Le Top du surréalisme

[10/03/2017]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Le classement révèle cette semaine les 10 œuvres surréalistes les plus couteuses de l’histoire des enchères.

Salvador Dali, René Magritte, Paul Delvaux, Max Ernst, André Masson, Man Ray, Joan Miro, Giorgio De Chirico, Jean Arp, Yves Tanguy, Victor Brauner, Oscar Dominguez, Wifredo Lam, Leonora Carrington, Joseph Cornell, Leonor Fini, Paul Klee… autant d’artistes essentiels dans l’édifice Surréaliste, autant de signatures phares des plus grandes collections de l’art du XXème siècle.

Rang Artiste Adjudication œuvre Vente
1 Joan MIRO (1893-1983) 36 955 820 $ Peinture (Etoile Bleue) 19/06/2012 Sotheby’s Londres
2 Joan MIRO (1893-1983) 26 590 649 $ Painting Poem (Le corps de ma brune puisque je l’aime comme ma chatte habillée en vert salade comme de la grêle c’est pareil) 07/02/2012 Christie’s Londres
3 Joan MIRO (1893-1983) 23 413 411 $ Painting (Women, Moon, Birds) 04/02/2015 Christie’s Londres
4 Salvador DALI (1904-1989) 21 673 805 $ Portrait de Paul Eluard 10/02/2011 Sotheby’s Londres
5 René MAGRITTE (1898-1967) 17 926 044 $ “La corde sensible” 28/02/2017 Christie’s Londres
6 Joan MIRO (1893-1983) 17 065 000 $ La caresse des étoiles 06/05/2008 Christie’s New York
7 Salvador DALI (1904-1989) 16 322 500 $ Printemps nécrophilique 02/05/2012 Sotheby’s New York
8 Max ERNST (1891-1976) 16 322 500 $ The Stolen Mirror 01/11/2011 Christie’s New York
9 Giorgio DE CHIRICO (1888-1978) 14 162 290 $ Il Ritornante 23/02/2009 Christie’s Paris & Pierre Bergé Paris
10 Joan MIRO (1893-1983) 13 794 000 $ “L’Oiseau au plumage déployé vole vers l’arbre argenté” 04/02/2015 Christie’s Londres
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Artprice réalisait déjà un classement sur le mouvement Surréaliste en 2011. A l’époque, Salvador DALI, autoproclamé « le plus surréaliste des surréalistes », tenait la première place du Top, avec un Portrait de Paul Eluard vendu 21,6 m$ contre une estimation de 5-8 m$ (vacation Sotheby’s Londres du 10 février 2011). Ce petit portrait bouleversait alors les classements mondiaux en détrônant Joan MIRO de quelques millions… Si le record absolu dalinien n’a pas été rafraichi, Miro l’a largement supplanté depuis, avec trois chefs-d’oeuvre vendus plus de 20 m$ chacun, entre 2012 et 2015. Le record absolu du surréalisme revient donc à Miro, à hauteur de 36,9 m$ pour Peinture (Etoile Bleue) vendue en juin 2012 chez Sotheby’s à Londres. Cette œuvre signait déjà un record en 2007 chez Claude Aguttes à Paris, au prix de 13,4m$. En cinq ans, le prix de l’Etoile bleue fut ainsi multiplié par 2,7, stimulé par l’intense appétit des acheteurs pour les valeurs sûres.

Miro aurait tenu, non pas cinq, mais six places du classement sans la vente Surréaliste de Christie’s, le 28 février dernier à Londres. Une toile de René MAGRITTE, La corde sensible, ornait la couverture du catalogue, et pour cause : cette œuvre de 1960, mesurant 114 x 146 cm affichait un bijou poétique jamais passé aux enchères précédemment. Une pièce de musée dont le sujet, un délicat verre à pied surmonté d’un onctueux nuage pour former un arbre dans le paysage, conquit les amateurs jusqu’au prix final de 17,9m$, montant du nouveau record de l’artiste. Une lithographie en couleurs à été éditée sur 300 exemplaires d’après cette peinture. Elle se vend entre 200 et 300$ en moyenne en salle.

Moins-values-plus-values

Le cinquième artiste du classement, Max ERNST illustre combien les chefs-d’oeuvre Surréalistes peuvent emballer les grands collectionneurs bien au-delà du prix « marché ». En 2011, un nouveau record était planté à hauteur de 16,3 m$ pour une toile de Ernst, The Stolen Mirror (1941), estimée 10 millions en-deçà de son résultat final… l’importance de ce record étourdissait le public présent lors de sa vente à New York en quadruplant quasiment le précédent sommet de l’artiste. Malheureusement, le nouveau propriétaire dû rapidement se défaire du chef-d’œuvre, qui repassait en vente à Londres en février 2016, accusant alors une moins-value de 5,3m$…

Les décotes restent rares sur ce mouvement très porteur. Le marché enregistre plus fréquemment de belles plus-values, à l’image du récent record mondial de Hans ARP, établi le 1er mars 2017 chez Sotheby’s, à hauteur de 4m$ pour un Torse en marbre blanc de 1931, acheté moins d’un million de dollars en 2011 (986 500 $ lors de la vente de Christie’s à New York le 4 mai 2011).

La qualité de l’offre pourrait permettre de rafraîchir de nouveaux records, dont celui d’Yves TANGUY qui n’a pas été renouvelé depuis 12 ans (7,5m$, Les derniers jours, Christie’s Londres, 7 février 2005). Pourtant la cote de Tanguy progresse indéniablement, 100 $ investis en 2000 dans l’une de ses oeuvres valant en moyenne 446 $ (+346%) aujourd’hui. Inspirateur de Dali, Tanguy fut le premier surréalistes à partir à la conquête de New York et fut fermement soutenu à Londres, notamment par la galerie Guggenheim-Jeune qui lui organisait une première exposition personnelle sur Bond Street en 1938. Aujourd’hui, ses ventes sont toujours actives à Londres et à New York. Il en va ainsi pour tous les surréalistes, activement recherchés par les grandes sociétés de ventes pour garnir les catalogues de New York et de Londres en priorité. L’Italie (avec Giorgio de Chirico) et la France restent bien positionnées sur ce secteur, offrant des œuvres souvent plus abordables qu’elles ne le sont sur les deux grandes capitales du marché.