Le Top des artistes Philippins

Le vendredi c’est top! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement thématique afin de découvrir les plus importantes pièces adjugées en salles de ventes. Cette semaine, le classement fait le point sur les performances des artistes d’origine Philippine, où la cote des artistes du Xxème siècle s’ancre sur la scène internationale.

Depuis quelques années, le marché des artistes Philippins bénéficie d’une vitalité renouvelée, passant par l’essor du marché intérieur Philippin et par la diffusion de ces mêmes artistes dans les ventes de Hong Kong à vocation plus internationales (Christie’s et Sotheby’s notamment). Porté par une leur situation géographique stratégique au carrefour de Hong Kong, Taïwan et Singapour, le marché de l’art Philippin a fait un bond spectaculaire l’année dernière, avec un chiffre d’affaires en hausse de 92% (un peu moins de 1 200 lots vendus sur l’ensemble de l’année 2015, pour un produit de ventes global de 32,8m$). Au terme de l’année 2015, les Philippines se sont imposées comme la 17ème place de marché mondiale pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères, derrière la Belgique ! Ce formidable essor se reflète aussi dans l’augmentation du prix des œuvres vendues au sein du marché intérieur, le prix moyen étant supérieur à 28 000$ contre moins de 6 000$ au Japon par exemple. Les récents résultats témoignent aussi d’une appétence renouvelée pour l’art du XIXème jusqu’aux années 1980, des valeurs historiques qui prennent parfois le pas sur la création ultra-contemporaine.

Juan Luna y Novicio (1857-1899) 

La revalorisation en cours des artistes historiques passe par le meilleur résultat du Top10, celui de Juan Luna y Novicio à plus d’1m$, pour une toile figurative de 1885, vendue chez Salcedo Auctions à Makati le 19 septembre 2015. Ce résultat impressionnant ne tient pourtant pas le record absolu de l’artiste, car le discret Juan Luna y Novicio a déjà passé les 3,3 m$ en 2013 à Hong Kong, pour une toile symbolique où deux femmes incarnant l’Espagne et les Philippines gravissent ensemble un escalier vers la lumière (España y Filipinas, 1884, Sotheby’s, 5 octobre 2013). Formé en Europe, l’artiste explora les grands sujets en vogue à la fin du XIXème siècle, dont les nus féminins et les sujets historiques ou symboliques. Reconnu comme l’un des premiers grands artistes Philippins, Juan Luna y Novicio affiche un marché actif en France, en Espagne, en Suisse, en Belgique et aux Etats-Unis, en plus des places de marché asiatiques.

Fernando Zobel de Ayala (1924-1984) 

Né à Manille, éduqué en partie aux Etats-Unis et citoyen espagnol, Fernando Zobel de Ayala est actuellement l’un des artistes philippins les plus convoités, et cet élan n’est pas neuf. Fernando Zobel de Ayala avait plusieurs cordes à son arc : homme d’affaires, collectionneur et artiste, il a su partagé son enthousiasme pour l’art moderne auprès des Philippins, fréquentant ses compatriotes créatifs une fois de retour à Manille dans les années 50′. Profondément marqué par l’oeuvre de Mark Rothko et par l’art chinois et japonais, l’artiste se situe au carrefour de plusieurs cultures. De fait, son œuvre voyage bien en Orient comme en Occident. Le marché hongkongais s’est littéralement emballé sur ses œuvres il y a trois ans, lors de la présentation d’une toile abstraite intitulée Hattecvm, estimée 100 000$ par Sotheby’s et finalement vendue plus d’1m$ le 6 avril 2013. Le mois suivant, même emballement chez Christie’s, cédant l’oeuvre Aracili à plus de 900 000$… deux ans après l’explosion de ses prix à Hong Kong, son succès s’est confirmé à Makati, avec deux œuvres figuratives de 1953, respectivement vendues 590 000 $ (Seated Man (Nothing III)) et 635 880 $ (Garden Window with a Trumpet) le 6 février 2015 chez Leon Gallery. Et puisque Fernando Zobel de Ayala eut des liens forts avec les Etats-Unis et l’Espagne, la demande pourrait encore y monter en puissance, car les acteurs du marché surveillent l’évolution de ses prix…

Le marché est aussi porteur pour Vicente Silva Manansala (1910-1981), dont le record fut frappé l’an dernier à plus de 536 000$, pour une toile de la fin des années 60′ (Golden Harvest), et pour Fernando Amorsolo (1892-1972), l’un des artistes les plus populaires aux Philippines, l’un des plus prolifiques aussi (il pouvait achever dix toiles par mois).

L’américano-philippin Alfonso Ossorio (1916-1990) clos enfin le classement. Ce grand ami de Jackson Pollock, dont il collectionna les œuvres, était aussi un féru d’Art Brut. Il acheta même un immense terrain à East Hampton pour héberger les collections d’Art brut de Dubuffet entre 1953 et 1962. Ses liens forts avec l’art américain et français font de lui l’un des artistes philippins les mieux connus sur la scène internationale. Il a d’ailleurs enregistré des records à Paris plutôt qu’à Makati (record absolu équivalent à 345 000$ pour The Skull, vendue le 3 décembre 2014 chez Christie’s Paris) et a passé, pour la première fois, les 100 000 $ à New York l’année dernière (vente du dessin Fourth of July pour 112 500 $, le 29 septembre 2015, chez Sotheby’s New York).