de prix particulièrement amples et rapides, desquelles certains tentent habilement de tirer profit.

Beaucoup d’œuvres d’artistes de cette génération se découvrent étonnamment fraîches. Certaines réalisées il y a moins d’un an circulent déjà sur le second marché, indicateur de la mutation profonde et historique du Marché de l’Art Contemporain que décrivent Artprice et ses sociologues. La volatilité des prix rend la cote de ces jeunes plasticiens particulièrement sensible aux périodes économiques creuses, et les performances de ces nouvelles stars pâtissent parfois des hésitations actuelles du marché.

Top 5 artistes nés après 1980 en Occident

Artiste Origine Galerie (sélection) Produit 2015/16 Produit 2014/15 Variation
1 Tauba AUERBACH (1981) USA Paula Cooper 6 085 090 $ 7 782 001 $ -22%
2 Oscar MURILLO (1986) COL David Zwirner 1 281 239 $ 3 214 632 $ -60%
3 Alex ISRAEL (1982) USA Gagosian 961 770 $ 4 107 031 $ -77%
4 Harold ANCART (1980) BEL Clearing 588 615 $ 686 414 $ -14%
5 David OSTROWSKI (1981) GER Simon Lee 460 584 $ 3 220 531 $ -86%
Juillet 2015 – juin 2016 / © artprice.com

Quelques artistes de cette génération ont néanmoins été révélés au cours des 12 derniers mois. Parmi eux, le Belgo-Américain Harold Ancart (1980) et les Américaines Petra Cortright (1986) et Math Bass (1981) génèrent respectivement 588 000 $, 389 000 $ et 368 000 $ de produit de ventes aux enchères. Ils entrent tous les trois cette année dans le Top 500.

Sans surprise, les grandes capitales du Marché de l’Art concentrent l’essentiel des recettes de ces jeunes artistes : Londres (31 %) et New York (26 %) en sont les plus avides, tandis que Pékin (13 %) et Hong Kong (7 %) mènent les ventes en Chine. Enfin, grâce à une scène artistique jeune et bouillonnante, les Philippines se sont taillé une place de choix sur ce nouveau marché. L’an dernier, 67 œuvres de peintres nés après 1980 y ont été adjugées pour un total supérieur à 1,1 m$. La cote de Jigger Cruz (1984) s’est particulièrement envolée : Blares of the Opposite (2013), achetée 24 000 $ chez Sotheby’s Hong Kong en 2013 a été adjugée 122 000 $ chez Leon Gallery à Manille le 5 décembre 2015.

Progressions remarquables

Plusieurs jeunes artistes ont enregistré de solides résultats au cours des 12 derniers mois. Résistants à la contraction du marché, ils prouvent que leur popularité tient à bien plus qu’un effet de mode.

Évolution (sélection) dans le Top 500

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Juillet 2008 – juin 2016

En l’espace de quatre petites années, le peintre roumain Adrian Ghenie (1977) est devenu l’une des signatures les plus prisées du marché de l’art. Il rejoint en 2013 la Pace Gallery puis, deux ans plus tard, Thaddaeus Ropac. Mais c’est sa participation très remarquée à la Biennale de Venise en 2015 qui l’a véritablement propulsé sur le devant de la scène contemporaine. Ses ventes ont naturellement explosé au cours des 12 mois qui suivirent. Son récent record en salle de ventes atteste de l’immense intérêt du marché pour son travail :

4,5 m$ pour The Sunflowers in 1937 (2014) (Sotheby’s Londres le 10 février 2016). Il passe subitement de la 62ème à la 15ème place dans le classement des artistes contemporains par produit de ventes.

L’Américain Mark Bradford réalise lui aussi une très bonne opération en totalisant plus de 16 m$ cette année encore. Il réalise la 13ème meilleure performance de l’année grâce notamment à une vente à 5,8 m$ le 14 octobre 2015 chez Phillips Londres.

Évolution (sélection) dans le Top 50 des artistes contemporains

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Juillet 2008 – juin 2016

On assiste cette année au grand retour du Japonais Yoshitomo Nara (n°6), de l’Italien Rudolf Stingel (n°7) et de l’Allemand Anselm Kiefer (n°10) parmi les artistes contemporains les plus performants du marché. Tous trois se hissent plus haut que jamais dans le classement grâce à des ventes en nette progression : +74 %, +11 % et +27 %.

Figures majeures, présentes depuis longtemps déjà sur le second marché, ces artistes sont ceux vers lesquels reviennent les collectionneurs. Ils se présentent plus que jamais comme de robustes investissements. Leurs prix n’ont pas fléchi au cours des dix dernières années et la demande s’est toujours montrée à la fois forte et internationale.