Les artistes contemporains de moins de 30 ans.

[03/02/2012]

 

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thèmes. Cette semaine : les dix meilleures adjudications en 2011 des artistes de moins de 30 ans.

En 2011, l’art contemporain pesait près de 12% du marché fine art avec 1.2M$ de ventes, mais moins de 1% de cette somme est réalisée par les jeunes artistes ultra contemporains (moins de 30 ans). Artprice faisait état en 2010 (Les artistes de moins de 30 ans) d’une scène émergente encore abordable. Qu’en est-il aujourd’hui de ces artistes à peine sortis de l’école et qui atteignent déjà des sommets aux enchères. ?

Top 10 : les dix meilleures adjudications en 2011 des artistes de moins de 30 ans.

Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Jacob KASSAY 240000$ Untitled (2009) 12/05/2011 (Phillips de Pury & Company NY)
2 Jacob KASSAY 210964$ Untitled (2010) 12/10/2011 (Phillips de Pury & Company LONDON)
3 Jacob KASSAY 191568$ Untitled (2009) 27/06/2011 (Phillips de Pury & Company LONDON)
4 Jacob KASSAY 188040$ Untitled (2009) 13/10/2011 (Sotheby’s LONDON)
5 Jacob KASSAY 170000$ Untitled (2010) 07/11/2011 (Phillips de Pury & Company NY)
6 Jacob KASSAY 150000$ Untitled (2009) 09/11/2011 (Christie’s NEW YORK NY)
7 Flore SIGRIST 97495$ Dyptique (2010) 11/10/2011 (Artcurial (S.V.V.) PARIS)
8 KAO Yu 96348$ Five hundred years of solitude (2006) 16/07/2011 (Xiling Yinshe Auction HANGZHOU)
9 Jacob KASSAY 85000$ Untitled (2010) 08/11/2011 (Phillips de Pury & Company NY)
10 LI Qing 80340$ Find Discrepancies No.9 (2005) 02/06/2011 (Poly International Auction Co.,Ltd)

Jacob Kassay – La star des moins de 30 ans.
Sur les dix plus belles enchères de cette catégorie, sept sont signées de la main d’un artiste encore inconnu en salles des ventes jusque fin 2010 : Jacob Kassay.
L’ascension de Jacob KASSAY est fulgurante : diplômé de l’université d’état de Buffalo en 2005, signé par la galerie Eleven Rivington en 2008, et un solo show en 2009 où, dit-on, toutes les œuvres furent vendues avant même l’ouverture. Une de ces œuvres, justement, se retrouve en salle en novembre de l’année suivante : la toile Untitled (2009) mise aux enchères chez Phillip’s de Pury et Co avec une estimation déjà optimiste de 6 – 8 000 $ (plus du double du prix payé quelques mois plus tôt en galerie), est partie finalement à 70 000 $, réalisant la meilleure première enchère pour un artiste contemporain et la meilleure enchère pour un artiste de moins de 30 ans aux Etats-Unis en 2010… les qualificatifs « laudatifs » s’accumulent sur un seul coup de marteau et tous les yeux se tournent vers ce « nouveau né » du marché de l’art.
Les rumeurs les plus folles suivent ce coup de marteau, on raconte même que la Pace Gallery s’intéresserait à l’artiste et aurait fait monter les enchères pour s’assurer les services du jeune artiste.
En 2012, sa cote ne faiblit pas : sur les douze œuvres présentées, 11 partaient au delà de l’estimation haute.
En mai 2011, l’œuvre Untitled (2009) partait au quadruple de son estimation basse à 240 000 $ et bénéficiait même de l’éclat d’une session du soir chez Phillip’s de Pury et Co., avoisinant une Liz de Warhol et une Nurse de Prince. L’œuvre issue directement du studio de l’artiste, est emblématique de son travail. Inspiré par les œuvres de Ryman ou de Soulages, l’artiste, à travers une technique complexe, donne vie à des peintures irrégulières tels des miroirs opaques.
Quelques jours plus tard, cette fois-ci à Londres, mais toujours chez Phillip’s De Pury & Co, l’œuvre Untitled (2009) part à 191 568 $. Les six plus belles adjudications de Jacob Kassay furent réalisées pour des œuvres de 122 X 94 cm réalisées entre 2009 et 2010 : elles combinent la peinture et la « silver gelatin » afin de créer une texture entièrement nouvelle et unique. Toujours à Londres, une œuvre semblable partait quelques mois plus tard pour 210 694 $, triplant à nouveau son estimation haute ! L’œuvre Untitled (2010) passait en salles des ventes moins d’un an après sa création !
Entre la fin octobre et début novembre, entre Londres et New York, et entre Sotheby’s, Christie’s et Phillip’s, trois œuvres de l’artiste partaient encore pour plus de 150 000 $. (Untitled (2009), Untitled (2010) et Untitled (2009)). Malgré des estimations de plus en plus poussées (certaines allant jusque 150 000$), les œuvres de l’artiste n’ont connu aucune décote, et pas une seule ne s’est vendue moins de 24 000$ sur les 10 derniers mois. Même les petits formats (35 x 25cm) se vendent entre 30 000 et 80 000 $. Ce fut d’ailleurs le cas de la septième plus belle enchère de l’artiste de ce classement et neuvième enchère de l’année pour un artiste de moins de 30 ans avec l’œuvre Untitled (2010) vendue début novembre à New York pour 85 000 $, composée de deux petits formats de 33×225 cm.
A moins de 27 ans, l’artiste a déjà vu ses œuvres présentées en salles des ventes entre Prince et Basquiat, exposées chez Gagosian à coté d’Andy Warhol, à la biennale de Gwangju ou encore lors de Art Basel. Le plus difficile pour le jeune prodige américain va sûrement être de maintenir sa cote. Le marché de l’art déborde, en effet, de chutes vertigineuses après des ascensions fulgurantes. Quelques lots (8 exactement) après le record de Jacob Kassay en mai à New York, une œuvre n’attirait pas même une seule enchère, la signature sur cette oeuvre indiquait : Damien Hirst!

