Le Top Belgique

[01/09/2017]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, Artprice analyse les meilleures enchères de l’année enregistrées du côté de la Belgique.

Rang Artiste Adjudication ($) œuvre Vente
1 James ENSOR (1860-1949) 845 972$ Les ballerines 11/03/2017 De Vuyst, Lokeren
2 René DANIELS (1950) 598 688$ La maison 11/03/2017 De Vuyst, Lokeren
3 Emile CLAUS (1849-1924) 321 348$ La Tamise et Waterloo Bridge à Londres 20/05/2017 De Vuyst, Lokeren
4 René DANIELS (1950) 286 329$ Une salle au-dessus du Pacifique 11/03/2017 De Vuyst, Lokeren
5 Fernando BOTERO (1932) 260 299$ La nonne 11/03/2017 De Vuyst, Lokeren
6 Pietro FABRIS (act.1756-1792) 219 483$ Fête de village près de Naples, le Vésuve à l’arrière-plan 23/05/2017 Campo & Campo, Anvers
7 Willem Bastiaan THOLEN (1860-1931) 200 843$ Après l’averse 20/05/2017 De Vuyst, Lokeren
8 James ENSOR (1860-1949) 182 209$ Fleurs et fruits 11/03/2017 De Vuyst, Lokeren
9 LE DOUANIER ROUSSEAU (1844-1910) 177 200$ Baron Daumenil 28/06/2017 The Bru Sale, Bruxelles
10 Pol BURY (1922-2005) 160 674$ Fontaine 20/05/2017 De Vuyst, Lokeren
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La Belgique s’impose comme la 13 ème place de marché mondiale pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères (44,4m$ de résultat en 2016 pour plus de 15 000 œuvres vendues). Avec un marché intérieur porté par le dynamisme de sociétés de ventes aux enchères telles que De Vuyst, Campo & Campo, The Bru Sale ou Horta, mais aussi par les français Cornette de Saint Cyr et Pierre Bergé, les collectionneurs internationaux ont accès à des artistes européens majeurs. Les meilleures adjudications mettent majoritairement à l’honneur des artistes belges et néerlandais, à travers James Ensor, Emile Claus, Willem Bastiaan Tholen, René Daniels et Pol Bury… La société De Vuyst se distingue ici nettement : on lui doit la moitié des résultat de ce classement, grâce à une vacation particulièrement réussie organisée le 11 mars dernier. Ce jour là René Daniels signait son record absolu.

Fortement inspiré par René Magritte, Marcel Broodthaers et Marcel Duchamp, nourri de musique punk, René Daniels a développé sa carrière artistique sur le modèle de celui d’une Pop star. Célébré dans les années 80′, il a connu un début de carrière fulgurant stoppé nette par un accident vasculaire cérébral advenu en 1987. Il fallut attendre 20 ans pour que Daniels reviennent à la création. C’était en 2007, et son retour sur la scène artistique fut immédiatement salué par les collectionneurs Belges. Le marché des enchères s’éveilla d’un long sommeil. Aujourd’hui, les performances de Daniels n’ont jamais été si probantes : les 831 000 $ d’oeuvres vendues sur le premier semestre de l’année 2017 signent un record absolu, doublant les performances affichées l’an dernier.

Cette performance tient à deux toiles vendues bien au-delà des estimations, chez De Vuyst, le 11 mars dernier : La Maison (1986) estimée autour de 100 000 $ et finalement cédée pour près de 600 000 $ frais inclus, le prix le plus élevé pour cet artiste en vente publique, et Une salle au-dessus du Pacifique (1984) estimée moins de 100 000 $ et partie pour 286 000$.

Lors de cette même vente, la ferveur se portait aussi sur une huile sur toile de James Ensor, Les Ballerines (1908), emportée pour 845 000 $ frais inclus, contre une estimation haute équivalente à 490 000$. Pas moins de 17 œuvres de James Ensor ont été attribuées lors de cette vente : des gravures tant que des dessins, des aquarelles et des peintures. Deux autres esprits avant-gardistes se distinguent au classement : Emile Claus, proche de la veine impressionniste, et Pol Bury, ancrée dans l’abstraction cinétique.

Emile Claus est une signature essentielle de la modernité Belge. Après avoir interrogé les techniques du Sidaner et de Monet, il a conjugué le réalisme photographique et l’Impressionnisme pour créer le Luminisme. En 1904, il fondait le cercle Vie et Lumière auquel ont participé Ensor et Georges Lemmen. Célébré de son vivant, il a bénéficié de grandes expositions internationales à Paris, Venise, Barcelone, où son œuvre fut accueillie avec enthousiasme. Emile Claus incarne le nouvel impressionnisme flamand et séduit les musées qui acquièrent ses œuvres (notamment les musées de Tournai, de Liège et de Bruxelles). Troisième meilleure enchère au classement, La Tamise et Waterloo Bridge à Londres (1918) devient la neuvième œuvre de Claus la plus chèrement vendue aux enchères. Certaines toiles plus mineures sont régulièrement proposées entre 5 000 et 15 000 $ en Belgique, aux Pays-Bas mais aussi au Royaume-Uni, où l’artiste s’est réfugié quelques années pendant la guerre.

L’art de Pol Bury est ancré dans une autre époque, celle de la seconde moitié du XXème siècle. Artiste cinétique d’une grande inventivité, proche de Magritte et du groupe Cobra à ses débuts, Bury a tracé son propre sillon, celui d’un art en mouvement. Il connait ses heures de gloire dans les années 60′ : représente la Belgique à la Biennale de Venise en 1964 et expose à New York où il s’installe et rencontre celle qu’il épousera,Velma. C’est aussi l’époque des premières fontaines animées par des moteurs hydrauliques. Chantre d’une abstraction en mouvement, Pol Bury est particulièrement demandé par les collectionneurs belges et français. Sur ce marché dynamique, porté par un indice de prix haussier de + 445 % depuis 2000, certaines sculptures sont accessibles pour moins de 30 000 $. Pol Bury est encore un artiste abordable mais dont les meilleures œuvres sont soumises à un certain enthousiasme. Il signait, en mai dernier, la septième meilleure adjudication de son histoire aux enchères, avec une fontaine sculpturale disputée à plus de 131 000$, soit plus de 40 000$ au-dessus de l’estimation haute fournie par De Vuyst.