Le Top des artistes espagnols

[02/09/2016]

Le vendredi, c’est Top ! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Cette semaine, nous vous livrons les 10 meilleures enchères espagnoles de la décennie.

L’Espagne est reléguée à la 23 ème place de marché mondiale pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères, avec un résultat annuel de 21 m$ emporté l’an dernier. Elle se classe ainsi derrière la Hongrie, la République Tchèque, la Pologne ou encore la Turquie… Pourtant, l’artiste le plus coté du monde est né en Espagne.

Top 10 chefs-d’œuvres espagnols (S2 2006 – S1 2016)
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Pablo PICASSO 179 365 000$ Les femmes d’Alger (Version ‘O’)
(1955)
11/05/2015,
Christie’s New York NY
2 Pablo PICASSO 106 482 500$ Nude, Green Leaves and Bust
(1932)
04/05/2010,
Christie’s New York NY
3 Pablo PICASSO 67 450 000$ La Gommeuse (1901) 05/11/2015,
Sotheby’s New York NY
4 Pablo PICASSO 67 365 000$ Buste de femme (Femme à la résille)
(1938)
11/05/2015,
Christie’s New York NY
5 Pablo PICASSO 63 220 335$ Femme assise (1909) 21/06/2016,
Sotheby’s Londres
6 Juan GRIS 57 006 495$ Nature morte à la nappe à carreaux
(1915)
04/02/2014,
Christie’s Londres
7 Pablo PICASSO 51 373 651$ Portrait d’Angel Fernandez de Soto (1903) 23/06/2010,
Christie’s Londres
8 Pablo PICASSO 44 964 025$ Femme assise près d’une fenêtre
(1932)
05/02/2013,
Sotheby’s Londres
9 Pablo PICASSO 41 522 500$ Nature Morte Aux Tulipes
(1932)
08/11/2012,
Sotheby’s New York NY
10 Pablo PICASSO 40 693 943$ La lecture (1932) 08/02/2011,
Sotheby’s Londres
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Faut-il rappeler combien le marché de l’art mondial est absolument dominé par un artiste espagnol ? Car Pablo Picasso n’est pas seulement l’artiste le plus cher de l’histoire des enchères, c’est aussi le seul et l’unique artiste dont trois œuvres se sont envolées au-dessus du seuil des 100 millions de dollars en ventes publiques. Sur la dernière décennie, l’incroyable Picasso a emporté tous les suffrages, toutes les plus hautes enchères accordées aux artistes espagnols, à l’exception d’un résultat enregistré au cours de l’année 2014, lorsqu’une toile Juan Gris enterrait de près de 30 m$ les meilleurs pronostics chez Christie’s Londres. L’envol spectaculaire de cette œuvre intitulée Nature morte à la nappe à carreaux, datée 1915 et signée Juan Gris, tenait à sa qualité irréprochable, à son aboutissement dans les formes cubistes, à sa rareté et sa provenance irréprochable, car elle était issue d’une collection privée Suisse et vierge de tout passage antérieur en salle de ventes. Afin d’enterrer de 30 m$ une estimation, le marché fait inévitablement face à un joyaux que tout grand musée rêverait de posséder dans ses collections. Ainsi, depuis 10 ans, le maître Pablo Picasso a concédé une seule place à son compatriote Juan Gris, dans le Top 10 des meilleures enchères pour un artiste espagnol.

L’artiste le plus coté du monde

Le mythe Picasso fait plus que jamais recette et les chiffres sont étonnants. Au cours de l’année 2015, le marché des enchères a digéré 2 875 œuvres du maître, soit une moyenne quotidienne de huit Picasso vendus par jour, pour un montant global de plus de 650m$ (soit une progression annuelle de 49%). Picasso est redevenu l’artiste le plus convoité au monde devant l’Américain Warhol, leader du marché en 2014. La palme de ses enchères est aussi la palme de l’histoire du marché de l’art mondial, avec 179,3m$ déboursés le 11 mai 2015 pour une version du tableau Les Femmes d’Alger, peinte en 1955. Afin de donner quelque peu la mesure de ce résultat, précisons que cette œuvre fit mieux, en une dizaine de minutes d’enchères, qu’en un an de vacations en Italie, la sixième place de marché mondiale (169m$ de recettes en 2015).

L’art espagnol digéré par le marché anglosaxon

Qu’il s’agisse de chefs-d’oeuvre anciens ou modernes, les meilleures œuvres d’artistes espagnols ne profitent pas à leur marché national, car elles partent se vendre tantôt à Londres, tantôt à New York, où le marché est plus dynamique, et où le rythme des records bat son plein. Ainsi, sur la dernière décennie, le Top 10 des chefs-d’oeuvre d’artistes espagnols se partage équitablement entre les deux grandes capitales du marché occidentales, avec cinq résultats de part et d’autre. Sur le segment de marché le plus prestigieux, Christie’s et Sotheby’s paraissent être les seules sociétés de ventes capables de vendre des œuvres au prix le plus élevé. Par ailleurs, elles n’hésitent pas à prendre de lourds engagements financiers auprès des vendeurs, via leur système de garantie, pour obtenir la mise en vente de ces chefs-d’oeuvres.

Avec un ticket d’entrée à 40 m$ (Picasso, La Lecture, 1932) et un sommet à 179,3 m$ (Picasso, Les femmes d’Alger, 1955), aucune autre place de marché mondiale n’est capable de rivaliser à ces niveaux de prix. Rappelons que le marché de l’art espagnol représente 21 m$ d’oeuvres d’art vendues par an, soit peu ou proue la moitié du prix emportée parLa Lecture de Picasso, qui clôture le Top 10 décennal des artistes espagnols vendus aux enchères. Ce décalage irrattrapable ne s’arrête pas à la création moderne, car le constat est identique sur les autres segments de marché, notamment celui des maîtres anciens et de l’art espagnol du XIXème siècle.

En effet, les meilleures prix emportés pour des œuvres signées Diego Velasquez (1599-1660), El Greco (1541-1614), Jusepe de Ribera (1588/91-1652), Francisco Goya (1746-1828) ou Francisco de Zurbaran (1598-1664) reviennent en premier lieu à la place de marché londonienne, en second lieu à celle de New York. Leurs performances aux enchères sont sans appel : plus de la moitié du produit de ventes des œuvres de Ribera ou de Goya viennent de Londres, contre 21% à 29% pour New York. Reste une part congrue pour le marché Espagnol, souvent plus congrue encore que celle réalisée en France, un pays gourmand de grandes signatures espagnoles.