Deux Chinois et une Française pour compléter le classement.
L’artiste Flore SIGRIST n’était âgée que de sept ans quand elle commence à peindre et à peine plus quand elle suscite l’attrait de nombreux collectionneurs. Cette jeune artiste franco-suisse ne compte pas sur l’appui de puissantes galeries mais fait son entrée aux enchères en 2011 directement au sommet. Deux œuvres furent présentées cette année, et l’œuvre Dyptique (2010) vendue pour 97 945 $ se hisse à la septième place de ce classement. Son travail, qualifié « d’impressionnisme abstrait », mêle aux tourbillons des formes et des couleurs une poésie esthétique. Sur les deux œuvres présentées par l’artiste lors de la vente d’Artcurial du 11 octobre 2011, il faut reconnaître à la maison de vente française un grand talent promotionnel. Un commentaire de Alain Renner (commissaire priseur de la maison rivale Sotheby’s) accompagnait de manière très élogieuse les deux œuvres et suggérait un réel attrait de « grands collectionneurs américains, russes, chinois et européens » pour le travail de l’artiste. Il semblerait que cette attrait énoncé ait suscité l’appétit des collectionneurs français qui ont déboursé près de 160 000 $ au total pour les deux œuvres présentées.

Les artistes Chinois KAO Yu et LI Qing avaient déjà connu des performances exceptionnelles sur le marché de l’art en 2010 avec respectivement 800 000 $ et 209 000 $ de produits des ventes. En 2011, le produit des ventes de Gao Yu chutait de moitié (477 000$) et celui de Li Qing n’évoluait que de quelques poignées de dollars (269 000$). Mais les deux artistes comptèrent néanmoins de très belles adjudications, dont celles classées respectivement à la 8ème et la 10ème place des 10 plus belles enchères de l’année 2011 pour un artiste de moins de 30 ans.
L’artiste Gao Yu arrive dès ses 22 ans sur le marché de l’art, et multiplie un modèle déjà testé par ses prédécesseurs (dont Andy Warhol) du lien entre art et publicité (il réalise d’ailleurs en 2010 une bouteille pour la marque de vodka Absolut, qui avait 25 ans auparavant offert la même possibilité à un autre artiste : Andy Warhol!). L’œuvre Five hundred years of solitude (2006) réalise la 8ème plus belle enchère de l’année, avec une adjudication à 96 348$, et continue d’alimenter un marché déjà très haut de gamme pour l’artiste (75 % de ses œuvres partent au dessus de 20 000$ depuis 2009) initié dès 2010 avec deux adjudications au delà des 130 000 $.
Li Qing obtient, tout juste sorti de l’école, un solo show dans la galerie F2 à Pékin en 2006, et signe, à peine quelques mois plus tard, son premier résultat d’adjudication en 2008. Le travail de l’artiste le plus connu est sans doute la série « the differences » où il peint cote à cote deux toiles similaires (à quelques erreurs près : les fameuses différences) réalisées de sa main, propulsant le spectateur, à travers un jeu enfantin et familier, dans une exploration conflictuelle de l’œuvre a double battant. Ce n’est donc pas une surprise de retrouver en tête de ses adjudications cette année et à la dixième place de notre classement une œuvre de cette série : Find Discrepancies No.9 (2005) adjugée 80 340$ à Pékin le 2 juin dernier.

Alors qu’à cet âge là, la plupart des artistes s’activent à décrocher une première exposition, le problème de ces précoces du marché de l’art n’est plus d’obtenir une cote mais de maintenir celle-ci. Une mission difficile dans l’état actuel du marché de l’art, aussi propice à la surenchère qu’à l’oubli. Sur les 8 artistes présents dans ce classement au premier semestre 2010 (Les artistes de moins de 30 ans), seul un réussit à obtenir cette année une meilleure enchère.